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Deux jeunes femmes sont admises le même jour dans un centre de désintoxication. Elles vont se voir, se reconnaître et s’adorer. Leur amitié, d’abord circonscrite aux règles strictes du centre, perdurera hors les murs, dans « la vraie vie », véritable mise à l’épreuve de leur sevrage et, par extension, de leur lien affectif. Si, comme l’explique Marie Garel-Weiss la réalisatrice qui connaît personnellement son sujet, la toxicomanie est la maladie du lien, c’est aussi, paradoxalement, de lui que peut jaillir la résurrection. Céleste et Sihem, Sihem et Céleste. Ces filles-là (Zita Hanrot et Clémence Boisnard, actrices chargées à bloc dès les premières secondes, increvables et sublimes) campent donc un binôme instantané, une bête à deux têtes façon résilient evil, divergentes dans leur capacité à sauver leur peau, semblables dans leur passion de la défonce. Cette dernière, puissance invisible et vénéneuse du film, l’irrigue de sa séduction fatale, comme une sirène planquée derrière l’écran qui leur chanterait doucement : « Revenez ». Ce traitement sensible et sans manichéisme de la dope fait la singularité de La fête est finie, qui décrit le manque dans ce qu’il a de plus élémentaire : ce que l’on quitte est une terreur qu’on aime. On le redit, Marie Garel-Weiss sait de quoi elle parle pour l’avoir traversé. Si sa caméra pâtit parfois d’un naturalisme un peu forcé, son empirisme intime permet au film de rester droit, animé d’une pulsion de vie indéfectible.