MONSIEUR HIRE de Patrice Leconte
PRODUCTION / CINEA / HACHETTE PREMIERE ET CIE

Cette adaptation de Georges Simenon signée Patrice Leconte en 1989 est à l’honneur ce soir de Place au cinéma, présenté par Dominique Besnehard sur France 5

La troisième adaptation des Fiançailles de Monsieur Hire

Monsieur Hire met en scène un homme solitaire, dérangeant, coupable en apparence tout désigné de l’assassinat d’une jeune femme dans son quartier. Et qui, pendant que l’enquête avance, passe son temps à observer sa voisine dont il tombe amoureux et qu’il va tenter de conquérir alors qu’elle en aime un autre et qu’un policier guette ses moindres incartades. Ce Monsieur Hire est né en 1933 sous la plume de Georges Simenon dans son roman Les Fiançailles de Monsieur Hire. Et avant Patrice Leconte, il avait déjà porté par deux fois au cinéma. D’abord en 1946 par Julien Duvivier avec Panique dont Michel Simon et Viviane Romance tenaient les rôles principaux. Puis l’année suivante avec le film hispano- portugais Barrio mis en scène par le Hongrois Ladislao Vajda. Et c’est en voyant pour la première fois Panique – sans savoir alors qu’il s’agissait d’une adaptation de Simenon – en 1983 que Patrice Leconte s’est promis dans un coin de sa tête dans faire un remake. Un rêve qui va devenir réalité sur le tournage de Tandem, le premier film « sérieux » de son parcours, en 1986 quand il l’évoque devant son producteur Philippe Carcassonne. Ce dernier le pousse à s’y lancer mais lui conseille de se plonger d’abord dans le livre de Simenon. Idée lumineuse car Leconte le trouve plus à son goût que Panique. Et il décide, avec son co- scénariste Patrick Dewolf, de repartir de lui en prenant évidemment des libertés et en se concentrant sur les rapports troubles et érotiques entre Hire et sa voisine. Cela lui vaudra sa première sélection en compétition au festival de Cannes, dont la Palme est remportée cette année- là par Sexe, mensonges et vidéo de Steven Soderbergh. Et pas moins de huit nominations aux César 90 avec une statuette conquise par Dominique Hennequin et Pierre Lenoir, en meilleur son.

Coluche, le premier interprète envisagé

Si le tournage de son premier long, Les vécés étaient fermés de l’intérieur, s’était mal passé avec Jean Rochefort, Patrice Leconte s’y était merveilleusement entendu avec Coluche. Et lorsqu’il se lance dans Monsieur Hire en 1986 il a tout de suite envie de confier le rôle- titre à celui qui avait su si merveilleusement montré sa part plus sombre dans Tchao Pantin de Claude Berri, trois ans plus tôt. Mais l’accident mortel de Coluche le 19 juin 1986 sonnera le glas de ce rêve. Pour Hire, Leconte va alors fait appel à un de ses grands complices qu’il a déjà dirigés à cinq reprises dans Les Bronzés, Les bronzés font du ski, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Ma femme s’appelle reviens et Circulez y a rien à voir ! : Michel Blanc. Le comédien a lui aussi entamé sa mue vers des rôles plus dramatiques avec Tenue de soirée de Bertrand Blier qui lui a valu un prix d’interprétation à Cannes en 1986. Et s’il refuse au même moment le Quelques jours avec moi de Claude Sautet, certain de ne pas avoir la dimension de séducteur indispensable au personnage proposé, il accepte sans hésiter le rôle de Hire qui lui vaudra une nomination au César du meilleur acteur 1990, remporté cette année- là par Philippe Noiret pour La Vie et rien d’autre.

Les débuts de Cristiana Reali au cinéma

Si Michel Blanc, Sandrine Bonnaire, Luc Thuillier et le regretté André Wilms forment le quatuor vedette de Monsieur Hire, on peut aussi y apercevoir le temps d’une scène dans un bowling Cristiana Reali qui fait dans ce film ses débuts au cinéma, la même année que ses premiers pas sur une scène parisienne, le Théâtre Renaud- Barrault, dans le Lorenzaccio de Musset mis en scène par Francis Huster.