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"Il ne s'agit pas d'un match de basket. Il s'agit de films, il n'y a ni gagnants ni perdants. C'est de l'art." Joseph Gordon-Levitt, présentateur de la soirée de remise des prix de l'édition 2013 du Festival de Sundance, doit pourtant savoir qu'il est du milieu des films indépendants comme de toute autre activité humaine : d'un côté les winners, de l'autre, les losers. Car Sundance, depuis 1984, est le festival tremplin aux USA pour un projet qui n'est pas issu des gros studios - ces derniers venant ici via leurs divisions indie (Fox Searchlight pour la 20th Century Fox, Focus Features pour Universal, etc.) braconner le film tendance au business model imparable : coût peu élevé, bénéfices potentiels immenses (Le Projet Blair Witch fut une pépite Sundance). Côté créateurs, ils rêvent évidemment du jackpot comme celui du récent Les Bêtes du Sud sauvage, au parcours exemplaire : Sundance - Cannes - Oscars - et, cerise sur le gâteau, les louanges de Barack Obama himself.Alors que l'édition 2013 de Sundance vient de s'achever, retour sur les cinq films sur lesquels on ferait bien de parier pour l'année qui vient.Don Jon's Addiction de Joseph Gordon-Levitt avec lui-même, Scarlett Johansson, Julianne Moore, Tony Danza et Brie LarsonAcheteur : Relativity MediaPrix : 4 millions de dollarsLe pitch : Jon tente de mettre fin à sa dépendance au porno, qu'il préfère à la compagnie des vraies femmes. Son père, séducteur sur le retour (joué par Tony "Madame est servie" Danza !), va l'aider à s'en sortir.Le buzz : Avec un nom aussi hype que Joseph Gordon-Levitt à la réalisation et son casting sexy (voir JGL refuser les avances de Scarlett Johansson suffit à vendre le film), normal que Don Jon's Addiction ait agité les chéquiers des studios malgré des critiques en dents de scie. L'acheteur du film, Relativity Media, a mis le paquet  : outre un prix d'achat de 4 millions (ce qui laisse supposer que les enchères furent féroces) on parle d'un budget promo de 25 millions de dollars pour la sortie de DJA cet été.Fruitvale de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan, Octavia Spencer, Chad Michael Murray et Anha O'ReillyAcheteur : The Weinstein CompanyPrix : 2,5 millions de dollarsLe pitch : 31 décembre 2008 : le dernier jour de la vie d'Oscar, un jeune de 22 ans habitant San Francisco, avant qu'il ne se fasse abattre d'une balle dans le dos par un policier dans un train.Le buzz : Projeté en tout début de festival, le premier long de Ryan Coogler produit par un Forest Whitaker inspiré a paraît-il fait chialer tout le monde, avec son énergie dingue, son réalisme bluffant et son acteur principal (déjà remarqué dans Chronicle) hallucinant. Double Grand prix (jury et public), mais surtout un acheteur VIP : Harvey Weinstein lui-même, grand gourou des Oscars. Fruitvale est prêt pour la tournée des grands ducs.Kill Your Darlings de Joseph Krokidas avec Daniel Radcliffe, Dane DeHaan, Michael C. Hall, Elizabeth Olsen, Ben Foster, Jennifer Jason Leigh et Kyra SedgwickAcheteur : Sony Pictures ClassicsPrix :  2 millions de dollarsLe pitch : La rencontre des écrivains Allen Ginsberg, Jack Kerouac et William Burroughs en 1944 autour d'une sombre affaire de meurtre. Ou la naissance de Beat Generation dans la drogue, l'alcool et la débauche.Le buzz : Le plus beau casting de Sundance ? Sans doute, mais aussi une exploration de la naissance du premier mouvement de contre-culture US et surtout, SURTOUT le passage définitif à l'âge d'acteur adulte pour Daniel Radcliffe. On le voit nu dans le rôle du fameux Allen Ginsberg, avoir droit à une fellation par un autre homme, et aussi rouler une pelle à Dane DeHaan. Ce n'est pas dans les dortoirs de Poudlard qu'on aurait pu voir ça. Le film est pourtant reparti bredouille au palmarès.Austenland de Jerusha Hess avec Keri Russell, Jennifer Coolidge et Jane SeymourAcheteur : Sony Pictures ClassicsPrix : 4,5 millions de dollarsLe pitch : Une femme obsédée par une adaptation télé d'Orgueil et préjugés s'embarque pour un parc à thème Jane Austen en quête d'un parfait gentleman. Le buzz : L'excitation autour de ce film qui n'a pas été particulièrement remarqué par les critiques ni acclamé par les festivaliers s'explique par le nom d'une de ses productrices, Stephenie Meyer. L'auteur de la saga Twilight - qui a déjà produit les deux derniers volets cinéma de sa saga vampirico-romantique - reste synonyme d'argent facile à Hollywood. Même si après la fin des aventures de Bella et Edward, et avec la sortie en avril du crashtest Les Âmes vagabondes (film de SF adapté d'un autre de ses romans), ça reste encore à confirmer. Par exemple avec Austenland, première réalisation du scénariste de Napoleon Dynamite et Super Nacho, avec son sujet de comédie romantique planplan ?The Way, Way Back de Nat Faxon et Jim Rash avec Steve Carell, Toni Collette, Sam Rockwell, Allison Janney, Maya Rudolph, AnnaSophia RobbAcheteur : Fox Searchlight PicturesPrix : 9,75 millions de dollarsLe pitch : Duncan, un ado renfermé, doit passer ses vacances d'été avec sa mère, son beau-père, et la fille de ce dernier. Il se lie d'amitié avec un gardien de parc aquatique désabusé qui va lui faire découvrir la vie.Le buzz : Premier long des scénaristes oscarisés de The Descendants, The Way, Way Back a été acquis par la Fox au terme d'une âpre bataille impliquant entre autres la Warner, Lionsgate et Paramount (au vu du prix final, la négo a dû être violente). On parle déjà du film comme ayant obtenu le contrat le plus juteux jamais signé à Sundance. Avec son sujet doux-amer de passage à l'âge adulte (le genre coming of age, aussi répandu que celui des films de zombies) et son casting en or massif, Fox a peut-être joué un beau coup et risque de nous vendre le film comme un nouveau Little Miss Sunshine - déjà avec Steve Carell et Toni Collette, également acheté par Fox Searchlight en 2006 qui lui avait fait gagner deux Oscars.Tout le palmarès de Sundance 2013