Shine a Light
Wild Bunch

Un documentaire à revoir ce soir sur France 4.

Vous en rêviez ? Scorsese l’a fait ! Shine a light, c’est le pari fou de filmer les Rolling Stones sur scène mais aussi dans les coulisses de l'un de leurs prestigieux concerts. Sorti au cinéma en 2008, il sera diffusé sur France 4 à 21h10, suivi d'un autre documentaire sur le groupe : Le doc stupéfiant -L'histoire française des Rolling Stones. Une soirée rock qui vaut le coup ? Si notre critique était à l'époque assez courte ("En théorie, le projet est un exercice passionnant puisque ce qui aurait pu faire l'objet d'un très long plan-séquence s'avère, à l'arrivée, un extraordinaire travail de découpage, de montage et de mixage, sans parler de la somme d'infos qu'il dispense avec une grande pertinence. Si rien ne remplace l'impression de communion d'un concert live, Scorsese nous apporte ce qu'on n' y trouvera jamais, même à la meilleure place."), celle de notre partenaire Fluctuat était bien plus détaillée. Flashback.


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Forme de blockbuster musical, Shine a Light permet à Martin Scorsese de filmer un concert du groupe qui l'a toujours fasciné : les Rolling Stones. Prenant d'abord un recul plaisant, le film peine ensuite à se démarquer de la captation classique...
Les Stones hantent depuis plus de trente ans les bandes originales des films de Martin Scorsese, épousant l'incandescence de Mean Streets, appuyant le vertige angoissé de Ray Liotta dans Les Affranchis, se mêlant au tourbillon frénétique de Casino ou exprimant la nostalgie de Jack Nicholson dans Les Infiltrés. En plus d'être un parfait créateur d'ambiance, le groupe éveille de multiples échos chez Scorsese, qui a connu un parcours personnel semblable : la drogue, la rédemption, la reconnaissance par l'establishment. Le fait de voir s'associer les deux noms apparaît comme un cheminement logique, mais aussi comme la matérialisation d'une parenté qui n'était jusqu'ici que métaphorique.

Le début de Shine a Light ne manque pas de mordant. N'hésitant pas à se mettre lui-même en scène, Scorsese montre les préparatifs du concert et de sa captation, donnant l'impression d'un joyeux désordre improvisé. L'humour et l'ironie culminent avec l'arrivée ubuesque du couple Clinton : on sent le réalisateur amusé par ce jeu social et cette récupération politique des anciens mauvais garçons désormais assagis. Dans ces premières minutes, il parvient à saisir la dimension mythique des Stones, malgré la banalité des situations montrées. Mais ce double-fond des images va rapidement disparaître : quand le concert commence, Scorsese décide ne plus rien montrer des scènes backstage et se contente d'une captation soignée mais sans surprise. L'énergie déployée par les papys du rock impressionne d'abord, avant de lasser franchement l'attention, tant le film semble en pilote automatique. Rien ne déborde du cadre et l'on se croirait devant un dvd musical, bien au chaud un soir d'hiver. Marty tente bien de donner du relief à sa captation en insérant quelques extraits d'interviews datant de la jeunesse des Stones. Insistant sur le flegme de ce groupe pas comme les autres, ces images d'archives ne dynamisent que peu Shine a Light.

On pourra alors se demander ce qu'a cherché à faire Scorsese avec ce film. En refusant le didactisme du documentaire classique, il voulait probablement privilégier son rapport sensitif à la musique et montrer sa fascination pour la forme physique d'un Mick Jagger obsédé par la jeunesse perpétuelle. Mais personne n'avait attendu Scorsese pour prendre conscience de l'étonnant rapport qu'entretiennent les Stones avec leur âge. Et le réalisateur aurait sans doute gagné à mettre davantage de lui dans le film, plutôt que de s'effacer devant la maestria de son groupe fétiche.

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