Toutes les critiques de Les ames perdues

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    L'Amérique manque parfois cruellement d'imagination. Reprenant les succès d'hier, elle les passe dans le shaker de la mode actuelle et, comme par magie, elle nous ressort un film au fade goût de déjà vu.
    Ainsi récemment, Family Man et Shaft sévirent sous nos yeux ébahis et pour notre plus grand désarroi. Les Âmes Perdues est atteint du même syndrome. Un peu d'Exorciste, un peu de Damien, des images empruntes d'une lourde esthétique gothique, voilà son fond de commerce.Tout commence dès le générique. Les lettres en noir et blanc défilent de droite à gauche sur fond de gouttes qui tombent et résonnent dans une ambiance grossièrement tordue. Telle une pub pour la psychose moderne, il suggère déjà un mal-être latent dans une société en décadence. Malheureusement, la pub est bonne et pendant 1h30 nous aurons droit aux pires clichés diaboliques : grossier et prévisible, le scénario nous emmènera dans les sombres arcanes de l'éternel combat entre le bien et le mal. Quand Dieu et le Diable se rencontrent dans un match mystique… devinez qui gagne ?Un dangereux criminel en série, enfermé dans une cellule de sûreté, est atteint de graves crises de delirium. Un prêtre y décèle l'oeuvre du malin et entreprend de l'exorciser avec l'aide d'une jeune fidèle ex-diabolisée mais toujours un peu névropathe, j'ai nommé Winona Ryder. Grâce à ces attitudes bien connues, à sa façon empruntée de tirer sur sa cigarette, la comédienne incarne encore à merveille la rebelle révoltée de constater que le monde est toujours aussi pourri.Si la séance d'exorcisme est interrompue en plein milieu par le personnel carcéral inquiet d'entendre des cris de toutes sortes, la jeune fille parvient néanmoins à subtiliser le cahier du détenu rempli de signes. Ces signes se révèlent être un code qu'elle déchiffrera seule dans son appartement, la télévision allumée en bruit de fond. Parce qu'elle est une enfant de Dieu, elle découvre le nom du mortel qui sera la réincarnation du Diable. Cet homme, écrivain de renom, spécialiste des tueurs en série, invité des plateaux de télévision, sera contacté par la sauveuse Winona. Ensemble, ils vont tenter de déjouer le destin… Passionnant !La vulgarité du scénario équivaut à la lourdeur de la réalisation. Les images jaunies, les cadrages obliques, les focales courtes qui distordent les objets filmés, les ralentis pesants et les regards insistants sont autant d'éléments épuisants pour les pauvres spectateurs que nous sommes. Autrement dit, on peut vouloir commencer l'année cinématographique avec ce genre de "plus pire", on est certain que la suite sera meilleure !Les Âmes perdues
    Réal. : Janusz Kaminski
    Avec : Winona Ryder, Ben Chaplin, John Hurt
    USA - 2001 - 1h35