Toutes les critiques de Norteado

Les critiques de Première

  1. Première
    par Alex Masson

    Pas de discours moralisateur asséné ici, juste le parcours d’un Sisyphe latino coincé à Tijuana, purgatoire entre deux enfers, chacun à leur manière. Pérezcano prend par ailleurs le parti de rire de la situation. Un rire jaune, certes, mais suffisamment présent pour que l’on
    comprenne que l’on n’est ni chez les Dardenne ni chez Iñárritu mais plutôt dans une zone franche où la question « Comment faire pour vivre ensemble ? » peut être débattue sans brutalité ni pathos. Si Norteado se perd de temps à autre dans des ramifications sentimentales dignes d’une telenovela, la belle simplicité avec laquelle il pose sur le tapis certains enjeux épate, quand elle ne provoque pas une adhésion définitive à ce drôle de film, entre feel-good movie et tribune politique décomplexée.

Les critiques de la Presse

  1. Les Inrocks
    par Serge Kaganski

    Norteado, c’est un western contemporain où la police des frontières remplace les cow-boys, alors que les Latinos succèdent aux Indiens et que les tenanciers du saloon sont des femmes.
    Le conflit central du western y est inversé : aujourd’hui, ce sont les “Indiens” qui émigrent et les “cow-boys” qui entendent défendre leur territoire et chasser les nouveaux arrivants. La vision de la question de l’émigration y est subtile : partir de chez soi, c’est à la fois un projet vital et un arrachement, semble dire Pérezcano.
    Norteado suggère aussi cette belle ou inconfortable idée : parfois, on ne choisit pas sa vie, c’est elle qui vous dirige.

  2. Le Monde
    par Jacques Mandelbaum

    Ce principe de répétition minimaliste qui gouverne le film ne fait pas seulement son charme. Il y introduit une belle réflexion sur le désir de liberté des hommes, qu'aucune frontière au monde ne saurait empêcher d'accomplir. Le remarquable final du film, ultime stratagème de passage dont on ne soufflera mot, mettra sur ce point tout le monde d'accord, avec une tristesse et une joie infinies.

  3. Télérama
    par Samuel Douhaire

    Après Sin nombre et Padre Nuestro, voici une nouvelle fiction très documentée - une de plus - sur l'immigration clandestine des Latino-Américains aux Etats-Unis. Norteado se distingue par un récit habile qui tantôt dilate le temps (l'attente et les gestes du quotidien filmés dans la durée), tantôt l'accélère via des ellipses inattendues. On apprécie également l'humour noir du réalisateur, notamment dans ce gag récurrent du héros qui, après chaque tentative ratée de passage de la frontière, se retrouve dans une salle d'accueil de la police sous les photos de George W. Bush et d'Arnold Schwarzenegger. Dommage que les relations amoureuses entre le péon mexicain et les deux femmes qui l'hébergent dans leur épicerie de Tijuana, la ville-frontière, soient aussi prévisibles...

  4. A voir à lire
    par Virgile Dumez

    C’est dans ce lieu indistinct, coincé entre deux mondes et entre deux destins possibles, que le cinéaste a choisi d’immobiliser son personnage principal. Malheureusement, en figeant les protagonistes en une pause, le réalisateur a pris le risque de diluer toute évolution narrative. Cet aspect figé du scénario est encore renforcé par les choix de mise en scène du cinéaste. Multipliant les longs plans-séquences muets, Rigoberto Perezcano allonge sans raison la totalité des scènes, au point de rendre artificiel l’ensemble des dialogues. Désincarné, froid et dépourvu du moindre sous-texte, Norteado mettra ainsi à rude épreuve la patience de bon nombre de spectateurs. Lors des cinq dernières minutes, on sent enfin poindre une émotion diffuse qui étreint le coeur. Trop tardivement serait-on tenté de dire au vu de l’ennui profond ressenti durant toute la projection. Ces quelques scènes finales nous indiquent tout ce qu’aurait pu être le long-métrage, sans cette volonté d’étirer chaque séquence jusqu’à l’infini. Les amateurs d’un cinéma purement contemplatif seront peut-être aux anges, mais les autres devront s’armer de patience devant cette accumulation de scènes inutiles.