- Fluctuat
Avec The visitor, Thomas McCarthy confirme son talent de conteur, minimaliste et puissant. A travers la chronique bouleversante d'une rencontre impossible, le réalisateur de The Station Agent s'attaque subtilement à la politique d'immigration Américaine post 11-Septembre. Sur le papier, le scénario de The Visitor laissait craindre un abus de violons mélodramatiques : l'histoire d'un prof d'économie du Connecticut, veuf et déprimé, qui retrouve la joie de vivre au contact d'un gentil Syrien clandestin, Tarek, qui lui apprend le djembe tout en le faisant réfléchir (lors de son injuste arrestation) sur la condition des immigrés expulsés. Pas facile, avec ce thème, d'éviter le pathos le plus lourd, et/ou le film à message bien-pensant du genre « aimons-nous les uns les autres en chantant ». Et curieusement, si The Visitor frôle ces deux écueils, les tutoie même de près, c'est pour mieux les contourner. Dans The Station Agent, Thomas McCarthy racontait avec un mélange rires/larmes savamment dosé les peines de coeur de trois parias sympathiques, dont un nain amateur de trains. Avec The Visitor, on retrouve toute la maîtrise de trait et le talent de portraitiste de McCarthy, mais aussi son sens du détail et du rythme - ici Africain. Pas un plan de trop dans sa mise en scène minimaliste, et une direction d'acteur pleine de tact. Richard Jenkins (Nathaniel Fisher Sr. dans Six Feet Under), impassible et mélancolique comme un Bill Murray, campe avec beaucoup de justesse le prof d'éco largué, soudain humanisé par sa rencontre avec un couple de sans-papiers. The visitor montre sa prise de conscience, rentrée mais violente, des abus de la politique américaine d'immigration. En cela, le héros WASP incarne un « visiteur » étranger en son pays, qu'il ne reconnaît plus.Sans chiffre ni slogans abrutissants, en prenant simplement le temps, par petites touches, de nous présenter ses personnages, le réalisateur réussit des scènes magnifiques, drôles (leçons de djembe), tragiques (la visite en prison), ou mélodramatiques (la naissance d'une romance entre le professeur Américain et la maman Syrienne). Tout cela est montré avec pudeur et humilité, et finit, sans prévenir, au détour d'une phrase, d'un mot d'amour chuchoté en Arabe, par bouleverser. Le constat politique, sans ambiguïté, n'en est que plus accablant.The VisitorDe Thomas McCarthyAvec Richard Jenkins, Haaz Sleiman, Danai Jekesai GuriraSortie en salles le 29 octobre 2008Illus. © TFM Distribution - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil réalisateur sur le blog cinéma
The visitor