Affiches sorties de film mercredi 28 septembre 2022
Bac Films/ Pyramide Distribution/ Sony Pictures Entertainment

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
SANS FILTRE ★★☆☆☆

De Ruben Östlund

L’essentiel

Influenceurs neuneus, capitalistes désoeuvrés, prolétariat frustré… Ruben Östlund tire sur tout ce qui bouge dans un film – palmé d’Or - qui porte bien son titre français.

Drame en trois actes. Un couple de mannequins youtubeurs se déchire, dans un restau chic, au moment de régler l’addition. Plus tard, nos deux beautés sont invitées gratuitement sur un yacht de luxe peuplé de milliardaires demeurés et piloté par un capitaine alcoolique hanté par l’idéal socialiste. La croisière se finit dans un naufrage qui rejette une dizaine de passagers sur une île déserte… Après l’art contemporain dans The Square, Östlund s’attaque donc ici à l’industrie du loisir, au consumérisme et à la vacuité des réseaux sociaux. Une parfaite Palme d'or en somme car au festival, Sans filtre a fait l’effet d’un scud satirique tiré en plein cœur du cirque cannois, dénonçant les vanités et les hypocrisies bourgeoises des élites. Six mois plus tard, rien n’a bougé : deux ou trois séquences d’anthologie rappellent le sens comique imparable, la puissance sarcastique et la misanthropie hardcore du Suédois. L’ennui, c’est que sa farce s'étire exagérément à travers des séquences scandées de lents grincements, et qu’il étale des gags parfois pour refaire le portrait du vide contemporain. Sans filtre finit par ronronner de son propre rictus.

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LES MYSTERES DE BARCELONE ★★★★☆

De Lluís Danés

Un journaliste accro à la morphine enquête sur des disparitions d’enfants dans la Barcelone du début du 20ème siècle. Inspiré d’une histoire vraie, cet intelligent film d’horreur catalan pétri de maniérismes et de bricolages évoque formellement From Hell et Sin City : l’essentiel du film est en noir et blanc ponctué d’éclats de rouge sang, et on passe à la couleur lorsqu’on pénètre dans le cœur de l’intrigue (un bordel huppé fréquenté par le beau monde). Plutôt que de vampiriser comme tout le monde les classiques 80’s, Lluís Danés se nourrit du cinéma muet et des expériences numériques des années 2000 (le premier qui cite Vidocq est condamné à le revoir aussitôt). Le cinéma est ici envisagé comme un minuscule monde clos et dégénéré, étouffant et peuplé de monstres -et le film devient un charmant petit enfer.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIME

LE SIXIEME ENFANT ★★★☆☆

De Léopold Legrand

Dans les premières minutes de ce film qui s’offre comme un énième drame social à la française avec sa lutte des classes bien délimitée - d’un côté les bourgeois bohèmes, de l’autre les nomades en roulottes -, et son sujet « Dossiers de l’écran » - l’adoption clandestine -, on flippe un peu. A tort. Car dans cette adaptation du Pleurer des rivières d’Alain Jaspard, on comprend vite que Léopold Legrand ne va pas s’embarrasser de digressions psychologisantes. Comme dans un film noir d’Ida Lupino fifties, le film vire au sombre, emprunte les sentiers du thriller en clair-obscur. Son scénario suffisamment elliptique va à l’essentiel et ne cherche à installer du suspense artificiellement. Toujours rapide et efficace dans son exécution, ce Sixième enfant, avance jusqu’au bout sans se retourner. Une audace payante qui nous délivre in fine d’une morale sentencieuse. Une excellente surprise portée par un casting parfait.

Thomas Baurez

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MARIA RÊVE ★★★☆☆

De Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller

Césarisés pour leur court métrage Pile Poil en 2020, Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller passent au format long en conservant le même goût pour les personnages cherchant à faire exploser les murs d’une existence trop tracée devant eux. En l’occurence, une femme de ménage – mariée depuis 25 ans - et le gardien immuable de l’Ecole des Beaux- Arts qui vont vivre un coup de foudre inattendu. Sorte de rencontre entre Je ne suis pas là pour être aimé et Antoinette dans les Cévennes, Maria rêve possède un charme fou. Celui d’une comédie romantique qui n’a pas peur des grands sentiments. Le tout avec une douceur jamais mièvre, à l’image de l’interprétation de ses deux comédiens principaux. Karin Viard qu’on n’avait pas vu fendre à ce point l’armure depuis longtemps. Et Gregory Gadebois qui, comme toujours sans en avoir l’air, vous bouleverse d’un regard, d’un sourire. Il n’est pas un des plus grands acteurs français d’aujourd’hui par hasard. Il joue d’abord et avant tout avec les autres. Et sa générosité épouse celle du film.

Thierry Cheze

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POULET FRITES ★★★☆☆

De Jean Libon et Yves Hinant

Trois ans après leur César du docu pour Ni juge, ni soumise, les belges de Striptease, Jean Libon et Yves Hinant se sont replongés dans des images tournées en 2003 sur une enquête policière autour d’un féminicide, avec comme pièce à conviction... une frite ! L’occasion pour le duo de s’adonner à leur exercice favori qu’ils maîtrisent sur le bout des doigts : scénariser le réel en laissant la folie douce de leurs « personnages » donner sa pleine mesure.

