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Le cinéaste revient sur son énorme succès de 1975, mais n'assume pas la pêche intensive qui a suivi son film.

Si Les Dents de la mer est toujours aussi efficace, près de 50 ans après sa sortie, c'est en partie grâce au fait que Steven Spielberg a beaucoup moins filmé le requin blanc que ce qui était prévu à la base. La machine programmée pour poursuivre les vacanciers dans l'eau et attaquer le bateau de pêche avec à son bord le chef de la police locale joué par Roy Scheider, le biologiste marin incarné par Richard Dreyfuss et le chasseur de requins interprété par Robert Shaw, n'arrêtait pas de tomber en panne, si bien que le réalisateur a finalement peu de plan le montrant en action.
Interrogé à ce sujet à l'occasion de la sortie en salles de The Fabelmans, son film autobiographique qui arrivera le 22 février en France, il revient sur ces bugs à répétition qui ont finalement servi son film et participé à rendre l'expérience aussi effrayante. Et marquante. Il explique au passage regretter que cette peur des requins, finalement peu fondée scientifiquement parlant, ait entraîné le massacre de nombreux spécimens de cette espèce. Tout comme l'auteur du livre dont il s'est inspiré, d'ailleurs, Peter Benchley.

Les Dents de la mer est à (re)voir sur Première Max

Au micro de la BBC, Steven Spielberg explique : "J'ai dû trouver le moyen de créer du suspense et de la terreur sans montrer le requin en lui-même. Hitchcock l'avait fait et il a été un véritable guide pour moi, dans sa manière de vous faire peur sans vraiment vous montrer. Finalement, on a eu de la chance que ce requin ne cesse de tomber en panne ! J'ai été chanceux, et le public aussi, car le film fait bien plus peur quand on voit moins ce requin. J'ai toujours peur, mais pas qu'un requin me dévore, plutôt de savoir qu'ils m'en veulent d'avoir nourri la pêche intensive après 1975. Je regrette, vraiment et aujourd'hui encore, que les requins soient ainsi décimés à cause du livre et du film. Je le regrette profondément."

Interviewé par la même radio en 2005, Peter Benchley, qui avait publié son roman juste avant la sortie de Jaws, en 1974, avait lui aussi exprimé son dégoût d'avoir participé au massacre des requins. "C'est comme si le taux de testostérone avait grimpé en nombre sur la côte Est des USA. Des milliers de pêcheurs ont essayé d'obtenir des requins en trophée après Les Dents de la mer. C'était de la pêche irréfléchie. Vous n'aviez pas besoin d'un bateau solide, n'importe quel mec pouvait partir en mer pêcher un gros requin, et ce sans remords, puisque dans l'esprit de tout le monde, ils tuaient des humains. Alors que Jaws, c'était de la pure fiction. Sachant ce que je sais aujourd'hui, je n'aurais jamais écrit ce bouquin. Les requins ne visent pas les hommes, et ils ne cherchent certainement pas à se venger. Un requin mangeur d'hommes en quête de vendetta, ça n'existe pas. En fait, les requins mordent rarement les gens plus d'une fois, car ils ne nous apprécient pas."


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