Les ajouts numériques sont aussi nombreux que dans sa série Mindhunter.
En 2017, une vidéo décryptant les effets spéciaux ''invisibles'' de Mindhunter, la série sur les serial killers en partie réalisée par David Fincher, avait surpris ses fans, qui n'imaginaient pas qu'un tel programme demandait autant d'effets en numérique. Rebelote cette année avec Mank, son film en noir et blanc toujours produit par Netflix, qui a demandé beaucoup de retouches, comme on peut le constater dans ce montage très bien fait :
Ajouts d'éléments de décor (bâtiments, arbres, vitraux, lustres...), de nuages, de lumières, etc. Les retouches sont importantes, et globalement plus visibles que dans la série. Le choix du noir et blanc et cette multitude de VFX accentuent volontairement le côté artificiel de la reconstitution du Hollywood des années 1930 par le réalisateur de Seven et de Fight Club, comme nous le soulignons dans notre critique : "C’est un empire du faux, dont Mank va essayer de dire la vérité par la fiction. Fincher lui-même a pensé son film comme un faux, une pure illusion d’optique. Ren Klyce, le concepteur des effets sonores du film, explique : « David m'a dit qu'il voulait que Mank soit un film qu'on aurait retrouvé sur une étagère, juste à côté de Citizen Kane. On se serait demandé de quoi il s'agit, on l'aurait dépoussiéré et on l'aurait regardé ». Epousant le langage visuel des films des années 30-40, avec fausses « brûlures de cigarettes » pour indiquer les changements de bobines, Mank entend procurer un feeling analogique, ouvertement nostalgique, comme Ed Wood, The Good German ou The Artist avant lui. Sauf que Fincher, fidèle à ses habitudes de grand sorcier du numérique, a triché, shootant le film en digital pour ensuite mieux manipuler l’image en post-prod et lui conférer cette chaleur old-school, plaisante certes, mais au fond complétement factice. Une manière d’aller contre un certain passéisme en vogue à Hollywood (à ce titre, c’est l’anti-Tarantino) et contre la génuflexion systématique du cinéma américain à l’égard d’un passé mythifié (voir les films actuellement en préparation sur les tournages de Chinatown et du Parrain). C’est aussi, sans doute, la démarche esthétique la plus logique quand on fait un film sur une époque où le show-business a compris qu’il pouvait tordre la réalité à son bon vouloir, et faire dire ce qui lui chantait aux actualités filmées. Le glacis fétichiste et un brin narquois dans lequel baigne le film empêche parfois de s’y perdre avec autant de délice qu’on aurait voulu." (la suite est à lire ici)
Sept choses à savoir sur Mank, le nouveau David Fincher
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