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Prix Un certain regard, Despues de Lucia fut l’un des événements du dernier festival de Cannes et sort enfin en salles. Derrière le sujet choc du harcèlement à l’école (Alejandra couche trop vite avec un garçon de son nouveau lycée et devient la victime d’humiliation morales et physiques de la part de ses “copains”) ce que chroniquait Michel Franco, jeune cinéaste mexicain surdoué, c’est un deuil inaccepté et inacceptable qui mène aux pires extrémités.“Si je dois résumer le film, je dirai que c'est une étude sur la violence, et sur son acceptation. Ce qui m’intéressait, c’était la combinaison et le mélange des sujets. Amener le spectateur à se poser des questions, qu’il s’interroge sur ce qu’il voit, tente d’analyser les faits que je lui soumets” nous confiait récemment le réalisateur. Mais le plus fou, c’est la forme de ce récit circulaire (Despues de lucia commence sur un père qui part en bagnole et s’achève sur ce même personnage qui revient en bateau). Mécanique sadique, distanciation de la mise en scène, le film aurait pu ressembler à du sous-Haneke ou du mauvais Von Trier (deux références qu’il revendique) s’il n’y avait chez Franco une sensibilité, une liberté et une empathie pour ses personnages qui lui permettent de filmer l’abjection sans jamais tomber dans le voyeurisme ou la complaisance.D’ailleurs, si Franco établit très vite une charte graphique étouffante (ses longs plans séquences claustro donc), il ne s’interdit jamais d’y contrevenir : “il ne fallait pas être rigide. Je ne voulais pas m’enfermer dans un dogme (...) et je me suis laissé la possibilité, l’intuition, de casser mes propres règles. Je voulais ordonner le chaos sans faire disparaître le chaos”. Le résultat est un film d’une force et d’une ampleur sidérantes. Et l’affirmation d’un talent hors-normes. A suivre forcément.Lire l'entretien avec Michel Franco