EuropaCorp-ARP Sélection / Twentieth Century Fox / Le Pacte

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

TAXI 5 ★★★☆☆
De Franck Gastambide

L’essentiel
L'humour trash du réalisateur des Kaïra se marie bien avec l'ambiance Taxi, mais c'est Malik Bentalha qui vaut le prix du billet.

Les bons Taxi sont impairs. Entendez par là que sur cinq films, il y a deux ratages (la tambouille raciste et numérique de Taxi 2, le ratage industriel Taxi 4) et trois réussites : les sympatoches et plutôt innocents Taxi et Taxi 3 et donc le nouveau Taxi 5 qui vient de débarquer en salles. La promesse est de ressusciter la franchise avec l'énergie de Franck Gastambide, réalisateur des excellentes comédies Les Kaïra et Pattaya.
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A ADORÉ

L’ÎLE AUX CHIENS ★★★★☆
De Wes Anderson

Avouons-le, toutes brillantes soient-elles, les maisons de poupées “mélancomiques” de Wes Anderson ne nous surprennent plus vraiment depuis Fantastic Mr Fox. Ce passage à l’animation en stop-motion semblait être à l’aboutissement logique de la maniaquerie légendaire du Texan, en même temps qu’un possible point de non-retour : quel besoin de s’ennuyer avec le « réel » désormais quand on pouvait à ce point contrôler chaque poil d’oreille au millimètre près, plan par plan ? Le stop -motion et Anderson étaient fait pour s’entendre et la perfection de Mr Fox était là pour le confirmer : elle avait quelque chose d’indépassable.
Frédéric Foubert

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THE THIRD MURDER ★★★★☆
De Hirokazu Kore-Eda

Les premières images ne laissent aucun doute : en pleine nuit, un homme défonce le crâne d'un autre avant de l'asperger d'essence et d'y mettre le feu. Misumi (Koji Yakusho) vient de tuer son patron et de lui voler son porte feuille. En tant que récidiviste (il avait tué deux bookmakers dans des conditions similaires), il risque la peine capitale, toujours en vigueur au Japon.
Gérard Delorme

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L’HÉROÏQUE LANDE – LA FRONTIÈRE BRÛLE ★★★★☆
De Elizabeth Perceval et Nicolas Klotz

Le film s’ouvre sur un plan à travers la fenêtre d’un véhicule, long « traveling » sur le grillage blanc séparant la route de la lande, dont on ne distingue que des lambeaux verts pris dans une brume épaisse. Le second, fixe, passe du côté de la « Jungle » où 12 000 âmes ont trouvé refuge ; en arrière-plan, le passage des camions reste, lui, bien visible des migrants qui ont échoué ici, aux abords du port de Calais et du tunnel sous la Manche. Une fois cette frontière franchie, et avec elle posée la question du regard, Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval ne quitteront plus, 3 heures et demie durant (pour un an de tournage entre 2016 et 2017), cette « ville » et ses habitants, érythréens ou afghans, soudanais ou syriens, jeunes pour la plupart. Ils écoutent leurs histoires, observent leurs gestes quotidiens, prennent le pouls de cette communauté poussée hors du monde. Pas de voix off, peu de questions, quelques percées de musique extradiégétique, c’est l’image (vibrante) et le montage (patient) qui font narration dans ce lieu suspendu entre passé et futur, peuplé de héros d’une Odyssée non voulue, brutalement répétitive, privée de tout sens mythologique. Pourtant l’espoir surgit, par-delà l’incertitude devenue mode de vie, entretenu comme ces feux chétifs qui permettent de ne pas succomber au froid après avoir échappé à tant d’autres façons de mourir. Ce séjour dans l’hors-champs brasse en creux toutes les grandes questions de notre époque avant de nous laisser pantois, face à la mer comme une ultime frontière. Celle qui reste toujours à franchir, celle qui est en nous.
Michael Patin

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PREMIÈRE A AIMÉ

LUNA ★★★☆☆
D’Elsa Diringer

Luna, jeune fille vivant près de Montpellier qui participe avec son petit ami à un acte de violence gratuite contre un inconnu avant d’être étrangement attirée par ce dernier, pourrait constituer une héroïne comme le cinéma naturaliste français et les récits d’initiation amoureuse en ont déjà offert un certain nombre. Mais la force tenace de ce premier film tient à l’environnement sensoriel et plein de contrastes que la réalisatrice étend autour du personnage. Luna paraît ainsi longtemps enfermée dans la culpabilité alors même qu’elle travaille à ciel ouvert, dans une exploitation agricole. On la sent également solitaire bien qu'elle soit entourée d'une bande d'amis soi-disant soudés. C’est en la confrontant à ces blocages tout en ménageant de jolies respirations rythmiques qu’Elsa Diringer fait de l’excellente Laëtitia Clément une figure sentimentale qui touche au cœur.
Damien Leblanc

