Wonder Woman 1984 (2020)
Warner

L’Amazone prend la direction des 80s dans une suite mal dégrossie et obsédée par le Superman de Richard Donner.

Repoussé à peu près cinquante fois et finalement privé de sortie dans les salles françaises, Wonder Woman 1984 débarque par la petite porte, plus de trois mois après les États-Unis. Budget massif, projet modeste : exit l’ironie qui gangrène les blockbusters super-héroïques modernes, retour à une certaine forme de naïveté originelle. Patty Jenkins, toujours à la barre, se réclame d’ailleurs ouvertement du Superman de 1978.

Pourquoi pas. Seulement l’hommage au film de Richard Donner devient obsessionnel jusqu’à l’absurde, comme si cette suite ne pouvait exister que dans la citation semi-parodique, terrifiée à l’idée d’inventer quoi que ce soit. Tout y est toc (les scènes d’action, spectaculairement laides et surdécoupées), alambiqué (le scénario, qui tourne autour d’un artefact permettant de réaliser le vœu le plus cher de chacun), appuyé à l’extrême (le décorum 80's bien propret, le discours sur le harcèlement de rue). Trop plein et abyssalement vide à la fois, le film se perd dans des sous-intrigues avec Kristen Wiig et Pedro Pascal en surrégime.

Et quand, enfin, Jenkins se décide à s’attaquer au seul sujet de cinéma qui aurait pu animer Wonder Woman 1984 (la confrontation entre les années 80 –ère de la win et du capitalisme à son paroxysme– et la pureté de l’Amazone jouée par Gal Gadot), la mièvrerie consternante du propos dévore tout. On cherche encore la dose de fun et d’insouciance qu’on était venu chercher. 

Wonder Woman 1984, disponible en achat numérique et le 7 avril en VOD/Blu-ray.