Peter Jackson
Metropolitan/Capture d'écran YouTube

"J'ai l'impression d'avoir atteint la fin du voyage, d'avoir enfin terminé le travail", raconte le réalisateur du Seigneur des Anneaux.

Alors qu'Amazon investit des millions dans une série télé adaptée de Tolkien, les deux trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit sont rééditées le 16 décembre prochain, dans des coffrets avec les versions longues et cinéma des films. Et en version 4K HDR avec son Dolby Atmos : une remasterisation supervisée par Peter Jackson lui-même. "Nous avons pu remasteriser nos six films en 4K, et ils ont l'air plus affûtés qu'à l'époque, pour sûr !", se réjouit Peter dans une vidéo. "J'ai réalisé à quel point ils étaient incohérents entre eux. Le premier Seigneur des Anneaux a été tourné il y a vingt ans, en 35 mm. La colorimétrie a été faite à l'ancienne, de façon photomécanique, pour le premier film. Et puis nous sommes passés à un étalonnage numérique à partir du négatif pour les deux films suivants. Il y a vingt ans, nous n'avons pas pu faire les choses de la même façon pour les trois films."

Peter Jackson a voulu rendre ses deux trilogies de la Terre du Milieu cohérentes entre elles, à la fois par le son et par l'image : "Bien que ces six films racontent la même grande histoire, ils n'avaient pas de cohérence visuelle et sonore. Il ne s'agit pas seulement de rendre les choses plus affûtés, il faut préserver l'aspect cinéma. C'est super que les films aient enfin l'air d'avoir été tournés en même temps. Du premier film, Un voyage inattendu, au sixième, Le Retour du roi, les six films se ressemblent enfin, ils ont la même image et le même son." Le cinéaste estime que la première trilogie avait même l'air d'avoir vieilli : "Les imperfections des effets spéciaux commençaient à se voir... la technologie a beaucoup changé en vingt ans. En convertissant en 4K HDR, on a réalisé que des effets ne vieillissaient pas très bien. On a pu faire une repasse et éliminer des défauts. On n'a pas changé les effets, mais ils donnent maintenant l'impression d'avoir été faits aujourd'hui et non pas il y a vingt ans."

La remasterisation n'a pas épargné non plus la trilogie du Hobbit, bien que plus récente : "Il y a dix ans, pour Le Hobbit, on a tourné avec des caméras numériques 4K. La technologie des couleurs était complètement différente. C'est une vraie bataille que de rendre cohérent du matériau tourné sur une aussi longue période de temps." On remarquera que Jackson n'évoque pas du tout le fait que les trois films Le Hobbit ont été tournés à l'aide de caméras Red Epic, à une résolution 5K, pour pouvoir ensuite être projetés à 48 images par seconde (et en 3D, mais ça c'est une autre histoire): une ultra haute définition qui a fait parler d'elle à l'époque, mais dont l'aspect visionnaire est restée sans lendemain (le Gemini Man d'Ang Lee avec Will Smith, projeté en 120 ou 60 images/seconde, est le dernier et sans doute ultime avatar de ce progrès).

"Ce processus, ce n'est pas rendre le film différent, c'est prendre un film d'il y a vingt ans et lui donner le feeling d'un film moderne", résume Jackson. "J'ai l'impression d'avoir atteint la fin du voyage, d'avoir enfin terminé le travail." Mais est-ce que le travail n'était pas achevé il y a vingt ans déjà ? Le film n'était pas suffisamment moderne ? Jackson est-il en train de se transformer en George Lucas à l'époque de l'édition spéciale de Star Wars ? On réserve notre jugement en attendant de jeter un œil aux versions 4K des films. Dans tous les cas, il y a quelque chose d'émouvant à voir Peter Jackson, dans la pénombre de la salle de travail, évoquer les "jours anciens" et le "bon vieux temps". Peter est devenu Bilbo, prêt à partir pour les Havres gris ?