Guide du 5 juin 2019
Les Bookmakers / The Jokers/ Pathé / Twentieth Century Fox France

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

PARASITE ★★★★☆
De Bong Joon-ho

L’essentiel
La Palme d’Or débarque en salles et confirme le statut de cinéaste vénère de Bon Joon-ho !

Bong Joon-ho aime les mélanges et l’impureté. Depuis plus de vingt ans, il fouille les poubelles de son pays pour les emballer dans des films enragés, punks et passionnants. Memories of Murder, entrelaçait le thriller et la chronique rurale en racontant la poursuite d'un tueur en série par une bande de flics de campagne consternants. The Host était un film de monstre qui faisait dans la satire politique, le mélo familial, le tract écolo warrior et la comédie. Mother ? Un drame familial construit comme un mille-feuilles avec une couche de mélo filial, une autre de métaphore sociale et une parabole psychanalytique comme glaçage.
Gaël Golhen

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PREMIÈRE A ADORÉ

ÊTRE VIVANT ET LE SAVOIR ★★★☆☆
D’Alain Cavalier

Ne l’appelez plus cinéaste. Depuis 2000 et son choix de ne plus tourner qu’avec sa seule petite caméra DV, Alain Cavalier se définit lui-même comme un « filmeur ». 50 % artiste, 50 % artisan, 100 % poète espiègle, il nous fait depuis partager son intimité (Le Filmeur) et celle des personnes qu’il a aimées (Irène) ou qui le passionnent (ses récents Six Portraits XL) avec une générosité malicieuse jamais démentie.
Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIMÉ

PIRANHAS ★★★☆☆
De Claudio Giovannesi

Après une demi-douzaine de films primés en festivals (dont l’excellent Fiore en 2016), Claudio Giovannesi semble avoir décidé de s’aventurer sur les traces de Matteo Garrone. Après avoir réalisé deux épisodes de la deuxième saison de Gomorra, le voici aux commandes de sa propre adaptation d’un roman de Roberto Saviano (auteur du roman dont est tirée la série). Une nouvelle plongée dans le quotidien de la mafia napolitaine mais cette fois à travers le prisme de la relève, ces gamins de 10 à 15 ans aspirant à monter très haut et très vite au sommet d’une hiérarchie dont ils dévorent tout cru des chefs historiques déjà bien mal en point. L’ombre de Garrone aurait pu être écrasante. Il n’en est rien. Certes, Piranhas n’a pas la même puissance que Gomorra. Mais dans ce genre à part que constitue le film de mafia, Giovannesi sait affirmer sa singularité. Conscient de la qualité du matériau qu’il a entre les mains (prix du scénario à Venise), il le porte à l’écran sans surenchérir inutilement. Nul besoin de caméra parkinsonienne pour traduire le feu intérieur qui consume ses personnages et cette victoire par KO du nouveau monde contre l’ancien, véritable cadavre à la renverse. Giovannesi pose au contraire les choses pour mieux souligner le charisme ravageur de celui (impressionnant Francesco Di Napoli) qui aspire à devenir le leader de cette bande sans autre loi que celle du plus malin et du plus fort. Il joue la carte du réalisme au lieu de la facilité d’une ultrastylisation de la violence. On n’avait donc pas encore tout dit sur la mafia...
Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

X-MEN : DARK PHŒNIX★★☆☆☆
De Simon Kinberg

La mutante Jean Grey se retrouve possédée par une force cosmique phénoménale, et la voilà devenue tellement puissante qu’elle menace la survie de l’humanité... L’histoire de Dark Phoenix a déjà été racontée dans X-Men : L’Affrontement finalen 2006, et c’était l’un des pires films de la X-franchise. Treize ans plus tard, avec le casting des « nouveaux » X-Men, ce n’est pas tellement mieux.
Sylvestre Picard

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L’AUTRE CONTINENT ★★☆☆☆
De Romain Cogitore