Thierry Cheze

LE SOLEIL DE TROP PRES ★★★☆☆

De Brieuc Canaille

Révélé par Ainsi soient- ils, Clément Roussier s’est fait discret depuis. Ce premier long– dont il a co-écrit le scénario – lui offre son premier grand rôle au cinéma. Et pas le plus simple de tous : un trentenaire qui tente de vivre comme les autres, malgré sa schizophrénie. Aussi impressionnant dans les moments de tempête intérieure que dans les heures de calme retrouvé, il donne à ce récit d’une reconstruction complexe un air de Série noire.  

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

THE WOMAN KING ★★☆☆☆

De Gina Prince- Bythewood

Dahomey, 1823 : deux royaumes s’affrontent pendant que les colons européens perpétuent leur domination. Le roi Ghezo (John Boyega) peut compter sur sa garde d’élite exclusivement féminine, les Agojie, pour vaincre ses adversaires. Nanisca (Viola Davis), générale des Agojie, recrute une jeune femme rebelle dans les rangs des Agojie, qui vont mener une bataille décisive pour leur royaume. Réalisé par Gina Prince-Bythewood, The Woman King est d’abord un film très pédago et prudent, affirmant que l’esclavagisme était le fait aussi bien des Européens que des Africains, qu’il y a donc des méchants partout, et qu’il n’est pas un affreux brûlot politique qui enverra son public lire les œuvres complètes de Frantz Fanon et déboulonner des statues. Non, The Woman King est avant tout une fresque d’aventures très balisée, proprement construite et en fin de compte honnêtement divertissante, à condition de tolérer une certaine langueur de montage. Viola Davis, également productrice du film et tenant du rôle-titre, est évidemment super mais elle a surtout l’intelligence de ne pas prendre toute la place, et de laisser aux autres Agojie l’occasion de briller de mille feux, et tout particulièrement Lashana Lynch (la 007 de Mourir peut attendre) qui coupe le souffle. Incarnant une guerrière à la fois super cool, super fun et super balaise, elle donne un peu l’impression de jouer dans un autre film, justement plus cool, plus fun et plus balaise… Bref, la vraie série B d’exploitation que The Woman King aurait peut-être pu être ?

Sylvestre Picard

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JUMEAUX… MAIS PAS TROP ! ★★☆☆☆

De Olivier Ducray et Wilfried Meance 

Deux frères jumeaux découvrent à 33 ans l'existence l'un de l'autre. Double surprise, puisque Grégoire (Bertrand Usclat de feu la pastille Broute) est blanc, Anthony (Ahmed Sylla) est noir. Probabilité que ce phénomène génétique se produise ? Une chance sur un million, nous dit le film pour faire passer l'improbabilité de la situation. Jamais très loin du pitch d'une comédie américaine des années 80 - on pense évidemment à Jumeaux d'Ivan Reitman -, Jumeaux mais pas trop (Prix du public au festival de l’Alpe d’Huez 2022) rejoue la rengaine de deux types diamétralement opposés (physiquement comme politiquement) que la vie va réunir. Le film souffre autant de ce cliché qu'il s'en amuse : dans les meilleurs moments, la vista comique impeccable du casting l'emporte sur tout, et quelques séquences émotion chèrement gagnées s'imposent entre deux vannes.

François Léger

VACANCES ★★☆☆☆

De Béatrice de Staël et Léo Wolfenstein

A travers le personnage d’une mère aussi aimante que toxique (Géraldine Nakache, impeccable) partant en vacances avec ses enfants mais sans son mari, ce premier long oscillant entre portrait d’une femme à la dérive et film de genre ambitionne de parler tout à la fois de charge mentale, de maternité, d’hommes toxiques et de sororité. Mais bien que créant un mystère d’abord intriguant, il se perd et nous perd, faute d’une maîtrise indispensable à ses ambitions affichées.

Thierry Cheze

LA COUR DES MIRACLES ★★☆☆☆

De Carine May et Hakim Zouhani

Pour créer de la mixité sociale dans son école publique du 93, concurrencée par l’ouverture d’un établissement privé flambant neuf, sa directrice s’associe à une instit pour développer la première « école verte » de banlieue… malgré une équipe pédagogique peu adaptée à la situation. Tout ceci donne naissance à une comédie attachante, proche de La Vie scolaire, mais plus occupée à délivrer un message qu’à imaginer un scénario sortant des sentiers balisés et attendus.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

POPPY FIELD ★☆☆☆☆

De Eugen Jebeleanu

Virilités blessées et amours contrariés sont au cœur de ce premier film où un Français et un flic Roumain, amoureux dans la Roumanie d’aujourd’hui, sont confrontés à l’homophobie ambiante de leur pays. Le pitch interpelle. Mais Poppy field passe à côté de son sujet. L’intrigue – un huis-clos dans un théâtre entre limiers à gros bras, militants conservateurs affligeants et pro-LGBT – piétine, les dialogues sonnent creux jusqu’à une fin bâclée.  

Estelle Aubin

 

Et aussi

Alegria séfarade de Suzy Cohen

Ponniyn Selvan- part 1 de Mani Ratman

Smile de Parker Finn

Superasticot, de Sarah Scrimgeour et Jac Hamman

Tant pis pour le Sud, de Vincent Orst

Vikram Vedha, de Gayatri et Pushkar

Les reprises

La Chanson du passé, de George Stevens

De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, de Paul Newman

Les Jeunes loups, de Marcel Carné

Tendres passions, de James L. Brooks