Toutes les critiques de Roulez jeunesse

Les critiques de Première

  1. Première
    par Damien Leblanc

    Ce premier long métrage dévoile un Éric Judor particulièrement émouvant en père de substitution.

    Plus encore qu’un savant art du twist, le premier film de Julien Guetta manie tout au long de son récit de sensibles et inspirées ruptures de ton. L’histoire d’Alex, dépanneur automobile qui travaille dans le garage de sa mère, démarre comme une comédie générationnelle haute en couleur sur un « adulescent » contraint de passer ses journées à bord de sa dépanneuse. Vive et enlevée, la narration dessine un amusant personnage de quadra immature. Puis, le destin d’Alex bascule vers un registre plus mélodramatique quand ce grand égoïste se retrouve contre toute attente avec trois enfants abandonnés sur les bras. D’abord obsédé par sa tranquillité, notre héros se voit peu à peu acculé et poussé dans ses retranchements.

    De plus en plus poignant

    Au fur et à mesure que le protagoniste évolue sous nos yeux, le film pénètre à son tour un terrain cinématographique de plus en plus social et poignant. Toujours rythmé et lumineux (la photo diurne maintient constamment le récit dans une atmosphère estivale), le projet change pourtant d’ampleur en traitant les motifs de la famille et de la filiation de manière bien plus directe que prévu. Et cette aventure de finir, grâce à sa remarquable direction d’acteurs, par tordre le ventre et serrer le coeur. Au sein de cet équilibre miraculeusement trouvé entre rire et larmes, Éric Judor excelle et surprend. La quête d’Alex paraît en effet progressivement devenir celle du comédien, capable ici d’assumer le drame et d’exprimer sa sentimentalité dans des proportions jusqu’alors inédites.

  2. Première
    par Thierry Chèze

    Certes, la trame des Cadors peut paraître usée. L’histoire de deux frères que tout oppose : l’un rangé, marié, deux enfants, conducteur de bateaux ; l’autre, tonitruant, célibataire, chômeur et bagarreur pour peu qu’on dise du mal de son idole Renaud. Certes, on se doute d’emblée que chez l’un comme chez l’autre les apparences sont trompeuses, et que le plus solide des deux aura besoin de celui qui a toujours rêvé d’avoir une famille sans jamais avoir eu le courage de fonder la sienne pour que lui et les siens s’en sortent. Oui, on sait tout ça et pourtant dans ce deuxième long de Julien Guetta après Roulez jeunesse, on s’en moque. Parce qu’on prend un vrai plaisir à les voir retisser des liens au fond jamais détruits. Mais surtout grâce à l’alchimie entre ses deux interprètes, Grégoire Ludig et Jean- Paul Rouve, jouant sans cesse l’un avec l’autre, l’un pour l’autre et empêchant le film de s’abîmer dans le larmoyant facile.