Toutes les critiques de L'Ennemi intime

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Qu'un réalisateur quadragénaire, épaulé par l'érudition de son scénariste Patrick Rotman, s'attache à regarder la barbarie en face est en soi une excellente nouvelle. Après une mise en place tendue et efficace, servie par une caméra fluide et une lumière qui donne aux visages la texture de l'acier, le film bascule avec ses personnages dans une folie meurtrière que la mise en scène peine à restituer autrement que par la surenchère d'effets et de musique.

  2. Première
    par Eve Gimenez

    Comment d’honnêtes hommes pleins d’idéaux peuvent-ils se transformer en bourreaux atroces ? Cette réflexion sur la guerre d’Algérie, très peu abordée au cinéma, est le thème central du film de Florent-Emilio Siri. C’est à l’aide d’une mise en scène réaliste que le réalisateur montre le contexte qui a permis à la barbarie de l’emporter sur l’humanité. La puissance du film doit beaucoup à la prestation de Benoît Magimel. Il parvient à se glisser dans la peau d’un jeune lieutenant idéaliste qui devient peu à peu un tortionnaire fou. À l’instar de nombreux films sur la guerre d’Algérie, L’ennemi intime ne se contente pas d’effleurer le sujet de la torture. Impossible de rester indifférent.

Les critiques de la Presse

  1. Le JDD
    par Carlos Gomez

    La force du film de Siri réside dans le parfait équilibre entre le fond et la forme; entre le propos et le style. L'ennemi intime, c'est Steven Spielberg qui rencontrerait Pierre Schoendoerffer. On est au coeur du conflit, dans les hautes montagnes de Kabylie, et les balles sifflent comme des fouets. L'ennemi intime, c'est une histoire d'hommes qui offre à Magimel et à Albert Dupontel un match mémorable. L'idéaliste contre la brute, l'humaniste contre le fêlé, avant que les étiquettes ne volent.

  2. Télé 7 jours
    par Julien Barcilon

    Un an après Indigènes ce magistral film de guerre de la trempe d'un Platoon revient à son tour sur un pan de notre histoire douloureuse. (...) Sans manichéisme ni tabou, violemment anti-guerre, l'Ennemi Intime traque la bête qui sommeille en chacun et restitue, à hauteur d'hommes, la complexité singulière de cette tragédie.

  3. Télérama
    par Juliette Bénabent

    Tandis que les Américains ont vite et souvent porté la guerre du Vietnam à l'écran, les cinéastes français se sont rarement emparés de cet épisode. Rien qu'à ce titre, le film de Florent Emilio Siri est un événement. D'autant qu'il tourne le dos à l'option purement militante pour s'afficher résolument populaire : c'est bien un film de guerre, un grand spectacle, une superproduction avec stars (Albert Dupontel et Benoît Magimel, saisissants de vérité) et paysages grandioses de montagnes (filmés dans le somptueux Moyen Atlas marocain). Voilà pour la forme. Pour le fond, la crédibilité du propos historique tient en un nom : Patrick Rotman. (...) Il signe le scénario de cette fiction, avec un objectif clair : montrer la complexité de cette guerre, les dilemmes imposés à tous les combattants, l'engrenage des violences.

  4. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    (...) L'Ennemi intime devient un film qui saute à la figure, une histoire sanglante dont les protagonistes sont percés de balles, brûlés au napalm, torturés. (...) le scénario de Patrick Rotman ne rechigne pas à recourir aux clichés du film de guerre (qui relèvent plutôt du vocabulaire hollywoodien que du cinéma français). Heureusement, le scénario laisse leur place à d'autres préoccupations. Il inscrit systématiquement l'histoire de la guerre d'Algérie dans celle de l'armée française (...) Cette difficulté à embrasser tous les enjeux de cette guerre unique par les séquelles qu'elle a laissées (en 1964, qui en voulait encore à Ludendorff ?) n'est pas forcément à porter au discrédit de Florent-Emilio Siri. Elle est aussi la mise en scène d'un échec qui fait qu'à ce jour la guerre d'Algérie n'a pas encore trouvé la paix dans la conscience collective. En choisissant d'évoquer ce moment de l'histoire en termes guerriers, L'Ennemi intime fait au moins oeuvre de lucidité.

