deadly class
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Une énième série sur une école spéciale pour ados différents... à la philosophie franchement douteuse.

Il y a parfois des oeuvres qui fonctionnent mieux sur papier. Autant les comics Deadly Class (parus depuis 2014) dégagent une force et un sens du politiquement incorrect grisant. Autant à l'écran, ces gamins allumés et leurs répliques stéréotypés prennent tout à coup une dimension très sérieuse un peu gênante. Il y a des choses qu'il ne vaut certainement mieux pas dire à voix haute... 

L'histoire de la série reprend ainsi trait pour trait celle des BD et nous ramène en 1987, sous la Présidence Reagan. Le jeune Marcus est un adolescent orphelin et sans abri, recherché par la police, parce qu'il aurait mis le feu à son foyer d'accueil (tuant au passage la plupart des enfants qui y vivaient). Durant sa cavale, il est secouru par d'étranges lycéens et par un vieux sage, Maître Lin, qui l'invite à rejoindre Kings Dominion. Dans cette école, on enseigne aux enfants d'assassins, de tueurs, de trafiquants et autres leaders vicieux du monde, comment devenir de bons petits meurtriers, capables de flinguer, empoisonner ou poignarder "ceux qui le méritent". A leur discrétion, évidemment...


Imaginez donc un Poudlard rempli de Serpentards, au sein duquel seraient formés les Dexter de demain... Oui, c'est assez glauque, macabre même, à l'image de la philosophie générale diffusée par Deadly Class : "Vous pouvez changer le monde avec une balle", n'est peut-être pas la meilleure chose à enseigner aux jeunes téléspectateurs amateurs du genre. Surtout en ce moment. Expliquer en long en large et en travers que c'est fun d'empoisonner son camarade de classe, ça nous laisse perplexe... Effectivement, on a du mal à trouver "cool" le fait d'aller tuer un SDF comme devoir du soir (qu'il le mérite ou pas).

Ce qui marche dans les comics ne fonctionne pas vraiment dans une teen série télévisée. Parce que l'adaptation n'arrive jamais (du moins dans son premier épisode) à sortir d'un premier degré juste sordide. Malgré l'implication de l'auteur original, Rick Remender (qui a lui-même écrit les épisodes), cette transposition au petit écran demeure excessivement dérangeante, échouant à mettre du sens derrière toute cette noirceur. Ni vraiment dénonciation cinglante de la réalité, ni véritable satire aiguë du monde moderne.

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Alors finalement, pour apprécier cette énième série sur une école spéciale pour ados différents, on se raccrochera à la forme. Visuellement, cette production signée Joe et Anthony Russo (les réalisateurs d'Avengers 3 et 4) est très stylisée, avec une solide mise en scène, une imagerie quasi-gothique très soignée et surtout une bande son 80's qui déchire. Le casting aussi, bourré de petits nouveaux, tient parfaitement la route et donne du corps aux différents gangs qui peuplent l'univers sanguinaire de Deadly Class. Ne manque plus qu'à leur donner une âme.

Deadly Class - saison 1 - sur Syfy depuis le 16 janvier 2019 - pas encore de diffusion en France.