Cette semaine au cinéma, il est pas mal question de BD avec Steven Spielberg qui rend hommage à Hergé, et Marjane Satrapi qui adapte son Poulet aux Prunes. George Clooney, lui, mise sur la politique, tout comme Pierre Schoeller et L'exercice de l'Etat.Choix numéro 1 : Tintin et le secret de la Licorne, de Steven Spielberg, avec Jamie Bell , Daniel Craig , Andy Serkis ...Synopsis : Parce qu’il achète la maquette d’un bateau appelé la Licorne, Tintin, un jeune reporter, se retrouve entraîné dans une fantastique aventure à la recherche d’un fabuleux secret. En enquêtant sur une énigme vieille de plusieurs siècles, il contrarie les plans d’Ivan Ivanovitch Sakharine, un homme diabolique convaincu que Tintin a volé un trésor en rapport avec un pirate nommé Rackham le Rouge. Avec l’aide de Milou, son fidèle petit chien blanc, du capitaine Haddock, un vieux loup de mer au mauvais caractère, et de deux policiers maladroits, Dupond et Dupont, Tintin va parcourir la moitié de la planète, et essayer de se montrer plus malin et plus rapide que ses ennemis, tous lancés dans cette course au trésor à la recherche d’une épave engloutie qui semble receler la clé d’une immense fortune… et une redoutable malédiction. De la haute mer aux sables des déserts d’Afrique, Tintin et ses amis vont affronter mille obstacles, risquer leur vie, et prouver que quand on est prêt à prendre tous les risques, rien ne peut vous arrêter…L'avis de Première : Contrairement à tous ses collègues cinéastes voyant approcher l’heure du bilan, Spielberg a toujours résisté à la tentation du film-somme. Trop occupé à explorer de nouveaux territoires, trop pressé d’ajouter, encore et encore, un nouveau titre à sa filmo. Un film-somme, il vient pourtant d’en signer un, et du genre sidérant, avec Les Aventures de Tintin – Le Secret de la Licorne. Pas étonnant que ce soit en adaptant Hergé que Spielby parvienne à ce climax, le reporter à houppette étant depuis trente ans la plus séduisante Arlésienne de son œuvre. Pas étonnant non plus que cette idée du "film-somme spielbergien" ne s’incarne pas en un chef-d’œuvre cadenassé, muséal et étouffant, mais plutôt en un roller-coaster explosif, dingo, pétaradant. Bourré d’échos des hits passés (Les Aventuriers de l’arche perdue, Arrête-moi si tu peux, Les Dents de la Mer, tous convoqués comme à la parade), parcouru très logiquement par le motif du reflet (des vitres, du verre, des miroirs, partout, tout le temps), Tintin est, d’abord, une hypothèse de divertissement total, terrassante d’inventivité formelle, presque monstrueuse à force de virtuosité. Un nouveau standard : le premier classique instantané du cinéma post-Avatar. Un rêve de gosse, aussi : Indiana Jones définitivement affranchi des lois de la gravité.Bande-annonce : Choix numéro 2 : L'exercice de l'Etat, de Pierre Schoeller, avec Olivier Gourmet , Michel Blanc , Zabou Breitman ...Synopsis : Le ministre des Transports, Bertrand Saint-Jean, est réveillé en pleine nuit par son directeur de cabinet. Un car a basculé dans un ravin. Il y va, il n'a pas le choix. Ainsi commence l'odyssée d'un homme d'Etat dans un monde toujours plus complexe et hostile. Vitesse, lutte de pouvoirs, chaos, crise économique... Tout s'enchaîne et se percute. Une urgence chasse l'autre. A quels sacrifices les hommes sont-ils prêts ? Jusqu'où tiendront-ils, dans un Etat qui dévorent ceux qui le servent ?Le film est présenté au sein de la sélection Un Certain Regard lors du Festival de Cannes 2011.L'avis de Première : Ce qui frappe dans ce troisième film politique présenté à Cannes en mai dernier, en marge de La Conquête et de Pater, c’est sa force de vérité. Tout est inventé et pourtant tout sonne juste au sein de ce petit cercle de gouvernants en constante ébullition. (...) Percutante dans tous les sens du terme, la mise en scène ambitieuse et documentée de Pierre Schoeller (Versailles) cerne les couleurs et les humeurs, les jeux et les enjeux du pouvoir. Côté