C’est un film qui débute comme une comédie romantique délicieusement exotique. La rencontre à Taïwan de deux expatriés : Maria (Deborah François, savoureuse), guide experte en néerlandais et Olivier (Paul Hamy, charismatique en diable) parlant 14 langues. Elle est aussi impatiente qu’il est timide. C’est donc elle qui fait le premier pas et les suivants. Toujours et encore elle qui permet la naissance d’une histoire d’amour puissante et profonde qui devra bientôt faire face à la maladie : la leucémie diagnostiquée chez Olivier. Et c’est précisément ici que le film trouve ses limites. Dans son incapacité à changer de braquet et à évoluer dans cet univers poétique, sensoriel, aux confins du fantastique auquel il aspire. En restant un peu trop terre à terre, L’Autre continent ne parvient pas à échapper au piège lacrymal et échoue à trouver sa singularité.
Thierry Cheze

FACE AU VENT 
★★☆☆☆
De Meritxell Colell

Après des années d’exil en Argentine où elle exerce la danse, Monica revient dans la maison familiale, près de Burgos, en Espagne, où son père vient de s’éteindre. Sur place, elle renoue un lien partiellement défait avec sa soeur et, surtout, avec sa mère, qu’elle va aider à vendre la maison... Avec un sens infini du détail (un brossage de cheveux affectueux, des parties de cartes complices...), la réalisatrice décrit des rapports familiaux compliqués, taiseux, peu démonstratifs, à l’origine d’un malaise perceptible mais jamais criard. Cette pudeur affichée, cette retenue, finissent par se retourner contre le film qui tire rapidement à la ligne. Il aurait gagné à être beaucoup plus resserré et à nous épargner notamment les sempiternelles scènes de danse libératrices.
Christophe Narbonne

SALAUDS DE PAUVRES 
★★☆☆☆
De Patrice Leconte, Christophe Alévêque, Sophie Forte...

Douze sketches réalisés par douze auteurs différents sur le thème de la pauvreté. Parmi les signatures connues : Patrice Leconte, Sophie Forte, ou encore Christophe Alévêque. L’ensemble est porté par un humour vache inégal qu’incarne notamment Alévêque, réalisateur du très mauvais Parlons-en, parodie de débat télévisé sociétal tournant au vinaigre, et acteur du rigolo Le Greffé, sur un homme riche et malade, exploitant la misère du tiers-monde pour se faire transplanter des organes. Le décalage et la méchanceté sont au programme de ce projet – monté par un producteur qui, ayant connu la précarité, préfère en rire qu’en pleurer. On en retient 115 Bonsoir de GiedRé (portrait amer de la solitude et de la maladie mentale des SDF) et Le Cadeau de Charles Dubois(peinture féroce de la lutte des classes).
Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

LES PARTICULES ★☆☆☆☆
De Blaise Harrison

Que se passe-t-il quand l’accélérateur de particules le plus puissant du monde se trouve à deux pas du lycée où une bande de potes vit sa dernière année avant de partir à la fac ? Eh bien, pas grand-chose si l’on en croit les 98 interminables minutes de ce premier long métrage qui, arrivé à son terme, donne l’impression de n’avoir jamais vraiment commencé. L’ambition affichée de Blaise Harrison de mêler naturalisme et dérèglement progressif du réel, univers de teen movies et trip psychés à la Ken Russell finit vite écrasée par le poids des références et des symboles (l’accélérateur de particules comme ce moment où tout change et s’accélère avant le passage à l’âge adulte, on a compris, merci !). Et la beauté poétique de certaines de ses images (très beau travail du chef op Colin Lévêque, quelques mois après Pearl) se retrouve noyée sous un océan d’ennui abyssal.
Thierry Cheze

 

Et aussi
L’enseignante de Denis Dercourt
Le chant de la couleuvre – Lac noir d’Emmanuel Raquin-Lorenzi
Le miracle de Berne de Sönke Wortmann
Lucie, après moi le déluge de Sophie Loridon
Ma de Tate Taylor
Palmier de Monika Borgmann

 

Reprises
La Cité de la Peur de Alain Berberian
La maison de la mort de James Whale
Le franc-tireur de Jean-Max Causse
Viva Nanni ! de Nanni Moretti (Rétrospective)