Affiches Films à l'affiche mercredi 7 juin 2023
Paramount Pictures/ Sony Pictures/ Eurozoom

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
TRANSFORMERS : RISE OF THE BEAST ★★☆☆☆

De Steven Caple Jr.

L’essentiel

Loin des délirants vertiges de la franchise sous le règne Michael Bay, le septième épisode la saga Transformers se contente de faire le job.

Passé le prologue de space opera un brin nanar, le nouveau Transformers parvient presque à convaincre dans son premier acte, où l'on suit en parallèle deux personnages : l'un, Noah,  ex-soldat bricoleur qui cherche un boulot pour payer les soins de son petit frère diabétique ; l'autre, Elena, apprentie archéologue qui tombe sur un étrange artefact. Le premier est joué par le charmant Anthony Ramos (Hamilton) et la seconde par la très intéressante Dominique Fishback (The Deuce). Leur aventure en parallèle, rythmée par des standards du  rap 90's (nous sommes à New York en 1994, donc la moindre scène balance du Nas ou A Tribe Called Quest), est agréablement fun et accrocheuse. Et bien incarnée. Bon, forcément, après, les robots débarquent et prennent de plus en plus de place, jusqu'à devenir une orgie de bastons en numérique. Ce qui n'est pas si grave en soi -après tout, on va voir un film Transformers- mais le résultat est plutôt plat. Un peu plat, d'abord par rapport au reste de la franchise qui même dans ses moins bons épisodes portait toujours les vertigineux effets d'échelle de Michael Bay. Et un peu plat par rapport -ce qui est plus regrettable- au début du film en soi pour se contenter d'être un film de robots géants, qui fait simplement son job, et rien de plus.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

L’ÎLE ★★★★☆

De Anca Damian

Peu de choses semblent réunir L’Extraordinaire Voyage de Marona, Le Voyage de Monsieur Crulic et cette Ile si ce n’est l’incroyable talent de la roumaine Anca Damian à déployer son imaginaire pour raconter le réel, et en révéler la complexité à travers la fable. Ici, Damian adapte une pièce basée sur le mythe de Robinson Crusoe. Son héros est un médecin qui vit sur son île à l’écart du monde. Mais brusquement, son quotidien est bouleversé par l’arrivée de migrants et, parmi ceux-là, d’un homme qu’il va secourir du naufrage et appeler Vendredi. 

Fable hybride, par ses techniques d’animation qui mélangent 2D et 3D et par le mélange entre comédie musicale et tragédie, L’Île joue avec des références culturelles célèbres pour mieux les détourner. En recyclant tous ces archétypes, en les concassant façon surréaliste dans un univers enchanté (un peu à la manière des Monty Python), Damian offre un regard perçant sur la crise morale de notre monde contemporain. Crise migratoire, pollution, capitalisme exacerbé, esclavagisme sont décrits avec une poésie qui frise l’absurde et qui permet d’entrevoir, comme en négatif, la crudité, la noirceur et l’enfer de notre réel.  

Gaël Golhen

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LE VRAI DU FAUX ★★★★☆

De Armel Hostiou

Le Vrai du faux est-il une supercherie bêta ou un grand documentaire barré ? On penche (timidement d’abord, puis tête baissée) pour la seconde option. L’homme derrière la caméra s’appelle Armel (Hostiou). Un jour, il découvre qu’une personne a usurpé son identité et créé un faux profil Facebook à son nom, avec vrais clichés et amies établies à Kinshasa (« Kin » pour les intimes). Il embarque pour la RDC, mène l’enquête, rencontre une artiste qui assemble des pieds de chaise cassés, caresse des chiens nommés Macron et Trump, flirte avec un « Picasso » du net, soupçonne un homme qui porte un débardeur « Fries before guys » et un sourire en coin. Bref, c’est surréaliste, artisanal, absurde, très drôle. Sans prétention. Méta aussi : « Il ne faut pas séparer le vrai du faux… Le faux est en toi. Il existe… Cherche-le… Deviens le faux… » Quelque part entre David Lynch et Édouard Baer donc.

Estelle Aubin

 

PREMIÈRE A AIME

DERNIERE NUIT A MILAN ★★★☆☆

De Andrea di Stefano

On lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Alors qu’il s’apprête à rendre son uniforme de carabinier, après 35 ans de bons et loyaux et services où il n’a jamais fait usage de son arme, Franco Amore porte parfaitement son nom. En apparence seulement. Et avec son premier film dans son Italie natale après deux expériences américaines (Paradise lost et The Informer), Andrea Di Stefano explore la face cachée de cet homme à deux doigts de tout perdre en une nuit, la dernière de son service, à cause d’un flirt trop poussé avec l’illégalité, une complicité dans un vol qui va mal tourner. Filmé en 35 mm, ce thriller se révèle classique au meilleur sens du terme. Tendu et sans esbrouffe avec un réalisateur qui laisse toute la place à un récit riche en rebondissements, à des personnages ambigus faisant fi des archétypes et à des acteurs majeurs : l’immense Pierfrancesco Favino et l’épatante Linda Caridi.