interprétation, Gourmet, Blanc et Breitman sont impressionnants, et le film, palpitant, reste violent et passionnant, y compris dans ses moments les plus complexes.Bande-annonce : Choix numéro 3 : Les marches du pouvoir, de George Clooney, avec Ryan Gosling , George Clooney , Max Minghella ...Synopsis : Adapté de la pièce Farragut North.Stephen Meyers est le jeune mais déjà très expérimenté conseiller de campagne du gouverneur Morris, qui se prépare pour les élections à la présidence américaine. Idéaliste et décidé à faire honnêtement tout ce qu’il peut pour faire gagner celui qu’il considère sincèrement comme le meilleur candidat, Stephen s’engage totalement. Pourtant, face aux manipulations et aux coups tordus qui se multiplient vite, Stephen va devoir faire évoluer sa façon de travailler et de voir les choses. Entre tentations et désillusions, les arcanes du pouvoir le transforment…Le film est présenté en ouverture de la 68è Mostra de Venise.L'avis de Première : Neuf ans après ses débuts en tant que réalisateur, George Clooney livre le plus satisfaisant de ses quatre films, au moins dans la forme. Le sérieux qui frisait la raideur dans Good Night, and Good Luck. a fait place à une rigueur de bon aloi. Il n’y a pas un bout de gras, et la durée du film est une heureuse surprise autant qu’un rappel bienvenu : une histoire, même complexe, peut se raconter d’une façon simple, directe et percutante. Dans le fond, Clooney dénonce les machinations des politiciens en période électorale. La pièce de théâtre qu’il a adaptée s’inspire de la campagne du candidat démocrate Howard Dean en 2004. Elle fut jouée pour la première fois en 2008, juste après l’élection d’Obama. À l’époque, le sujet était suffisamment universel pour viser les deux bords. Aujourd’hui, la charge paraît légère au regard des innombrables affaires qui secouent les hommes politiques du monde entier.Bande-annonce : Choix numéro 4 : Poulet aux prunes de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, avec Mathieu Amalric , Jamel Debbouze , Edouard Baer ...Synopsis : Téhéran, 1958.Nasser Ali Khan, musicien célèbre, a perdu le goût de vivre. Plus aucun instrument ne semble pouvoir lui redonner l'inspiration depuis que son violon a été brisé. Sa tristesse est d'autant plus forte que son amour de jeunesse, rencontré au coin d'une rue peu après cet incident, ne l'a pas reconnu.Après avoir cherché en vain à remplacer cet instrument reçu autrefois de son maître de musique, Nasser en arrive à la seule conclusion possible : puisque aucun violon ne peut lui procurer le plaisir de jouer, il se mettra au lit pour attendre la mort.Il envisage alors toutes les morts possibles : être écrasé par un train, sauter d'une falaise, se tuer d'une balle dans la tête, faire une overdose de médicaments... mais ne trouve aucune de ces issues digne de lui.Après tout, il était le meilleur violoniste de son temps : Nasser Ali Khan.Le film est présenté en compétition lors de la 68è Mostra de Venise.L'avis de Première : Plus romancé [que Persépolis], Poulet aux prunes n’en reste pas moins ancré dans le réel puisque Nasser Ali Khan est inspiré d’un grand-oncle musicien, mort dans des circonstances obscures. Satrapi projette dans le film ses obsessions de la perte des illusions et du sens de la vie, sur lesquelles elle greffe une histoire d’amour poignante. C’est sans doute cet aspect qui a conditionné le choix de tourner un long métrage live plutôt qu’animé, le sentiment amoureux ayant, plus qu’un autre, besoin d’être incarné. Aucune image ne peut en effet sérieusement rivaliser avec la présence décalée de Mathieu Amalric ou la beauté grave de Golshifteh Farahani (révélation iranienne de Mensonges d’État et d’À propos d’Elly)... À la fois grotesque et bouleversant, poétique et littéraire, Poulet aux prunes, avec son récit à tiroirs qui mélange les temporalités et refuse l’analyse psychologique, évoque irrésistiblement le cinéma de Jean-Pierre Jeunet.Bande-annonce :