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Le dandy moustachu était l’idole de plusieurs générations de Français.

Mise à jour du 2 mars 218 : "Sans moustache on a l'impression de pas avoir de slip", le discours de Guillaume Canet aux César pouvait paraître absurde pendant un instant, mais c'est par les mots de Jean Rochefort que l'acteur a présenté la vidéo hommage aux personnalités décédées en 2107 et en ce début d'année. Sur un air émouvant de France Gall, des images de Jean, puis Claude Rich ou Gisèle Casadesus ont défilé.
Un hommage qui donne envie de replonger dans la filmo de Jean Rochefort.

L'hommage des César est à revoir sur la page Dailymotion de Canal +

Hommage à Jean Rochefort publié après sa mort, le 9 octotre 2017 : Qui n’aimait pas Jean Rochefort ? Faites le test, regardez les mines attristées autour de vous : tout le monde reçoit l’annonce du décès de l’acteur comme un coup de massue. Presque un choc personnel. Il faisait partie du quotidien d’au moins trois générations de Français : ceux qui faisaient un triomphe aux comédies d’Yves Robert dans les années 70 ; ceux qui ont été bercés par sa voix chaude et rassurante quand il “hostait” le Disney Channel période Winnie l’Ourson ; ceux qui ne l’avaient découvert que récemment grâce à la pastille “le boloss des belles lettres”… Jean Rochefort faisait le lien entre la génération du Conservatoire (les copains Belmondo, Marielle, Noiret…) et celle des Chabat-Baer-Canet, qui en avaient fait une sorte de figure tutélaire, de tonton loufoque, de parrain excentrique. Il unissait De Broca et Terry Gilliam (leur Don Quichotte inachevé), Angélique, marquise des anges et RRRrrr !!!

Jean Rochefort : "J'ai toujours été dévoré par le doute"

Quel film retenir au moment de l’hommage, parmi les 160 titres listés par IMDb ? Chacun a son préféré, son Rochefort chouchou. Les silhouettes impeccablement dessinées de faire-valoir philosophes ou de méchants diaboliques, dans Cartouche, Les Tribulations d’un Chinois en Chine ou Le Grand Blond avec une chaussure noire. Les grands rôles seventies ombrageux chez Schoendoerffer (Le Crabe-Tambour), Cavalier (Un étrange voyage), Tavernier (L’horloger de Saint-Paul, Que la fête commence). Toute la série de films tournés avec Patrice Leconte, des Vécés étaient fermés de l’intérieur à L’Homme du train, en passant par Tandem, Le Mari de la coiffeuse, Tango, Ridicule et le sous-estimé Les Grands Ducs. Les films n’étaient pas toujours géniaux mais lui ne décevait jamais. Même les pubs pour les assurances étaient meilleures grâce à lui. Les noms de ses personnages, eux, semblent raconter une vision du monde : Maître Albert Légal, colonel Louis Marie Alphonse Toulouse, Martin Belhomme, Henri Sauveur, Michel Marteau, Inspecteur Tantpis.

L'hommage de Terry Gilliam à Jean Rochefort

Jean Rochefort était l’incarnation de la France des Trente Glorieuses, ou du moins le reflet fantasmé que la France avait envie de renvoyer d’elle. Surtout depuis que les Trente Glorieuses n’étaient plus qu’un lointain souvenir… Au fil des rôles, il avait inventé une persona unique de gentleman amusé riant dans sa barbe (enfin, sa moustache), choisissant de contrer chaque nuage de mélancolie d’un trait d’esprit. Sa personnalité avait fini par dépasser le cinéma pour devenir une leçon d’élégance permanente. Les Américains ont Bill Murray, mais nous l’avions lui, le dandy originel. On raconte que, sur le manteau de la cheminée de son appartement parisien, un buste de Don Quichotte en terre cuite tournait le dos au visiteur pour faire face à une reproduction représentant une tête de mort ricanante.

Il y a plus de 100 films de Jean Rochefort, peut-être autant d’apparitions télé, mais s’il ne fallait en retenir qu’un seul, ce serait Un éléphant, ça trompe énormément, celui qui fixe dans la conscience collective son image publique, une idée de cinéma funambule, libre comme l’air et cavaleuse. Yves Robert avait vu en lui un alter ego et le sublimait en bourgeois pompidolien, séducteur malgré lui, bourreau des cœurs et copain idéal. En baratineur irrésistible, surtout, grâce au flow des dialogues de Dabadie. « Vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre. », pour citer le plus beau de tous. Jean Rochefort donnait l’impression que pour lui, la vie était légère, facile. C’était une illusion bien sûr. Mais le tour de passe-passe aura été parfait.