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Les Indestructibles contient les qualités habituelles qui font de chaque film estampillé Pixar un spectacle grandiose, garantissant un carton mondial. Celui-ci ne devrait pas faire exception. Le scénario a été perfectionné dans ses moindres détails en termes de contenu dramatique, de rythme et d'équilibre. Après une exposition qui prend son temps, (...) le film change d'allure dans une deuxième partie qui délivre plus que son quota d'aventures exotiques ébouriffantes.
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- Fluctuat
A la mode, les super héros au cinéma ? Sans doute, mais pas pour Pixar, qui signe là avec Brad Bird un vrai joyau de mise en scène à la fois jouissif, inventif, intelligent et drôle.
Les Indestructibles représente jusqu'aujourd'hui les limites du post-modernisme sur lequel navigue Pixar depuis ses débuts. Cette recette consistant à jouer sur le décalage des figures à renfort de citations pour construire un univers qui se pense, se réfléchit et s'adresse aux parents comme aux enfants, trouve ici son dernier degré d'intensification. Situer ces personnages dans le quotidien, les confronter aux banalités de l'existence commune, leur donner une profondeur psychologique où se développent leurs problèmes existentiels ou prosaïques, est devenu monnaie courante. En ce sens, le film de Brad Bird, nouvel arrivant chez Pixar en exil depuis son curieux Géant de fer, ne fait qu'améliorer du déjà-vu.A mi-chemin entre Spiderman, Mystery Men et surtout le mésestimé Spy Kids avec sa famille de supers espions, Les Indestructibles suit donc cette ligne fondatrice d'une nouvelle race de héros ordinaires. Ici une famille de super héros condamnés à devenir des gens normaux sombre dans la monotonie du quotidien. Bob le père s'enlise dans la bureaucratie de sa compagnie d'assurance, son épouse - ex-Elastigirl - est devenue femme au foyer, leur fils court à cent à l'heure et en profite pour faire des blagues à ses profs, tandis que leur fille est une adolescente douée d'invisibilité. Mais Bob est nostalgique, l'action lui manque et il ne peut s'empêcher d'aller sauver du citoyen avec un vieil ami. Pas facile de s'adapter à un monde « normal ».Toute la première partie joue de contrastes super versus ordinaire. Un peu convenu du fait de ses personnages archétypaux, le film développe alors des situations systématiques. Entre le gamin turbulent, l'adolescente introvertie vaguement en crise, la femme au foyer féministe mais pas trop, et le bon père de famille, Les Indestructibles dresse le portrait d'une famille américaine à la limite de la caricature. Pourtant, l'univers décrit est tellement saisissant de détails, de perfection et à la fois d'épure, de stylisation rétro-futuriste très fifties, que l'on tombe immédiatement sous le charme. L'ambiance chaleureuse, douce et sucrée, est instantanément addictive. Puis arrive vite le moment de l'action. L'apothéose. Le moment où le projet déconstructiviste du super héros vole en éclats. En plongeant progressivement chacun des personnages sur une île évoquant un James Bond fantasmé ou les Thunderbirds, Brad Bird décrit un univers fabuleux où le plaisir et la sensation sont inouïs. Confronté à un psychopathe ayant élaboré un plan machiavélique pour sauver la terre, chaque personnage se trouve pris dans une succession de scènes d'actions époustouflantes et d'explorations jubilatoires. Passant de l'une à l'autre à un rythme confondant d'efficacité, le spectateur est fasciné. Entre une nuit étoilée à la végétation luxuriante de la jungle, et l'ambiance lounge des intérieurs, il baigne au milieu de mille gadgets délirants dans l'euphorie, l'étonnement et l'ivresse.Comme si jouer sur de pures sensations optiques (accélération, vitesse, mouvement, pause, ralentis, couleurs) ne suffisait pas, Les Indestructibles se révèle aussi très émouvant lorsqu'il révèle la nature des liens familiaux dans le feu de l'action. Magie de l'entraide et de la solidarité où l'on gagne toujours à se battre ensemble, comme lors du final tout en interaction où chacun ne peut exister que par l'autre. Le spectateur commence alors à comprendre enfin l'ampleur du projet. La désacralisation du super héros ne sert qu'à mieux refonder son mythe, à sublimer sa figure. La déconstruction est retournée afin de rebâtir de nouvelles idoles à partir des anciennes. Faux monument vintage d'animation, Les Indestructibles fait oublier toute sa gestation nostalgique pour tendre vers l'avenir une synthèse esthétique révolutionnaire de ses archétypes. Plus qu'un exploit technique, le film prouve que ce qui compte pour Pixar - dont c'est ici l'avant-dernier contrat avec Disney, avant Cars -, c'est justement de lutter contre l'ordinaire : avec des héros, qu'ils soient super ou non et surtout, surtout, par le cinéma.Les Indestructibles (The Incredibles)
Un film de Brad Bird / Studio Pixar
Etats-Unis, 2004 - Durée : 2h03
Avec les voix (originales américaines) de : Craig T.Nelson, Holly Hunter, Samuel L. Jackson, Jason Lee...[Illustrations : Photos © Buena Vista International]
Sur Flu :
- Les chroniques des films du studio Pixar : Le géant de fer (1999), Monstres et Cie (2002), Le Monde de Nemo (2003), Cars (2006)
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