Bang Gang, une Histoire d'Amour Moderne

Le voilà donc le film qui a "électrisé le festival de Toronto", pour reprendre certains titres de presse. Le verbe "allumé" aurait été plus approprié. Car Bang Gang..., portrait de l’adolescence vu à travers le prisme d’un érotisme débridé (par dépit amoureux, une jeune fille invente des jeux sexuels collectifs sur fond de coke et d’alcool), ne tient pas les promesses de son pitch provocateur. La faute à un dernier acte narratif moralisateur qui fait s’écrouler le film sur lui-même, comme si la réalisatrice, consciente d’inciter à la débauche (et alors ?), se devait de remettre de l’ordre dans le chaos qu’elle avait instauré de fort belle manière. Dommage. 

Bang Gang convainc par son sens inné des codes de la jeunesse contemporaine (langage, façon de marcher, rapport à la musique ou aux réseaux sociaux…), par son portrait fin et cruel des relations amoureuses 2015. Le film, surtout, sidère par son énergie sauvage, élégante, sensuelle. 

Sexe, drogue et amour à plusieurs. Punition vénérienne. Mais un vrai souffle sensuel et moderne. Un amour transgressif des corps. 

Eva Husson met en scène cette poussée de fièvre en évitant aussi bien l’exaltation à la Larry Clark que le sentimentalisme hollywoodien.
 

 Avec une troupe d’acteurs novices épatants et un brin d’humour, son projet n’évite pas les stéréotypes ni les références. Mais au moyen d’une réalisation habile et aboutie, il les transcende pour aller jusqu’au bout de son inspiration sulfureuse et sensuelle.

En bref, une histoire à voir parce qu’elle nous rappelle les films de Larry Clark, en beaucoup plus tendre.

Les quelques scènes oniriques, les furtifs plans berlinois ou marocains et cette vision rougeoyante qui clôt le film, l’intelligence du mix musical, l’observation des nuages participent à la beauté presque obsédante de Bang Gang. 

Emaillé de belles idées, jusque dans l'utilisation d'une chanson de Véronique Sanson, le film sort du lot mais reste bancal, entre transgression mal assumée et conformisme latent. 

Eva Husson cherche la provoc mais semble ne pas assumer l'aspect subversif de son sujet, de même, d'ailleurs qu'elle peine à rendre crédible cette parenthèse luxurieuse. 

Ce film assez radical ne manque pas de qualités, même si certaines des intentions d'Eva Husson tombent un peu à plat (...)

Bang Gang est donc un film bien plus proche de la réalité qu’il n’y paraît, saisissant au vol, et avec beaucoup de sensibilité, l’émotion et la passion de ses jeunes héros, révélant du même coup leurs personnalités et leurs psychologies complexes.

Le cocktail aurait ainsi pu être explosif, puissant et vibrant, il n'est que suggéré, timide et fade.

(...) passé quelques traits délicats et au moins autant d’embardées aux relents un rien putassiers, ce caractère réticulaire venait appuyer aussi, avec une assez cruelle ironie, l’ultime péripétie d’une histoire soudain rattrapée par les leçons de morale. 

Bang Gang peut paraître un peu dépassé, plus encore pour qui a vu les films de Gus Van Sant, Sofia Coppola ou Larry Clark. Mais l’énergie de la jeune réalisatrice semble se nourrir de sa certitude d’être la première à révéler ce type de comportements.

Super poseur, Bang Gang cherche une profondeur dans les moules les plus creux.

Quelques élégants mouvements de caméra et la conviction des jeunes acteurs n’y changent rien : Bang Gang, absurdement sous-titré Une histoire d’amour moderne, a tout de l’exercice de style prétentieux et vain.