Interview du comique grenoblois Serge Papagalli pour la sortie DVD de Mais y va où le monde ?Ex chef des paysans dans Kaamelott, figure comique adorée de la région grenobloise, Serge Papagalli a réalisé l’an passé l’ovni un peu culte Mais y va où le monde ?, post-pécasserie peuplée d’agriculteurs du dauphinois prêts à tout pour sauver leur petite exploitation familliale. Forcément à l’occasion de la sortie de la bête en DVD, on en a voulu en savoir en plus… Mais d'abord, pour mieux comprendre, magnéto : Bonjour Serge Papagalli, on souhaiterait vous poser quelques questions à propos de votre film, Mais y va où le monde ?Oh non. Actuellement je, euh... Franchement non.Ah bon vous ne voulez vraiment pas ?Oh non je suis très occupé. Désolé.La semaine prochaine ?Non plus. En plus ce film il est sorti en Février 2010. Ca fait loin là.Ah oui mais il vient de se sortir en Dvd là…Ah c’est vrai. Bon je suis dans ma bagnole là, on fait ca dans 40 minutes ?(40 minutes plus tard)Bonjour Serge Papagalli. C’est bon vous n’êtes plus au volant là ?Non. Allons-y.Bon ok. J’ai été étonné de votre réaction tout à l’heure. Comme si vous n’aviez plus envie de parler du film. Ca été douloureux à ce point ?Non mais c’est un film dont on a beaucoup parlé au moment de sa sortie…Ah ?Bah oui, je l’ai présenté dans plus de trente villes, j’ai plus grand-chose à en dire, mais bon c’est vrai qu’il y a le DVD…Donc aucun regret ou traumas vis-à-vis du film ?Ah non. Quels regrets ? Bon si peut-être un : j’ai compris que la différence entre le cinéma et le théâtre, c’est qu’une fois que c’était fixé au cinéma, c’était immuable. Au théâtre on peut toujours changer des choses.Ah ? Vous êtes un perfectionniste ?Un peu. C’est compliqué quand on réalise un long métrage avec 400 000 euros en 23 jours.Ah ouais c’est peu…Oui des fois je revois le film, et je me dis « mince cette scène j’aurais dû la tourner autrement ». Mais bon, pas le temps.Le truc bien vu, c’est que l’aspect artisanal du film, colle pile avec le sujetOui. Mais bon y a des choses artisanales confectionnées avec suffisamment de temps. Là, 23 jours, c’est pas grand chose.  On a fait ce qu’on a pu avec ce qu’on avait. Le truc c’est que nous les auteurs on a toujours un désir de perfection. Et, bon, parfois on est loin du compte.Je sens que vous avez des regrets par rapport à la patine visuelle du film… Je me trompe ?Hé, attendez ! on va parler que des aspects négatifs là ?Non, non, on viendra au reste aprèsOk. J’ai passé l’âge d’avoir des illusions, donc oui je me rends bien compte que la photo n’est pas celle de Sergio Leone. Mais faut voir les caméras qu’on avait aussi… Ceci dit, les dialogues et les comédiens tiennent bien la route quand même. Faut le dire ça. Et on a fait 50 000 spectateurs. Y a beaucoup de films parisiens qui ne font pas ça.C’est vrai, mais la grande question au fond, c’est pourquoi avoir accepté de réaliser un film avec un budget aussi serré ? Il fallait le faire coute que coute ?Hummm….J’avais deux coproducteurs assez insistants. J’y allais un peu à reculons en fait, d’autant plus que j’écrivais une pièce de théâtre au même moment. Il faut savoir qu’en deux ans j’ai quand même fait un long et deux pièces de théâtre…Ah oui c’est beaucoupVoilà. Mais c’est dur de dire non. C’est une question de faiblesse je pense. C’est dû à un repas, un peu arrosé peut être, où j’ai fini par accepter. C’est un peu le verre de vin auquel on aurait dû dire non, et puis auquel on dit oui finalement. C’est l’histoire de la genèse de ce film…Ah c’est beau. Bon vous me parliez des comédiens tout à l’heure. Il y a quand même celui qui joue le rôle du débile qui pose un peu problème, non ?Bof, non. Avec lui on a foutu le potard au maximum. En plus les gens sont amoureux du personnage. Donc je comprends votre avis, mais j’ai aussi entendu l’inverse exact.Ok, mais vous, vous en êtes content ?De lui ? Ah oui complètement. En plus il en fait beaucoup moins dans le film que lorsqu’il reprend le personnage sur scène. Il me rappelle Tognazzi dans Les Monstres.Bon. Sinon je voulais terminer sur quelques  expressions du dialecte dauphinois qui m’ont particulièrement intriguées. Prêt ?Oui, dites-moiAlors, mon favori: Nikaku. C’est quoi exactement un nikaku ?Non c’est un niAkaku. Bah c’est un idiot. Par contre je serai incapable de vous  expliquer l’étymologie du terme.Bon ok, suivant : Bazu.Pareil, mais encore plus péjoratif. Du genre « bas du front ».Ok donc aucun rapport avec André Bézu ?Aaaah. Non je ne crois pas. J’ai eu la chance de le rencontrer d’ailleurs. Parce que j’ai fait La Classe à une époque où il était là. Mais ça a duré deux semaines.Vous avez rencontré Pompom aussi ?Ah je ne me souviens plus. Mais c’était épique.Bon ok et pour revenir aux expressions du film, ce que j’ai préféré c’est cette manière de mettre des « y » partout, ou plutôt des « zy »Ah ça c’est typiquement dauphinois. On-y-dit. On-y-fait. Disons-y. C’est permanent dans le coin, tout le monde en met partout.Bah oui, mais ça fait une demi-heure que je discute avec vous et vous ne l’avez même pas fait…Mais parce que je parle français couramment en fait...Non, oui d’accord, mais je voulais dire que, euh…Et je ne le fais pas non plus quand je joue Molière, Shakespeare ou Feydeau . Si ça peut vous rassurer…Ouf. Bon et sinon, finalement, les producteurs vont revoir leurs 400 000 euros?Peut-être oui avec les ventes du DVD. D’ailleurs le film est dispo à la Fnac de Grenoble et sur mon site internet papagalli.fr. N’oubliez pas de le signaler, hein.Interview : François Grelet