MARS FILMS / Twentieh Century fox / pathé distribution

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT
 

LE BRIO ★★★☆☆ 
De Yvan Attal

L’essentiel
Un an après le discordant Ils sont partout, Yvan Attal propose une comédie de réconciliation. On préfère.

En 2016, Yvan Attal était vénère. En attestait Ils sont partout, sa comédie corrosive, parfois embarrassante, sur la résurgence de l’antisémitisme en France. En 2017, ça a l’air d’aller mieux. Pourtant, Le Brio commence mal, par la présentation d’un personnage odieux de prof de droit à Assas, réac et islamophobe, qui humilie en public une étudiante issue d’une cité. Devant les réactions unanimement outrées et la menace d’une exclusion, Pierre Mazard est forcé de prendre la farouche Neïla Salah sous son aile pour la préparer au concours d’éloquence annuel. 
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A AIMÉ

WESTERN ★★★★☆
De Valeska Grisebach

Dans le rôle des cow-boys, une équipe d’ouvriers allemands. Dans le rôle des Indiens, des villageois bulgares établis à proximité du chantier. Dans celui du paysage, les stupéfiantes montagnes arrosées de lumière qui bordent la frontière entre Bulgarie et Grèce. Sourde à la tradition parodique de ses voisins italiens, Valeska Grisebach ose un retour aux sources du western, n’oubliant ni le héros taiseux au passé fragmentaire (Meinhard Neumann, Mitchum teuton taillé à la serpe), ni les chevaux à apprivoiser comme métaphore du lien entre homme et nature, ni la partie de poker tournant au malaise, ni le nuancier de gueules burinées par la vie.
Michaël Patin

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LA EDUCACIÓN DEL REY ★★★★☆
De Santiago Esteves

Reynaldo, un jeune cambrioleur, est recueilli par un convoyeur de fonds proche de la retraite. Mais Reynaldo est menacé par ses employeurs, une bande de flics ripoux... Le titre est transparent : il s'agit évidemment de faire l'éducation de Rey ("roi" en espagnol) comme un prince, et le film s'envisage ainsi comme le prologue d'une vie d'adulte forcément violente. Le réalisateur Santiago Esteyes (qui adapte sa série télé éponyme pour son premier film) parvient à équilibrer son film entre polar réaliste argentin -la description subtile de l'obsession sécuritaire des banlieues résidentielles semble juste- et la relation de maître à élève entre les deux héros. A ce titre, Germán Silva est splendide en père putatif, tireur d'élite qui enseigne à Rey les subtilités du tir au revolver, comme un vieux samouraï qui ne retrouvera de sens à la vie qu'à travers l'éducation d'un fils. Esteyes est un cinéaste à suivre, et La Educación del Rey est à voir.
Sylvestre Picard

PREMIÈRE A PLUTÔT AIMÉ

BATTLE OF THE SEXES ★★★☆☆
De Valerie Faris

Un duel grand-guignolesque opposant une femme très pro à un vieux misogyne drogué aux médias, ça ne vous rappelle rien ? Si le spectre des dernières élections américaines flotte sur Battle of the sexes, le film nous parachute en 1973, sur un court de tennis : féministe engagée, la championne Billie Jean King répond favorablement au défi lancé par Bobby Riggs, ancienne gloire qui prétend pouvoir battre n'importe quelle joueuse malgré ses 55 ans.  
Éric Vernay

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MARVIN OU LA BELLE ÉDUCATION ★★★☆☆
D’Anne Fontaine

En finir avec l’ambiguïté : le nouveau film d’Anne Fontaine n’est pas l’adaptation littérale du best-seller d’Eddy Louis mais une source d’inspiration parmi d’autres –la réalisatrice et son coscénariste, Pierre Trividic ont aussi puisé dans l’œuvre autobiographique d’Annie Ernaux et dans Retour à Reims de Didier Eribon. Pour les profanes, rappelons que le bouquin de Louis évoquait le parcours douloureux d’un jeune provincial issu d’un milieu pauvre que ses “manières efféminées” avaient transformé en pestiféré aux yeux des autres, en premier lieu à ceux de sa famille. 
Christophe Narbonne

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THELMA ★★★☆☆
De Joachim Trier

On sait depuis Dreyer et Bergman que les cinéastes nordiques sont des taiseux travaillés par les questions afférentes à la condition humaine en général, la religion et les mythes. Pour Joachim Trier, leur lointain successeur, la question est de savoir comment s’y prendre avec les autres pour éviter de sombrer tout seul. Après Oslo, 31 août et Back home, le cinéaste norvégien continue de creuser la thématique de la solitude en l’inscrivant cette fois dans un cadre résolument fantastique. Qui est donc cette Thelma, jeune étudiante neurasthénique que ses parents inquiets appellent tout le temps ? Aurait-elle un pouvoir sur les éléments ? En quoi son attirance pour la belle Anja représenterait-elle un danger ? Est-elle un ange ou démon ? À la façon d’un Brian de Palma dans Carrie au Bal du Diable, Trier distille les infos au compte-gouttes, introduit progressivement une famille dysfonctionnelle (malgré un contrôle affiché), spéculant sur les attentes des spectateurs et sur leurs propres angoisses. Thelma est un film de maniériste (c’est un compliment), sûr de ses effets (ils sont très réussis) et tellement conscient de son efficacité que les coutures en sont grossièrement apparentes pour quiconque connaît son Polanski ou son Shyamalan sur le bout des photogrammes. Thelma possède pourtant un je-ne-sais-quoi de sophistication vénéneuse, une forme d’ambiguité retorse (en large partie redevable à la gracile Eili Harboe) qui le rendent très fréquentable.
Christophe Narbonne

