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Londres, avril 2008. Sachant qu’il ne sera probablement pas disponible pour assurer la promotion du Prince de Sang-Mêlé, Daniel Radcliffe profite d’une pause, un mois avant la fin du tournage, pour rencontrer un panel de journalistes. À ce moment-là, la sortie du film est toujours prévue pour novembre 2008. Quelques semaines plus tard, Warner la décalera au 15 juillet 2009 pour des raisons stratégiques : ce sixième épisode de la saga Harry Potter sera sans doute le titre le plus fort du studio pour l’été 2009. Rappelons que, depuis le premier film, la franchise a cumulé 4,5 milliards de dollars de recettes dans le monde. Les réalisateurs se sont succédé, mais le dernier d’entre eux, David Yates, aura réalisé les épisodes 5, 6, 7 et 8 (le septième livre, Les Reliques de la mort, actuellement en tournage, sera adapté en deux parties). Pour l’heure, Daniel Radcliffe évalue le groupe, en majorité composé de femmes. Très à l’aise, il joue de l’excitation qu’il suscite pour la retourner à son avantage, désamorçant avec une fausse candeur et un soupçon d’ironie les sujets frivoles (« ne jamais mettre la langue pour embrasser sa partenaire »). Sous des dehors exubérants, son discours est contrôlé même s’il le délivre avec un débit hyper rapide. Peut-être est-ce dû aux quantités colossales de Coca light qu’il ingurgite. Il assume, tout en racontant l’histoire d’un policier de l’Arkansas qui emporte toujours avec lui deux bouteilles de deux litres de Coca light « pour laver le sang sur la route ». Quiconque a lu le livre sait que dans Le Prince de Sang-Mêlé, un personnage important meurt. Radcliffe commente cette séparation : « J’aime le personnage, tout comme j’aime l’homme qui l’incarne, et je suis triste à l’idée de moins le voir à l’avenir. » La même chose s’était produite à la mort de Sirius Black, joué par Gary Oldman. « J’ai adoré travailler avec Gary, qui a été un mentor pour moi. » Radcliffe était si attaché à Oldman qu’ils sont restés en contact. SANG POUR SANG-MELE Dans ce sixième film, qui jouera plus sur l’émotion et la nuance, l’acteur a été moins sollicité physiquement que par le passé. Mais une expérience étrange et inédite lui reste en mémoire. « Dans la séquence finale, une fée m’entraîne vers les profondeurs, explique-t-il. Pour représenter les quantités de mains qui m’agrippent de toutes parts, les gens des effets spéciaux ont fabriqué un écran bleu en latex qu’ils ont tendu entre deux piliers sur environ cinq mètres de large. Derrière, une vingtaine de personnes faisaient ressortir leurs mains à travers le latex tandis que deux acteurs en costume bleu m’attrapaient et me poussaient. Lorsque je tombais, les autres me retenaient. Ils ont appelé ça le “toboggan de Cumbrie” car le type qui l’a inventé est originaire de cette région. » Après Harry Potter, Radcliffe a de quoi voir venir. Grâce à la saga, il est devenu l’un des Anglais les plus riches de son âge et peut se permettre d’être exigeant face aux propositions qui lui sont faites. Il parle avec beaucoup d’enthousiasme d’un projet de biographie du photojournaliste Dan Eldon. Et aimerait beaucoup jouer un méchant, pour changer. Gérard Delorme.