Toutes les critiques de Tout est pardonné

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sophie Grassin

    Avec Tout est pardonné, Mia Hansen-Love signe un premier long métrage lumineux et poignant sur la famille, l'appartenance, la détresse d'un homme et l'héritage spirituel que ce dernier peut vous léguer. Un film où la maîtrise le dispute à la fluidité, le froid de l'hiver au soleil de l'été.

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Jacques Morice

    C’est dans un calme singulier que les sentiments sont mis à nu. Un calme intemporel – même l’image du shoot d’héroïne dans le bras de Victor échappe à la dramatisation. Un cycle est à l’œuvre, quatre chapitres associés à quatre saisons. Le déclin de l’automne et le gel de l’hiver pour le père ; l’espérance du printemps et la pleine maturité de l’été pour Pamela.

  2. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    Le récit essentiel qui en résulte, selon une trame lacunaire qui s'accorde elle-même à la conscience subjective et parcellaire qu'en ont les personnages. L'extraordinaire justesse enfin des acteurs qui incarnent ces personnages, depuis Paul Blain (Victor) jusqu'à Constance Rousseau (Pamela adolescente), justesse d'autant plus grande que ce film ne juge pas ses personnages mais se nourrit des raisons de chacun.
    Le reste, qui est sans doute l'essentiel, tient au sentiment qui a inspiré ce récit à Mia Hansen-Love, où il entre autant de lucidité que de beauté, mais de cette sorte de beauté qui est la plus rare : celle de l'âme.

  3. Le JDD
    par Alexis Campion

    Filmé avec délicatesse et dirigé avec brio, ce premier film distille une lumière singulière, à la fois pure et contrastée: celle du temps qui passe et des âmes qui imprègnent. Il saisit aussi, sans juger ni pousser le trait, la difficulté intérieure de chacun.

  4. Fluctuat

    A la recherche d'une signature pour son premier long-métrage, Mia Hansen-Løve est passée à côté de son film. Elle ne fait guère illusion tant la pudeur et la sensibilité de Tout est pardonné semblent aussi artificielles qu'empruntées. A force de poursuivre la transparence, parfois on trouve le flou.
    - Exprimez-vous sur le forum cinémaC'est beau le flou, mais pas facile à filmer. Comme la pudeur, sans doute la plus grande qualité qu'on puisse trouver au cinéma, mais une des plus dur à faire exister en image. Du coup lorsqu'on essaie de faire reposer un film dessus, on risque vite de ne pas se confronter à son sujet, à sa caméra, son histoire, tout ce que vous voudrez. D'autant que le flou parfois devient vite une manière de ne jamais faire son film, d'être dans la tentative, un peu comme Olivier Assayas qui systématiquement essaie de faire du cinéma. Vous nous voyez venir, Assayas, Mia Hansen-Løve, et le tour est joué. Non, on ne va pas faire dans le people, ce serait un mauvais procès, même si faut bien reconnaître une filiation indéniable, comme un cercle, une famille. Inutile de rappeler non plus que Mia Hansen-Løve a écrit aux Cahiers, ça ne dirait rien sur son film et c'est pas ce qui permettrait de la situer. Non évidemment, et puis ça n'intéresse personne. Parlons donc de Tout est pardonné, ce grand film involontairement flou qui mise sur la pudeur pour mieux s'éviter d'avoir à filmer quelque chose.Qu'est-ce que ça raconte ? Pas grand chose. On vous dira que c'est déjà beaucoup et que le silence, son économie, c'est ce qui fait la grandeur de ce film qu'on trouve plutôt minuscule. C'est méchant ? Soyons plus délicat. Tout est pardonné tente avec élégance et sensibilité de filmer une histoire romantique sur l'impossibilité d'être dans son temps. Trop théorique ? Reprenons. Le premier film de Mia Hansen-Løve raconte en deux temps l'histoire de Victor (Paul Blain), un écrivain devenu junkie, sa femme Annette et leur fille Pamela. Premier temps Vienne en 1995 puis Paris, deuxième onze ans plus tard à Paris puis en Corrèze. Pendant la première période, on suit surtout Victor, son enfermement, sa fuite dans la dope, son incapacité à s'adapter au monde, sa crainte des responsabilités, l'implosion de sa famille à laquelle il assiste impuissant alors qu'il en est l'auteur. Victor est un peu une figure d'éternel adolescent par son incapacité à s'impliquer dans les choses, même auprès de ceux qu'il aime et qu'il laisse partir, aveuglé par ses problèmes. La seconde période se concentre sur Pamela, dix-sept ans (Constance Rousseau, on est fan), son cadre de vie, ses proches, et ses retrouvailles avec son père sur lequel sa mère a menti. Leur première rencontre est d'abord silencieuse, pudique, gênée, la seconde plus bavarde et se poursuit par une correspondance.Tout est pardonné procède par tâtonnement, il veut effleurer plutôt que définir. En ne cherchant jamais à s'enfermer dans une description psychologique de ses personnages, Mia Hansen-Løve préfère donc conserver un naturel qui traduirait de lui-même les situations sentimentales et existentielles. Elle cherche la délicatesse tout en tentant de faire tenir sur une même ligne émotionnelle la joie et la tristesse, l'espoir et le désespoir. Le titre le souligne de lui-même, le film s'inscrit dans le temps, il raconte l'histoire d'une réconciliation sourde mais tranquille, teintée de nuances censées exprimer la nature complexe des sentiments et de la vie. Sauf que voilà, on cherche encore le début d'une scène où Mia Hansen-Løve se risquerait à filmer. Sa volonté de distance ou de transparence autoproclamée invite à suivre son film d'une humeur égale. Certaines scènes se terminent sans avoir commencé, la caméra batifole sans savoir où aller, les plans inutiles ne se comptent plus, le charisme des acteurs est supposé aller de lui-même (on aime Paul Blain mais faut pas exagérer) et finalement heureusement que la dernière période laisse entrevoir le début de quelque chose sinon il n'y aurait rien. On passera sur une vision du monde très centrée (on bosse tous dans la culture et l'actualité c'est "jacques chirac" rec="0" dans Le Monde) tant le film s'enferme avec maladresse dans son univers et des hésitations transformées en parti pris.Le problème de Mia Hansen-Løve, c'est qu'elle s'évapore devant son sujet et son histoire. Elle se laisse tenter par une coquetterie stylistique qu'elle espère accaparer pour en faire sa signature. Mais sans Paul Blain et Constance Rousseau, son film s'effondre par sa platitude, son ton récitatif emprunté, ses dialogues insignifiants et son récit inégal (sauf lors des retrouvailles entre Victor et Pamela). A force de ne pas vouloir trop décrire les personnages, la plupart deviennent de simple figurants condamnés à donner l'illusion d'une vague réalité supposée traduire un regard sur les choses qu'on peine à trouver ailleurs qu'entre les lignes du scénario. Voilà pourquoi nous évoquions le flou, en laissant les choses en creux et dans un silence pudique qui éviterait de trop accentuer les contours, Mia Hansen-Løve nous met devant un film qui s'invente des excuses pour combler son vide narratif. On aurait aimé éviter aussi d'y voir une caricature, mais il est difficile d'en sortir tant le film ne comble que rarement ses faiblesses mal dissimulées. Et puis, on n'aime pas la fin, gratuite, facile, presque vulgaire.Tout est pardonné
    De Mia Hansen-Løve
    Avec Paul Blain, Constance Rousseau, Marie-Christine Friedrich
    Sortie en salles le 26 septembre 2007
    Illus. © Pyramide Distribution
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