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Cinq ans après Le Petit locataire, Nadège Loiseau revient au long métrage avec Trois fois rien, l'histoire de trois sans domicile fixe, Brindille (le Québécois Antoine Bertrand, franchement épatant), Casquette (impeccable Philippe Rebbot en clochard céleste) et La Flèche (Côme Levin) qui vivent au jour le jour dans le bois de Vincennes. Toutes les semaines, ils jouent au Loto, ce qui leur permet de rêver à l'hypothétique tour de monde qu'ils feraient s'ils remportaient la mise. Jusqu'au jour où, par miracle, ils gagnent une somme rondelette... qu'ils sont incapables d’encaisser, puisque qu’ils ne peuvent pas ouvrir de compte bancaire sans domicile et carte d’identité à jour. Un sujet pas facile (comment rire avec des SDF sans avoir l'air de se moquer d'eux ou de les regarder de haut ?) dont Loiseau s'empare pourtant avec beaucoup de délicatesse pour raconter une histoire d'amitié qui navigue entre la comédie (franche, vraiment rigolote) et le drame (la difficulté de ces trois hommes à s'extraire de la rue après tant d'années). Trois fois rien évite l'artificialité de la comédie sociale à la française et s'appuie en permanence sur ses personnages pour faire avancer le récit, questionnant au passage – et l'air de rien, c'est peut-être son tour de force – ce qu'est une vie « normale ». Un petit film très maîtrisé, souvent touchant, construit sur un scénario malin qui murmure les blessures de ses héros plutôt que de les hurler. Et parvient à en rire sans diminuer leur intensité.