Toutes les critiques de Boy Erased

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    Révélation de Manchester by the Sea, Lucas Hedges est devenu en une poignée de films le visage officiel de l’ado « à problèmes » dans le cinéma américain contemporain. Après Ben is back, où il était le fils junkie de Julia Roberts, et en attendant 90’s de Jonah Hill, le 24 avril, dans lequel il incarne un jeune homme fruste et violent, il joue dans Boy Erased un homosexuel de 19 ans envoyé par ses parents, pieux et puritains, dans un centre de réorientation sexuelle, où d’autres jeunes gays sont coachés pour rentrer dans le droit chemin de l’hétérosexualité. Oui, ça glace le sang. Le film est inspiré de l’autobiographie de Garrard Conley, qui a subi ces horreurs pour de vrai, et cherche à attirer l’attention du grand public sur l’existence de ces centres – il en existe actuellement dans 36 États américains, nous apprend un carton du générique de fin. Les scènes de « rééducation » elles-mêmes sont vraiment effrayantes, portées par la performance habitée de Joel Edgerton, qui se met lui-même en scène en prédicateur homophobe (imaginez le sergent instructeur de Full Metal Jacket avec la tête de Ned Flanders des Simpson). Mais Edgerton le réalisateur, lui, s’égare dans une construction chronologique ultra alambiquée, faisant des sauts de puce dans le passé et le futur de son protagoniste, une structure qui voudrait se donner des airs virtuoses mais ne fait qu’alourdir et compliquer un propos simple (« Ces gens sont dingues ! Arrêtons- les ! »), qui aurait tout gagné à être envisagé comme un uppercut plutôt que comme un drame familial feutré.