Thierry Cheze

CAMILA SORTIRA CE SOIR ★★★☆☆

De Ines Maria Barrionuevo

Tout débute par une course- poursuite dans les bois. Des ados cherchant à échapper aux flics après une manif. La caméra s’attarde sur l’une des rebelles, jeune féministe mais n’arrive à la filmer que de dos. En un plan tout est dit : Camila (Nina Dziembrowski, renversante) est une héroïne insaisissable qui, s’installant à Buenos Aires à cause de la maladie de sa grand- mère se retrouve élève d’une institution traditionnaliste dont les carcans vont vite l’étouffer tout en la poussant à aller toujours plus loin dans la connaissance de qui elle et ce qu’elle aime (garçons et filles indifféremment) quitte à se brûler les ailes. Inès Maria Barrionuevo embrasse ici l’adolescence au plus près et au plus juste, des nuits où les corps se mêlent avec la sensation que rien ne pourra les atteindre aux journées où la réalité (jalousie, trahisons…) les rattrape et éclaire leur vulnérabilité. Pour un résultat vibrant, sensuel mais jamais voyeuriste.

Thierry Cheze

PETIT SAMEDI ★★★☆☆

De Paloma Sermon- Daï

Avant Il pleut dans la maison, son premier long-métrage de fiction présenté à la dernière Semaine de la Critique, la cinéaste belge Paloma Sernon-Daï s’est penchée sur la vie tumultueuse de son grand frère Damien, un toxicomane assumé vivant au cœur d’une petite bourgade de la province belge. Plutôt que de dresser le portrait d’un homme écrasé par l’enfer de la drogue, la réalisatrice filme un être consciencieux, désireux de s’en sortir, présenté au fil de la relation fusionnelle qu’il entretient avec sa mère, femme au caractère trempé inquiète pour cet homme-enfant de 43 ans. Elle en devient dès lors le centre du film, se révélant particulièrement touchante quand elle se met à chercher Damien dans les rues de son village, moquée des adolescents choqués par l’âge de celui qu’elle appelle le « gamin ». Afin de mieux exprimer cette douleur sourde, Paloma Sernon-Daï fait le choix d’un dispositif fixe avec de longues séquences filmées en plans larges où rien ne se dit, mais où tout est signifié. La pudeur de la mise en scène rend dès lors le film plus beau et involontairement plus intime.

Yohan Haddad

LOW-TECH ★★★☆☆

De Adrien Bellay

Qui n’a jamais jeté son smartphone au bout de 2 ans, faute de savoir comment le réparer ? Ne faudrait-il pas réfléchir à deux fois avant de foncer vers le progrès technique ? Voici les questions que pose Adrien Bellay, qui après L’Éveil de la permaculture, revient avec un second documentaire pédagogique ciblé sur le low-tech, ces technologies durables et accessibles à tous. Il part à la rencontre d’ingénieurs et d’agriculteurs, entame diverses discussions avec coopératives et entrepreneurs. Tous œuvrent pour le monde d’après en démocratisant une transition énergétique, un autre mode de vie. Outre la réponse d’un réalisateur face à notre dépendance au high-tech, Low Tech est un film qui transcende sa forme conventionnelle pour se laisser porter par son message d’urgence chargé d’espoirs.

Lucie Chiquer

REGLE 34 ★★★☆☆

De Julia Murat

La sexualité féminine est-elle encore un angle mort du cinéma ? Peut-être bien, se dit-on, en regardant Règle 34, tant chacune des scènes innove, détonne, capte une lueur inédite (ultrasensible ?) de l’érotisme. Le jour, Simone est une étudiante en droit, sérieuse et sincère. La nuit, derrière son écran, elle mute. Devient une camgirl lascive, crinière échevelée, aimant le BDSM. De cette double-vie, naît une mélancolie. Ou bien, une tragédie. Simone se bat, se débat contre elle-même et contre le système patriarcal. Règle 34 fait ici écho à Mustang de Deniz Gamze Ergüven (2015), 50 nuances de Grey de Sam Taylor-Johnson (2015) ou Jeune et jolie de François Ozon (2013). Mais se place à côté, dans registre autre : cru et doux, féministe et mélancolique. En dehors de toutes les balises morales.

Estelle Aubin

LES GRANDES VACANCES DE COW- BOY ET INDIEN ★★★☆☆

De Vincent Patar et Stéphane Aubier

Créés en 2001 par Stéphane Aubier et Vincent Patar dans la série télé Panique au village puis héros d’un long métrage du même nom en 2009, les personnages- figurines animées Cowboy, Indien et Cheval sont de retour le temps de deux courts métrages, La Foire agricole et Les Grandes vacances, proposés dans un même programme de 55 minutes. Deux aventures rocambolesques à souhait qui confirment le génie du duo belge à faire de la folie douce leur terrain de jeu favori. Petits et grands seront conquis.

