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Le lyrisme est toujours un terrain dangereux qui peut vite glisser d'une fascination hypnotique à l'ennui le plus profond. Ici, les plans s'étirent à l'infini, se figent sur des rideaux à peine soulevés par une brise automnale. On reste pourtant scotché devant cette chronique rurale turque grâce à l'insidieux poison qu'y injecte Reha Erdem: la colère souterraine qui menace trois ados découvrant l'aridité du monde des adultes et l'étouffant carcan des traditions. A la condition d'aimer l'emphase de la musique d'Arvo Pärt, on sera subjugué par ce sublime livre d'images servant d'écrin à un requiem, terrassant psalmodie du deuil d'enfances brisées.
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Nous sommes dans la contemplation, nous sommes là-bas, de l’autre côté du Bosphore dans cet Orient qui nous tend la main. Devant ces images on pense au Zorba de Nikos Kazantzakis, aux récits de Virgile. Giono et Pagnol ne sont pas loin et Jacques Lacarrière aurait sans doute reconnu en cette terre « ennemie » de la Grèce, quelque chose de ses amours helléniques. Oui cette Turquie semble bien appartenir à notre vieille Europe. L’enfance et ses colères, sa culpabilité et sa résistance face au monde des grands, sous la peau le squelette du jeune homme de demain déjà apparaît et accompagne la personnalité qui se forme, voilà ce que montre magnifiquement le cinéaste. Rare.
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A travers leur quotidien imprégné de tensions, Teha Erdem célébre les rêves cachés et les désirs honteux, régulés par le mouvement circulaire des saisons, de la lune et du soleil. Une lente modulation présente la haine du père comme une souffrance qui corrode les âmes et infecte comme une maladie sexuellement transmissible. La beauté naturelle des paysages s'accompagne d'une bande-son organique qui laisse résonner les sanglots de rage, les gémissements d'amour, le bruissement des feuilles et le vent furieux.