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La petite pépite indé de Jonathan Dayton et Valerie Faris reviendra ce dimanche à la télévision.

Début 2018, à l'occasion de la sortie en salles de Last Flag Flying – La Dernière tournée, drame très réussi de Richard Linklater (Boyhood, Everybody Wants Some), Première s'intéressait aux rôles "tristounes" de l'un de ses interprètes principaux : Steve Carell. Nous republions ce portrait de l'acteur en attendant la rediffusion de Little Miss Sunshine, ce dimanche sur Arte.


 

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Dans Last Flag Flying, Carell joue "Doc", un quinqua veuf, qui part retrouver ses ex-camarades de la Navy, Sal (Bryan Cranston) et Mueller (Lawrence Fishburne), pour leur demander de l’accompagner à l’enterrement de son fils, qui vient d’être tué en Irak et s’apprête à être rapatrié aux Etats-Unis. Ces rescapés de la guerre du Vietnam se lancent alors dans un road-trip improbable pour ramener le corps du jeune défunt "à la maison", au nez et à la barbe de l’armée, qui voudrait l’enterrer dans un cimetière de soldats tués au combat.
Ce n’est pas joyeux dit comme ça, et pourtant, Carell, Cranston et Fishburne parviennent à faire rire les spectateurs grâce à leurs rôles forts d’anciens amis proches qui s’étaient perdus de vue et ont pas mal de comptes à régler une fois retrouvés. Leurs dialogues, pleins d’esprit et de franchise, sonnent juste. Et les comédiens sont brillants, chacun à leur manière, dans la peau de ces personnages que tout oppose.

Steve Carell est véritablement au cœur de l’intrigue. Il porte le film en étant le moteur principal de l’histoire, celui grâce à qui les retrouvailles ont lieu. S’il peut paraître en retrait face aux extravagances de Sal (Cranston), il développe en fait un personnage extrêmement émouvant, construit par petites touches : un affaissement d’épaules par-ci, un fou rire incontrôlable par-là, une question existentielle qui fait mouche... Débordant de naturel, il crée sous nos yeux un personnage en deuil inoubliable.

Le film qui... de Steve Carell

C’est loin d’être une première pour cet acteur estampillé "comique" qui trouve régulièrement des performances dramatiques à sa hauteur, de l’écrivain suicidaire de Little Miss Sunshine (2006) à l’époux d’une femme atteinte d’un cancer dans Free Love (2015). Sans oublier son rôle de tueur glaçant dans Foxcatcher (2014). Notons qu’il parvient tout autant à émouvoir avec ses rôles de pure comédie (dans 40 ans toujours puceau, Crazy, Stupid Love ou Battle of the Sexes au cinéma, entre autres, et bien sûr dans sa série culte The Office). 

Impossible de réduire Steve Carell à un simple statut de comique tant il a multiplié les scènes dramatiquement fortes au fil de sa carrière. D’ailleurs, il a obtenu plusieurs fois la reconnaissance de ses pairs à Hollywood : sa performance dans The Office lui a valu un Golden Globe (et six nominations !). Rebelote en 2015 pour son film le plus dramatique, Foxcatcher, en 2016 pour la satire économique The Big Short, ainsi que pour le biopic Battle of the Sexes, devant la caméra de Valerie Farris et Jonathan Dayton (qui lui avaient d'ailleurs offert un rôle important dans Little Miss Sunshine). Incarnant l’ancien champion de tennis Bobby Riggs, qui a défié de jeunes joueuses de le battre alors qu’il était en fin de carrière dans les années 1970, il aurait pu se contenter de faire le show en surjouant le côté grotesque de ce personnage haut en couleur, mais il l’a au contraire rendu humain, accro au jeu et bourré de contradictions. 

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Du côté des Oscars, le travail de Steve Carell a également été salué plusieurs fois. Pour Little Miss Sunshine, justement, nommé parmi les meilleurs films en 2007 (mais c’est Les Infiltrés qui a gagné), puis pour The Big Short, présent dans la même catégorie en 2016 (année de la victoire de Spotlight). Un an avant, il était acclamé nommément pour Foxcatcher, mais c’est Eddie Redmayne qui a remporté la statuette pour Une merveilleuse histoire du temps.

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Bande-annonce de Last Flag Flying :