Thierry Cheze

MY LOVE AFFAIR WITH MARRIAGE ★★★☆☆

De Signe Baumane

Dans ce mois riche en films d’animation emballants (Marcel le coquillage, L’Île), ce long métrage letton n’a pas à rougir de la comparaison. Bien que trop long et peinant à tenir son rythme très tonique sur 1h50, difficile de bouder son plaisir devant cet objet où comédie musicale, manifeste féministe et autofiction se marient aussi bien que les styles d’animation convoqués. On y suit une Lettone qui a grandi avec l’idée que la féminité devait être discrète et soumise et dans l’attente du prince charmant pour résoudre tous ses problèmes. Jusqu’à ce que son corps entre en rébellion contre cette obsession à rentrer dans le moule. L’espièglerie règne en maître dans cette exploration du sentiment amoureux qui s’appuie tout autant sur des faits scientifiques que sur les envolées lyriques de l’imaginaire. L’exubérant My love affair with marriage saisit les préoccupations et les débats de l’époque avec une virtuosité gourmande.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE N’A PAS AIME

LOVE AGAIN : UN PEU, BEAUCOUP, PASSIONNEMENT ★☆☆☆☆

De Jim Strouse

En adaptant la comédie romantique allemande SMS für Dich, James C. Strouse signe ici un scénario inhabité et dépourvu du moindre charme. Le pitch est simple : Mira Ray, toujours en deuil 2 ans après la mort de son petit-ami, continue d’envoyer des messages d’amour à son ancien numéro… qui a été réattribué au journaliste Rob Burns. Lorsque celui-ci est chargé d'écrire un article sur Céline Dion, il lui demande de l'aider à trouver un moyen de rencontrer Mira dans la vraie vie. Un scénario certes farfelu mais qui aurait pu être engageant, si seulement la dynamique entre les deux personnages, par ailleurs dénuée d’une quelconque alchimie, parvenait à transcender la vacuité du récit. Mais cette histoire d’amour exploitée en surface n’est en réalité qu’un subterfuge qui nous cache le véritable sujet du film : Céline Dion, dans son propre rôle. La superstar arrive dans le récit comme un cheveu sur la soupe, s’éclate et transforme le film en une véritable catharsis. À coup de All By Myself, It’s all coming back to me now, et de 5 nouveaux tubes écrits spécialement pour le film, ce film se transforme en un objet lunaire, chimère non-équilibrée entre une romance trop discrète et une campagne marketing qui en fait des caisses.

Lucie Chiquer

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WAHOU ! ★☆☆☆☆

De Bruno Podalydès

« Un petit film tourné en quatre semaines, pour rigoler... » prévient le producteur de ce Wahou !. Non qu’il faille juger un long-métrage à l’aune de ses conditions de fabrication, mais l’information pourrait traduire un geste artistique singulier. On trouverait donc dans le profil même du film, une vitalité, un lâcher-prise voire une radicalité propre à son exécution. Que voit-on ? Un « petit » Podalydès en effet. Si l’équipe a bien « rigolé » en le faisant, pour le spectateur c’est le calme plat, voire de l’agacement eu égard à une interprétation inégale où les copains, voire la famille, sont venus faire une bafouille, donnant à cette histoire immobilière des allures de sketches répétitifs. Si le ton romantico- burlesque de Podalydès est là, il est comme dépouillé de toute sa substance, de cet art du jeu et du décalage, si plaisant d’habitude. Frustrant.

Thomas Baurez

MARINETTE ★☆☆☆☆

De Virginie Verrier

A l’heure où notre équipe de foot féminine retrouve un nouveau souffle, ce biopic de la première Française star de ce sport, pionnière qui a su mener des combats sur le terrain et en coulisses pour fracasser nombre de plafonds de verre (y compris par rapport à son homosexualité) et aider le sport à se professionnaliser chez nous tombe à pic. Mais malgré l’épatante Garance Marillier dans le rôle- titre, ni le scénario (trop peuplé de personnages secondaires réduits à des caricatures) ni la mise en scène (à commencer par celle confuse, et sans idée des matchs de foot, un carton rouge pour un tel projet !) ne rendent grâce au parcours fait, au sens propre et figuré, de coups, de plaies et de bosses de Marinette Pichon. Dépassée par la matière devant elle, Virginie Verrier l’illustre au lieu de s’en emparer et, ce faisant, abime sa singularité qu’un documentaire où l’on entendrait sa voix aurait mieux embrassé.

Thierry Cheze

 

Et aussi

La Chose politique- Acte 1, de Antonin Bachès

Des mains en or, de Isabelle Mergault