DU SOLEIL DANS MES YEUX ★★★☆☆
De Nicolas Giraud

Assumant la triple casquette d’auteur-réalisateur-acteur, Nicolas Giraud (déjà remarqué en 2009 avec le sensuel court-métrage Faiblesses) pratique un cinéma qu’il qualifie lui-même de « tactile », où les interactions entre personnages se doivent d’être exprimées par des plans rapprochés sur les corps et les peaux davantage que par des dialogues. Le cinéaste adapte ici un roman de Philippe Mezescaze (L’Impureté d’Irène) dans lequel une mère célibataire renoue lors d’un été à la Rochelle avec son jeune garçon puis croise la route d’un marin qui s’attache à eux. Les dilemmes affectifs et familiaux qui s’ensuivent pourront sembler ordinaires mais se voient sublimés par une mise en scène faisant entièrement confiance aux vibrations émises par les comédiens. Un choix de l’intimité risqué mais finalement radieux.
Damien Leblanc

SOUTHERN BELLE ★★★☆☆
De Nicolas Peduzzi

Il faut attendre la 54ème minute pour que ce documentaire prenne tout son sens. Jusque-là, on suivait les pérégrinations de Taelor, jeune et jolie Texane (un mix de Jessica Lange et Robin Wright) qui passe son temps à boire et à traîner avec une bande de mecs peu recommandables, drogués, racistes et collectionneurs d’armes diverses -qui chassent le lapin, de nuit, au fusil d’assaut. Mais qui est donc cette bimbo visiblement brisée et oisive ? C’est alors qu’intervient l’oncle maternel de cette « Belle du Sud », un clone de Joe Pesci parcouru de tics nerveux qui lui déforment le visage quand il part en vrille. Selon lui, le père de Taelor, qui le faisait travailler, l’aurait “baisé” en le virant du jour au lendemain. « T’étais mauvais ! », lui rétorque Taelor. « C’est faux, j’étais son meilleur atout ! », aboie l’oncle qui ironise sans ménagement sur la mort ridicule -dans les bras d’une call-girl- de son beau-frère. Le père ? Un millionnaire qui a tout légué à sa fille unique chérie dont on apprend qu’elle se rend régulièrement devant les tribunaux pour défendre ses intérêts face à une mère qui l’a fait interner durant sa jeunesse… Le tableau familial, sordide, est révélé par la caméra indiscrète du français Nicolas Peduzzi qui filme une enfant déchue en train d’uriner dans la rue, de comater sur le lino ou de danser sur le parking d’un supermarché au son de Julio Iglesias. Entre voyeurisme à la “Strip-Tease” et document unique, Southern Belle se révèle assez bouleversant.
Christophe Narbonne

ON A 20 ANS POUR CHANGER LE MONDE ★★★☆☆
De Hélène Médigue

"60% des sols sont morts, et le mode de production actuel ne nourrit pas la planète". C’est en partant de ce constat qu’Hèlène Médigue signe ce documentaire aussi captivant qu’alarmant. Elle y suit Maxime de Rostolan, fondateur du projet Fermes d’avenir, qui milite pour une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. A travers les témoignages d’intervenants passionnés (d’un agriculteur vendéen au Ministre de la transition écologique), ce film parle d’un sujet grave sans pour autant être morose. Il est un appel citoyen à la préservation de la planète, "en mâche" !
Alexandre Bernard

 

 

PREMIÈRE N’A PAS AIMÉ

KINGS ★☆☆☆☆
De Deniz Gamze Ergüven

1992, les quartiers populaires de Los Angeles s'embrasent après la relaxe d'une poignée d'officiers de police responsables du tabassage de Rodney King, un automobiliste Noir arrêté pour excès de vitesse. Dans l’Amérique post-Black Lives Matter, on imaginait plutôt des cinéastes engagés comme Kathryn Bigelow ou Ryan Coogler porter à l'écran ce fait divers qui a fait basculer l'Amérique dans le chaos. C'est finalement Deniz Gamze Ergüven, auteure du drame féministe Mustang, qui se retrouve aux manettes de ce brûlot sur fond de tensions raciales et de violences policières. Un brûlot… du moins sur le papier. Si la mise en place du film est forte, avec ses images de téléviseurs qui diffusent inlassablement les images de la bavure, la réalisatrice semble très vite perdre pied. Brouillon, didactique et trop éloigné de ses enjeux sociétaux, Kings manque sa cible. La faute au choix de raconter les conséquences de l’événement sur une famille emmenée par une mère courage, campée par une Halle Berry absente, qui s’amourache d'un voisin un peu loufdingue (Daniel Craig en roue libre). Tous seront éclaboussés par la violence collatérale des émeutes. La matière dont s’empare la jeune cinéaste paraît trop dense, et finit par lui échapper totalement, accouchant au final d'un mélo ubuesque qui enfile clichés tartes et situations hallucinantes. À commencer par ce rêve érotique d'une rare mièvrerie où Daniel Craig vient compter fleurette à Halle Berry.
François Rieux

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