"L’Académie devrait trouver un moyen de ne pas lier les réalisateurs à leur gouvernement", estime le cinéaste iranien.
La commission mise en place par le CNC a dévoilé son choix ce mercredi soir. Et c’est donc Un simple accident, un film iranien tourné en farsi, qui défendra les chances françaises pour l’Oscar du meilleur film international 2026.
Arco de Ugo Bienvenu, La Petite Dernière de Hafsia Herzi, Nouvelle Vague de Richard Linklater et Vie Privée de Rebecca Zlotowski étaient également en lice.
Pourfendeur de la République Islamique, le réalisateur Jafar Panahi a tourné ce film clandestinement, avec le soutien financier de Philippe Martin et David Thion (Les Films Pelléas) et Bidibul Productions (Luxembourg). Un simple accident est une production majoritairement française, et donc techniquement un film français. Il sortira en salle le 1er octobre.
Déjà récompensé à Berlin ou à Venise, Jafar Panahi a décroché la Palme d’or en mai dernier au Festival de Cannes. Mais il n’avait jamais pu être nommé aux Oscars à cause de ses positions vis à vis du régime iranien.
"Le seul moyen pour concourir aux Oscars, c’est d’être présenté par un pays, et l’Iran n’a jamais voulu que Jafar Panahi représente l’Iran", a expliqué Philippe Martin, fondateur des Films de Pelléas. "Je suis aussi très heureux parce que ce film a un message tellement fort politiquement que plus il résonnera, plus il sera vu, plus on en parlera et mieux ce sera".
L’an dernier, la commission avait déjà choisi un film tourné principalement en espagnol, Emilia Perez, mais réalisé par un Français, Jacques Audiard, et produit en France. Majoritairement américano-britannique, The Substance (tourné en anglais) de Coralie Fargeat n’était lui pas éligible.
En 2015, la France avait misé sur Mustang, un film turc mais réalisé par une franco-turque, Deniz Gamze Ergüven, formée à la Fémis. Dans le cas d’Un simple accident le lien avec la France est encore plus ténu, Jafar Panahi n’ayant jamais travaillé ou vécu dans l'Hexagone.
Mais le président du CNC, Gaëtan Brue, défend lui aussi ce choix, soulignant le rôle de la France comme "terre d'accueil pour les créateurs du monde entier, notamment ceux qui sont empêchés de travailler dans leur propre pays."
Présent au Festival du film de Busan, Jafar Panahi a eu l’occasion de réagir publiquement à l’annonce. Et il a souligné cette incongruité, en appelant à un changement de règles.
"On a un petit problème avec l’Académie et sa sélection internationale. Quand on fait des films, on peut les envoyer aux festivals internationaux sans autorisation de l’Iran. Mais en ce qui concerne l’Académie, on a besoin de la permission de notre gouvernement.
Je pense que l’Académie devrait trouver un moyen de ne pas lier les cinéastes à leurs gouvernements. Les réalisateurs indépendants doivent se réunir et trouver une voie pour pouvoir soumettre leurs films à l’Académie sans avoir à subir ce genre de problème avec le gouvernement de leur propre pays."
La commission était composée de Carole Baraton (exportatrice, Charades), Thierry de Clermont-Tonnerre (producteur, Mact Production), Audrey Diwan (réalisatrice), Ron Dyens (producteur, Sacrebleu Productions), Grégoire Melin (exportateur, Kinology), Adeline Monzier (programmatrice), Sylvie Pialat (productrice, Les Films du Worso), Clémence Poesy (comédienne), Patrick Wachsberger (producteur) et Florian Zeller (réalisateur).
L’Académie des Oscars dévoilera une shortlist de 15 films le 16 décembre prochain, avant d’annoncer les 5 nommés à l’Oscar du meilleur film international le 22 janvier 2026.







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