L'Affaire Fourniret : Dans la tête de Monique Olivier
Netflix

Une plongée dans l’esprit malade de celle qui a permis à son mari de tuer et de violer en toute impunité.

« Monique Olivier, c’est le Mal matérialisé sous la forme d’une vieille dame », lâche le père d’Estelle Mouzin dans le dernier épisode du documentaire L'Affaire Fourniret : Dans la tête de Monique Olivier. Résumé lapidaire d’un sujet complexe, d’ailleurs au centre du procès Fourniret en 2008 : Monique Olivier n’a-t-elle été que le pion de son mari - une femme soumise à une autorité diabolique - ou bien la complice active de meurtres et de viols d’enfants ?

Si les réalisateurs Christophe Astruc et Michèle Fines ont bien entendu leur avis sur la question, leur docu Netflix s’attelle pourtant à regarder l’ex-épouse de l'Ogre des Ardennes dans toute sa complexité. En cinq épisodes, ils sondent l’esprit de celle que tout le monde prenait au départ pour une « ménagère » complètement sotte, qui se révélera en fait avoir un QI largement au-dessus de la moyenne. Qui est vraiment cette femme qui baisse la tête et reste mutique face aux questions pressantes des enquêteurs ? Est-elle la même qui faisait des fellations à son mari pour le « préparer » avant les viols ?

On connaissait l’histoire, bien sûr, mais personne n’avait encore raconté ce monstrueux numéro de comédienne avec autant de détails. Ne perdant jamais de vue leur angle, Astruc et Fines enchaînent les témoignages édifiants (l’ex-procureur de la République Francis Nachbar, les avocats des familles des victimes, des policiers belges et français…), les reconstitutions toujours à propos et quelques effets qui cimentent la dramaturgie sans en faire trop (les morts disparaissant de photos comme Marty McFly dans Retour vers le futur). Et puis il y a cette voix : celle de Monique Olivier elle-même, que l’avocat Maître Richard Delgenes interroge par téléphone, alors que sa cliente est en prison. Faussement naïve, insensible à autre chose qu’à son propre sort, elle n’a pas un mot pour les victimes. Et refuse toujours de confesser les meurtres non élucidés, dont la justice suspecte qu’elle et Fourniret sont responsables : « Ce que je regrette, c’est qu’on refuse ma vérité », dit-elle avec des larmes de crocodile. Un discours de martyre, encore. Mais cette fois, le doute n’est plus permis.

L'Affaire Fourniret : Dans la tête de Monique Olivier, cinq épisodes à voir sur Netflix le 2 mars.