ARGENT AMER ★★★☆☆
De Wang Bing

Chroniqueur avisé et implacable de la Chine contemporaine, Wang Bing raconte ici un exil : celui de la population da la province du Yunnan (que le documentariste a déjà filmé dans Les trois sœurs du Yunnan) vers la ville d’Huzhou, à l’Ouest de Shangaï. Un vrai- faux eldorado où leurs frêles espoirs vont se fracasser sur la réalité de leur nouveau quotidien, entre travail épuisant dans de petites usines de confection et impossibilité d’entrevoir ne serait- ce qu’une opportunité de s’en échapper. Wang Bing a filmé pendant 2 ans les trajectoires de plusieurs de ceux et celles qui vont ainsi récolter cet argent amer, qui donne son titre au film. Sans commentaire ni voix- off, celui- ci impressionne par la capacité de son auteur à plonger dans leur intimité, toujours à bonne distance. A saisir des scènes d’une violence morale voire physique inouïe (cette femme qui se fait violenter par son époux car elle refuse de partir tant qu’il ne lui donne pas l’argent indispensable à sa simple survie) sans paraître voyeur. Sa méthode ? Privilégier le temps long pour mieux faire ressentir ce qu’endurent ces chairs à canon de l’économie chinoise. Quitte à ce que le spectateur décroche de temps à autre. L’ensemble délivre en tout cas un témoignage indispensable sur ce pays encore aujourd’hui très opaque.
Thierry Cheze

 

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

MAZINGER Z ★★☆☆☆
De Junji Shimizu

Si beaucoup en France gardent un souvenir ému des aventures d’Actarus et de son robot Goldorak, seuls les plus passionnés savent qu’il s’agit en fait de la troisième série animée inspirée de l’oeuvre du Japonais Go Nagai. Une saga qui a commencé avec Mazinger Z, s’est poursuivie avec Great Mazinger et a trouvé sa conclusion dans UFO Robot Grendizer, alias Goldorak dans l’Hexagone. Le film animé Mazinger Z revient donc aux sources avec un scénario qui fait suite à la série originale : dix ans après avoir sauvé la Terre du maléfique Dr Hell, Kôji Kabuto (Alcor) a suivi les traces de son grand-père et est redevenu scientifique. Il découvre une structure gigantesque profondément enterrée sous le mont Fuji et détecte des signes de vie… Le robot géant va devoir retourner au combat. Très impressionnant dans ses scènes d'action (les bastons de méchas sont à tomber par terre) et plutôt convaincant visuellement avec son mélange d'animation 2D et 3D, Mazinger Z se casse les dents sur son scénario assez confus. Un mélange de questionnements métaphysiques et de SF bon marché venus d'une autre époque, truffé de références à des personnages et à un univers qui laisseront de marbre les non-initiés. Difficile maintenant de ne pas rêver d'un long-métrage dédié à Goldorak, totalement absent de Mazinger Z.
François Léger

 

PREMIERE N’A PAS AIMÉ

LA LUNE DE JUPITER ★☆☆☆☆
De Kornél Mundruczó

Prix Un Certain Regard en 2014 pour son éprouvant White Dog, Kornél Mundruczó attendait son heure pour participer à la grande compétition officielle cannoise. Cela a été chose faite avec son dernier film, qui n’est pourtant pas le plus réussi mais le plus ambitieux sur le papier. 
Christophe Narbonne

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MADAME ☆☆☆☆☆
D’Amanda Sthers

Mais que diable sont- ils allés faire dans cette galère ? C’est au final la seule question qu’on se pose, une fois arrivé péniblement au terme de cette deuxième réalisation d’Amanda Sthers. De quel type étrange d’hallucination collective ont pu souffrir Harvey Keitel, Toni Collette et Rossy De Palma pour accepter le scénario de ce Madame ? Dès le plan d’ouverture où le duo Keitel- Collette évolue sur un Vélib’ au cœur de la capitale, tout sonne faux. Et rien ne viendra modifier cette première impression tout au long de ce récit centré sur un drôle (dans tous les sens du terme) de malentendu. L’invité d’un couple de fortunés américains tombe amoureuse de la bonne – invitée à table pour éviter de s’y retrouver à 13 ! – en pensant qu’elle appartient à la noblesse espagnole. S’en suit un catalogue de stéréotypes sur les relations entre grands bourgeois et modestes domestiques, les différences culturelles entre Français, Américains et Anglais à grand coup de situations ennuyeuses à périr et de rebondissements éculés. Un objet cinématographique stupéfiant.
Thierry Cheze

ICE MOTHER ★☆☆☆☆
De Bohdan Slama

Hana, 67 ans, n’a jamais vécu pour elle. Veuve, elle se décarcasse pour ses deux fils, qui ne peuvent pas se sentir et qui ne lui montrent aucune reconnaissance. Le jour où elle rencontre Brona, vieux nageur en eau glacée, elle sent un renouveau possible. Rien ne nous est épargné dans cette chronique de la médiocrité où tous les personnages sont affreux, bêtes et méchants à l’exception de l’héroïne sacrificielle qu’on a envie de secouer. La métaphore du dépassement et de la maîtrise de soi, via les séquences de baignade, ajoute au caractère douloureusement pontifiant du film.
Christophe Narbonne

 

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Reprises
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Bienvenue Mr Marshall de Luis Garcia Berlanga