Les choses humaines
Curiosa Films, Films sous Influence, Gaumont, France 2 Cinéma

Le réalisateur filme sa femme Charlotte Gainsbourg, son fils Ben Attal et la comédienne Suzanne Jouannet.

"Bonjour, police judiciaire. Vous êtes Alexandre Farel ?"

Ainsi commence la bande-annonce du long métrage d'Yvan Attal, Les Choses Humaines, porté par son épouse Charlotte Gainsbourg et leur fils Ben Attal (actuellement à l'affiche des Rois de la piste). Adapté du roman éponyme de Karine Tuil, publié en 2019, le film interroge le monde contemporain en démontant la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et en nous confrontant à nos propres peurs. 


Ben Attal : "J’ai abandonné un très beau métier pour faire le plus beau métier du monde !"

Dans ce film diffusé ce soir sur France 2, pour la première fois en clair, Alexandre (Ben Attal) est accusé d'avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l'affirme l'accusé ? Beaucoup de questions dont les réponses s'éclairciront au fil de l'histoire, interrogeant la notion même de vérité. Qui a raison, qui a tort ?

Avec un casting de prestige dont Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassovitz et Pierre Arditi tiennent les rôles d'autorité, Les Choses Humaines met à mal la conscience individuelle. Car comment protéger ceux qu'on aime, lorsque ses propres valeurs sont en jeu ?

GALERIE
Jérôme Prébois

Révélant au passage la jeune comédienne Suzanne Jouannet, Les Choses humaines avait plutôt convaincu Première à sa sortie en septembre 2021, même si l'adaptation reste moins forte que le roman, ou qu'un autre film sur un sujet proche : La fille au bracelet, de Stéphane Demoustier. Voici notre critique.

Prix Interallié et Goncourt des lycéens 2019, Karine Tuil s’est brillamment emparée avec Les Choses humaines de la question de consentement, devenue centrale dans la foulée du mouvement #Metoo. 352 pages n’étaient pas de trop pour embrasser toute la complexité du sujet et y distiller de l’ambiguïté.

On comprend donc aisément ce qui a donné à Yvan Attal, l’envie de le porter à l’écran et de retrouver le terrain du sociétal après Le Brio. Son personnage central (remarquablement campé par son fils Ben) est un garçon bien né : fils d’un journaliste star de la télé et d’une essayiste féministe, il suit de brillantes études aux Etats- Unis et c’est lors d’un bref passage à Paris, au cours d’une soirée que sa vie basculer en s’y rendant avec la fille (Suzanne Jouannet, une révélation) du nouveau compagnon de sa mère qui l’accuse de l’y avoir violée.

La caméra d’Attal ne montre rien de ce qui s’est passé et cette soirée constituera le fil rouge des flashbacks, dans une quête de vérité complexe car, sans témoin, il s’agit de la parole de l’une contre celle de l’autre. L’âme du livre est donc respectée mais même en 2h20, le terrain du cinéma oblige à des raccourcis (notamment des personnages secondaires trop réduits à des archétypes) jusqu’à l’inévitable procès final, que la mise en scène d’Attal ne parvient pas à transcender.

Dans cette manière d’explorer les zones grises d’un fait divers et de s’emparer du huis clos du tribunal, La Fille au bracelet se révélait plus probant. Ceux qui ont lu Tuil risquent donc de sortir frustrés d’une adaptation… qui devrait donner aux autres l’envie de la lire !

Suzanne Jouannet, la révélation des Choses humaines