Quand Spielberg nous confiait que ses films nuisaient aux ventes de pop-corn…
Mis à jour du 18 décembre 2016 : Steven Spielberg fête aujourd'hui ses 70 ans. A l'occasoin des 40 ans de Première, nous avions ressorti cet entretien de nos archives.
Eté 1981. C’est un Steven Spielberg épuisé (voir photo) qui reçoit Henry Béhar à Los Angeles pour la sortie des Aventuriers de l’arche perdue, le premier volet de la saga Indiana Jones. Mais, même fatigué, Spielby est capable de donner une interview culte, de celles qu’on relit 35 ans après avec des étoiles plein les yeux et le sourire aux coins des lèvres. La preuve.
Nous sommes encore à une époque où les réalisateurs s’expriment en promo sans contrôle. Lorsqu’on évoque avec Spielberg le concours de shots remporté par Karen Allen au début du film, il nous lâche tranquillement qu’elle boit aussi bien en dehors du plateau. Plus loin dans l’entretien, il se lancera dans une longue tirade sur la qualité des projections, imaginant l’expérience cinéma du futur : "une seule copie, une seule bande son, un satellite, mille salles ! Et vous pourrez contrôler les réactions des gens, influer sur leur rythme cardiaque par des accessoires incorporés à leurs fauteuils, savoir comment ils réagissent physiologiquement et émotionnellement au film." Sans parler de son idée de projeter des films directement dans le cerveau humain : "Ca va être le marché idéal pour le porno !"
Avant cela, le jeune réalisateur (il n’avait que 35 ans à l’époque) nous aura livré toutes les anecdotes que vous connaissez aujourd’hui sur Indiana Jones, dont l’origine de son nom (qui vient du chien de George Lucas) ou la raison de la fameuse scène où Indy abat un guerrier d’un simple coup de pistolet (parce qu’Harrison Ford sortait de deux jours de dysenterie).
On apprendra aussi que Jacques Dutronc devait obtenir le rôle du méchant : "Jacques Dutronc était mon choix numéro un. C’est pour moi le premier acteur au monde et je le tiens pour une véritable star (…) Il pourrait être une plus grande star internationale que Robert Redford, s’il voulait bien apprendre l’anglais".
Mais le moment le plus hallucinant de l’interview arrive quand Spielberg nous sort que "Les Aventuriers… a un mauvais box-office" et qu’on lui demande de s’expliquer :
"Je parle du pop-corn ! Les gens restent cloués à leur fauteuil et ne vont pas se réapprovisionner en cours de projection. La plupart des salles de cinéma aux Etats-Unis ont retardé le début de mes séances pour accorder dix minutes de plus à la confiserie. Jaws, c’était pareil. Mon nom doit être synonyme de manque à gagner pour le pop-corn. Ce qui est d’une certaine manière un beau compliment."
Entretien paru dans le numéro 54 de Première (septembre 1981)
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