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Huit ans après le merveilleux Ma vie de courgette, dire que le nouveau Claude Barras était attendu tient de l’euphémisme. Et, disons- le d’emblée, il n’a pas raté la marche avec ce conte écologique qui a déjà séduit Cannes et Annecy. Il nous entraîne ici à Bornéo, dans une forêt tropicale ancestrale menacée de destruction par des sociétés forestières âpres au gain. Et raconte le combat d’une fillette citadine - dont le père travaille dans une plantation de palmiers à huile - pour l’empêcher en se reconnectant avec la partie nomade de sa famille, celle de sa mère trop tôt disparue, vivant au cœur de cette forêt. Un double récit initiatique donc où elle fera l’apprentissage de l’engagement politico- écologique tout en découvrant les secrets de famille enfouis par son père pour la protéger. Il y a ici chez Barras la volonté de délivrer un message à destination des plus jeunes, dans un mélange savamment orchestré entre réalisme des situations et poésie de leur traitement. Sans jamais infantiliser les choses. Dans la droite lignée de Ma vie de Courgette, son animation en stop- motion et toute l’expressivité de ses marionnettes aux yeux immenses feraient fondre les cœurs les plus secs. Mais, sur ce terrain, Barras pousse ici le curseur encore plus loin dans le soin mis à la création de cette forêt luxuriante, où chaque feuille, chaque plante a été dessinée à la main. Avec Sauvages, le Suisse signe un film en immersion où cette forme enveloppante accompagne son désir premier : célébrer les combats d’une jeunesse désireuse de corriger les erreurs de ses aînés.