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Le film de Jérôme Salle sur Cousteau est un projet titanesque. Voici quelques éléments pour l’appréhender, à l'occasion de sa rediffusion sur France 2.

Biopic d’une grande figure aimée et controversée, film d’époque, drame familiale, aventure du bout du monde et épopée à travers le XXe siècle : Jérôme Salle a dû traverser les années et faire le tour du monde pour mener à bien son Odyssée. Récit en quelques étapes clés.

Sur le tapis rouge de L'Odyssée : vidéo

12 ans de gestation
La première fois que Jérôme Salle a parlé d’un projet sur Cousteau à Marc Missonnier et Olivier Delbosc (coproducteurs pour Fidélité Films), c’était en 2004, juste avant le tournage d’Anthony Zimmer. Ils ont immédiatement acheté les droits du livre de Jean-Michel Cousteau, Mon père, le Commandant. Tandis que Pan Européenne, avec qui Salle a fait Largo Winch, a acheté les droits de Capitaine de La Calypso d’Albert Falco, le bras droit de Cousteau. Au lieu de reproduire la guerre des biopics de Chanel ou Saint Laurent, les deux sociétés ont décidé de s’associer.

Ceci n’est pas un biopic
La première version du script déroulait la vie du commandant de sa naissance en 1910 jusqu’à sa mort en 1997. Mais l’absence de point de vue, le problème de l’acteur à caster pour incarner Cousteau de sa jeunesse à sa mort, et le coût d’un film d’époques (estimé à 40 millions d’euros) ont eu raison de cette première idée. Après avoir songé à abandonner, Salle est revenu avec un script recentré sur l’âge adulte du commandant, et donc sur sa famille. Coût final : 20 millions (soit le budget d’une grosse comédie).

Le Parrain comme modèle
L’Odyssée n’était donc plus un film sur Cousteau, mais sur une relation père-fils arbitrée par la figure maternelle. « Oui, Le Parrain était le modèle ultime » confirme Jérôme Salle, dont c’est le film préféré. L’autre référence importante du cinéaste est The Tree of Life de Malick, pour le rapport à la nature, à l’enfance, au père, à un goût pour l’impressionnisme.

 

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Les mille visages du Commandant
Dans la première version du script, c’est l’acteur anglais Adrien Brody qui était pressenti pour le rôle de Cousteau. Puis Pierre Niney a été approché pour l’incarner jeune, tandis que Romain Duris prenait le relais de la quarantaine à la fin de ses jours. Avec le scénario final resserré sur l’âge adulte de Cousteau, un seul acteur suffisait. Et le choix de Lambert Wilson s’est imposé. « L’avantage de Lambert, c’est qu’il dégage naturellement une certaine forme de bonté. Du coup, ça me permettait d’accrocher le spectateur, qu’il ne se dise pas : "Bon, ok, un vrai salaud ce Cousteau" ». Pierre Niney a finalement pris le rôle du fils Philippe.

Le faux Calypso
C’était le déclencheur de tout le film : avant même d’avoir un script ou des financements, Laurent Ott, le production designer, a trouvé sa Calypso : un dragueur de mines susceptible d’être repeint et façonné comme le vaisseau de Cousteau. Mais au début du tournage, l’équipe s’est rendu compte que tous les papiers assurant que le bateau était en état de marche étaient des faux. Impossible de le faire naviguer.  

Le bout du monde
Ca n’a pas empêché l’équipe (réduite) d’aller tourner 15 jours en Antarctique, après avoir envisagé de filmer cette expédition sur fond vert. « Tourner les scènes de l’Antarctique sur fond vert aurait été la négation même du projet » estime Laurent Ott. « C’est le plus beau souvenir de tournage de ma vie confie Lambert Wilson. On a été déposé avec Pierre Niney sur un bout de banquise isolée, filmés par un drone qui nous survolait. C’était inouï. Pas un bruit, juste de la beauté à l’état pur. Forcément, on la ressent à l’écran. »

Propos recueillis par François Grelet

Notre critique de L'Odyssée

L’Odyssée de Jérôme Salle avec Lambert Wilson, Pierre Niney et Audrey Tautou est diffusé ce soir sur France 2. Bande-annonce :


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