Toutes les critiques de Viendra le feu

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    Oliver Laxe aime la nature, du moins se repose-t-il sur elle pour essayer d’en puiser la part sacrée. Dans Mimosas, le Haut Atlas marocain devenait un territoire mythologique. Le même ensorcellement ne tarde pas à se mettre en place dans Viendra le feu, où des plans de nuit d’une forêt majestueuse mettent d’emblée le spectateur face à plus grand que lui. La main de l’homme ne tarde pas à briser cette nature souveraine. Dans un raccord parfait, on distingue bientôt un épais dossier qui circule de main en main. En voyant ces piles de papier, on pense à ce bois tout juste sacrifié. En off, on apprend que s’apprête à être libéré un homme accusé d’avoir provoqué un incendie dans la montagne galicienne où il habite seul avec sa mère. Ce retour au bercail a quelque chose de puissant et troublant. Une musique d’opéra dramatise ce moment. Oliver Laxe va suivre ce difficile retour au monde. Nous sommes dans un village au milieu des montagnes, retiré de tout. Le supposé pyromane retrouve sa mère, une vieille paysanne qui accueille cet enfant un peu maudit avec amour et tendresse. La parole est rare, les gestes mesurés. La caméra d’Oliver Laxe ne brusque rien. Elle observe, scrute, révèle. Des plans larges viennent rappeler la puissance de ce qui nous entoure. Le protagoniste est lentement adopté par la communauté malgré les provocations de quelques-uns. Il peut même espérer un peu d’amour autre que maternel, mais comme l’annonce le titre, viendra le feu qui recouvrira la vallée, laissant les hommes démunis, et l’homme que tout accuse obligé de baisser la tête à nouveau. Puissant.