Dans la maison : François Ozon possède un indéniable talent de conteur [critique]

Le thriller avec Fabrice Luchini reviendra ce soir à la télévision.

Arte rediffusera ce soir Dans la maison, de François Ozon. L'histoire de Claude, interprété par le jeune Ernst Umhauer, est un élève de 16 ans particulièrement brillant et manipulateur. Cette année, c’est à son professeur de français, Fabrice Luchini dans le rôle de Germain, qu’il a décidé de faire la leçon. Chaque semaine, il s’introduit un peu plus dans la maison de la famille Artole et en offre un récit étonnamment détaillé à Germain. Face à un tel talent d’écriture, le professeur est ébahi et reprend goût à l’enseignement. Mais plus le temps passe, plus le jeune garçon s’immisce dans la vie privée d’inconnus, ce qui va déclencher une série d’événements incontrôlables…

Très investi dans ce projet, Luchini n’a pu s’empêcher d’improviser et de rajouter des phrases à son texte. Tant mieux : le résultat sonne juste. Dans la maison avait en grande partie conquis Première à sa sortie, en 2014. Voici notre critique.

Il va sans dire que François Ozon possède un indéniable talent de conteur que cette dernière livraison ne saurait contrarier. Dans la maison relève avec aisance un défi périlleux : le cinéaste y jongle en effet avec les fantasmes du lecteur (Luchini) et ceux du rédacteur-manipulateur (Ernst Umhauer, qui possède l’élégance et la perversité requises) et prend d’entrée de jeu, le spectateur par le col. Ce qui finit pourtant par gripper un peu la machine, c’est la superficialité chronique du réalisateur, régulièrement mangé de l’intérieur par ses travers de petit malin sûr de ses effets et conscient de leurs limites. Car le film se cloisonne vite en un exercice d’autoparodie savoureuse (mais pour le coup assez prévisible), dans lequel les figures du maître (bon critique mais piètre écrivain) et de l’élève (petit génie immature) constituent l’alpha et l’oméga d’un cinéma en déficit chronique de substance.