  5. Fluctuat

    Ecrit par Patrick Rotman à la suite de son documentaire du même nom, L'Ennemi intime plonge au coeur des opérations de "maintien de l'ordre" menées par la France dans les montagnes kabyles.
    Au fil de ce récit qui aborde les questions de la torture et des harkis, la caméra de Florent-Emilio Siri montre surtout le mal être de toute une génération de militaires obligés d'accomplir le sale boulot.
    - Exprimez-vous sur le forum cinémaDans les montagnes Kabyles en 1959 une compagnie de militaires fait respecter l'autorité de la France par des opérations de « maintien de l'ordre » et traque les membres du FLN. On découvre des jeunes appelés, des harkis, un vétéran des conflits coloniaux et un engagé volontaire rempli d'idéaux humanistes. Ce cocktail soumis aux secousses de l'Histoire tient le premier rôle dans une guerre qui n'ose pas encore dire son nom.Des hommes perdusUne guerre qui transforme les militaires en hommes perdus, car ils doivent gérer leurs états d'âmes, et trouver seuls des raisons légitimant leur engagement dans ce conflit.
    L'Ennemi intime met en avant les hommes de cette génération sacrifiée dans une bataille où chacun fut tiraillé entre sa conscience et sa part d'ombre. Une filiation psychologique peut être établie entre les témoins du documentaire de Patrick Rotman qui a donné son nom au film, et les personnages interprétés par les acteurs. Preuve que le film dépasse l'évocation et la narration pour rentrer dans le témoignage historique en s'inspirant du vécu des protagonistes de l'époque.Avec ses vues aériennes, le réalisateur affiche le caractère hostile de la région à pacifier, l'armée française doit évoluer le long de reliefs abrupts et escarpés propices aux embuscades et à la prolifération de la guérilla. Le choc visuel provient des scènes de combats, un peu à l'image du Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg où l'horreur de la mutilation n'est pas édulcorée et les batailles sont réalistes et convaincantes.Au fil du récit un duel s'installe entre le sergent Dougnac, Albert Dupontel, et le commandant Terrien Benoît Magimel, ils se toisent comme deux cow-boys, et le décor poussiéreux et sauvage du Maghreb renforce cette impression de western. Ces soldats symbolisent deux conceptions de la décolonisation, le premier est désabusé, il a déjà fait l'Indochine et connait l'atrocité des guerres d'indépendances, le second est un engagé volontaire droit dans ses bottes débordant de bonnes intentions à l'égard de la population algérienne martyrisée par les combats, et prise entre le racket pratiqué par le FLN pour financer la rébellion, et par les militaires français toujours à la recherche de renseignements qu'ils n'hésitent pas à recueillir en pratiquant la torture.La sale guerreCette unité va voir la sale guerre en face, elle leur renvoie un reflet d'eux-mêmes que chacun appréhende à sa manière, beaucoup boivent, d'autres s'isolent, certains l'acceptent et le domptent par sens du devoir. La torture et les manquements aux conventions de la guerre sont abordés sans détour à travers des scènes chocs.
    « Tu n'es plus un Algérien et tu ne seras jamais un Français », cette réplique adressée à un harki par Fellag dans le rôle d'un prisonnier résume la situation complexe des harkis qui ont participé à la libération de la France lors de la seconde guerre mondiale et qui ont dû choisir leur camp après la Toussaint rouge.
    Dans cette lutte l'adversaire n'a pas d'uniforme, il peut surgir à tout moment, mais l'ennemi ne se cache pas uniquement dans le maquis. Cet ennemi intime, c'est aussi celui niché dans la conscience profonde des combattants, là où a lieu le plus ardu des combats, celui qui permet de ne pas perdre son âme face à l'horreur quotidienne.L'Ennemi intime
    De Florent-Emilio Siri
    Avec Albert Dupontel, Benoît Magimel, Aurélien Recoing, Mohamed Fellag
    Sortie en salles le 3 octobre 2007Illus. © Thibault Grabherr / S.N.D.
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  6. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Dans cette guerre qui ne dit jamais son nom, les deux hommes, loin de toute « pacification », se livrent à une guerre intérieure bouleversante. Sécheresse des actions, beauté des paysages, densité des acteurs: le réalisateur donne un film impressionnant, un film dont la photo magnifique et la mise en scène tendue soutiennent un propos fort, la lutte intime contre sa propre barbarie. A quel moment bascule-t-on, pour devenir un animal, un tortionnaire sans conscience ? Sur le modèle d’un « Blood diamond » ou d’un « The constant gardener », « L’ennemi intime » dévoile une facette peu filmée de la guerre d’Algérie.

  7. Paris Match
    par Alain Spira

    Alors qu'on pouvait craindre le pire du réalisateur de Nid de guêpes, on ne peut que se réjouir de la puissance, du réalisme et de la crédibilité que Florent Emilio Siri a su mettre dans ses images. Il avait prouvé qu'il savait filmer; il démontre ici qu'il sait raconter une histoire d'hommes, de sang et de larmes avec une belle efficacité.

  8. Elle
    par Florence Ben Sadoun

    Sur un scénario écrit par Patrick Rotman, L'ennemi intime a l'ambition d'être le pendant d'un film américain sur la guerre du Vietnam. Certains plans de cette production épique, avec des scènes esthétisant l'horreur, font parfois penser à Platoon. Mais, derrière ces hommes qui s'affrontent avec leurs chapeaux de coow-boy et leurs chèches, il y a aussi la volonté du réalisateur de créer un débat pédagogique sur les tortures de l'armée fraçaise et sur la barbarie du FLN.