Amanda Seyfried y mène l'enquête cette semaine sur Max, quelques jours après la cavale de Brian Tyree Henry et Wagner Moura (sur Apple), et quelques années après Kate Winslet (sur HBO). Mais pourquoi la ville de Pennsylvanie est-elle ainsi représentée ?
Il y a une vingtaine d'années, c'est la ville de Baltimore qui était associée à la criminalité à la télé américaine. Parce que The Wire. Mais dans les années 2020, l'épicentre du crime s'est déplacé à une centaine de kilomètres au nord. Toujours sur la côte est américaine, la ville de Philadelphie et sa banlieue servent de plus en plus souvent de cadre à des histoires sordides, comme La Rivière des Disparues, qui vient de sortir sur Max.
Plus exactement, c'est Kensington, quartier au nord-est de la métropole, qui sert de toile de fond aux enquêtes de Mickey Fitzpatrick dans cette nouvelle série intense, où elle cherche sa soeur toxicomane et traque en même temps un serial killer qui s'en prend aux paumées du coin. "Ce coin de Philadelphie a été touché très durement par la crise des opioïdes" raconte Liz Moore, autrice du livre Long Bright River qui a inspiré la série, dont elle est aussi productrice. Première l'a rencontrée à Séries Mania où le show a été projeté en compétition officielle cette semaine, et Moore raconte à quel point le quartier est "vibrant, avec une histoire passionnante."

La star de La Rivière des Disparues est aussi originaire de la région. Amanda Seyfried a grandi dans la petite ville d'Allentown, au nord de l'Etat. "Mais même moi qui suis originaire de Pennsylvanie, je n'avais jamais entendu parler de Kensington avant de lire le livre Long Bright River", confie la comédienne révélée dans Veronica Mars. "Je n'y avais jamais mis les pieds avant de faire cette série et j'ai eu l'occasion d'y aller pour de vrai, en suivant une patrouille de police sur place, un jour, pour préparer le rôle. C'était saisissant. Ça m'a montré Philadelphie sous un autre jour. Parce que cette communauté fait peur. Tout le monde l'évite. Il y a beaucoup de drogue. Mais cette série offre une autre perspective et montre à quel point la communauté du coin se mobilise et se soutient. On montre tous les aspects, différentes histoires, et c'est une forme de respect envers ce quartier."

D'ailleurs, on retrouve dans la production pas mal d'habitants, qui ont été invités à participer à la série :
"On a tenu à leur laisser une place" reprend Liz Moore. Et on a eu de la chance, parce que bon nombre ont accepté cette invitation et sont venus sur le plateau. Certains ont joué des rôles plus ou moins importants, d'autres ont tagué des graffitis de Kensington sur nos décors en arrière-plan, d'autres sont venus jouer de la musique..."
Parce que La Rivière des Disparues n'a pas pu être tournée réellement à Kensington. "Ce n'était pas possible pour plein de raisons" explique Amanda Seyfried. "On a filmé à Brooklyn (New York), et l'équipe de production a transformé les quartiers du nord pour reproduire l'atmosphère de Kensington. On avait vraiment l'impression d'y être, sans y être. Toutes les équipes techniques ont vraiment bossé dur pour qu'on soit le plus authentique possible afin de représenter cette communauté. Kensington est vraiment un personnage à part entière dans la série".

C'est aussi comme cela que Peter Craig, le créateur et scénariste de Dope Thief, sur Apple, avait pensé Philadelphie. Ses deux voyous à la petite semaine, incarnés par Brian Tyree Henry et Wagner Moura "font partie de Philly" nous disait Craig il y a quelques semaines. "Ils sont loyaux envers la ville, pour ainsi dire. Au point où ils ont peur d'en partir... Partir, ce serait comme se couper un bras pour eux (...) J’adore la ville de Philadelphie. J’avais fait un peu la même chose avec Boston, quand j’ai écrit The Town pour Ben Affleck. Mais les quartiers de Boston ne sont pas vraiment aussi durs que ce qu’on montrait dans le film. Surtout aujourd’hui, où ils ont été largement gentrifiés. Philadelphie a résisté à ça. Elle reste égale à elle-même, quoi qu’il arrive, de manière un peu butée. C’est vraiment une cité avec du caractère, qui ne se laisse pas faire, qui affirme sa personnalité. C’est génial pour écrire des histoires".

Bien avant Dope Thief, c'est Mare of Easttown, évidemment, qui a remis la cité de Pennsylvanie sur la carte des séries criminelles (Easttown se trouve dans la banlieue nord-ouest). Mais les équipes de La Rivière des Disparues nient férocement toute filiation :
"Je pense que ce sont des séries fondamentalement différentes. Je pense que nous offrons un aperçu de la véritable Philadelphie avec une série très urbaine", assure Liz Moore, quand Amanda Seyfried parle carrément d'une "vision simpliste, pour ne pas dire feignante : tiens, il y a une femme flic qui enquête à Philadelphie, donc c'est comme Mare of Easttown ! Non, je crois que c'est une histoire différente !"
Et l'actrice de conclure : "Il y a de la place pour raconter des histoires différentes, même si elles se déroulent dans des endroits similaires. Je suis certain que La Rivière des Diparues est vraiment une histoire spéciale, parce qu'elle met en avant la compassion et la compréhension de l'autre, des gens marginalisés dont on a peur."
Les 8 épisodes de la mini-série sont déjà disponibles en intégralité sur Max en France.
Commentaires