Jujutsu Kaisen 0 : le film prequel exorcise le Shōnen [critique]

Jujutsu Kaisen, le manga de Gege Akami, continue sa traversée sur la route du succès. Après une adaptation en série animée, ce mercredi sort la version film du tome 0.

Déjà adapté en série animée, le manga le plus vendu dans le monde en 2021 débarque maintenant au cinéma. La série Jujutsu Kaisen reprenait les aventures de Yuji Itadori, jeune adolescent qui partage son corps avec Ryomen Sukuna, le fléau de classe S. Ces fléaux, créés à partir des émotions négatives humaines, envahissent le Japon et créent de nombreuses disparitions mystérieuses. Se manifestant sous la forme de monstres, seule une minorité peut les voir : les exorcistes, formés dans des lycées bien particuliers. Et c’est celui de Tokyo qui nous ouvrait ses portes dans la première saison - avec le professeur Satoru Gojo et ses élèves de seconde et première. 

Ce mercredi, on retrouve dans les salles le préquel, Jujutsu Kaisen 0, qui se situe 1 an avant le premier épisode et se base sur l’histoire du solitaire Yuta Okkotsu. Maudit et traumatisé depuis l’âge de ses 11 ans, l’adolescent est hanté par le fantôme de Rika, son amie d’enfance, morte sous ses yeux. Folle amoureuse de lui et s’incarnant sous la forme d’un fléau surpuissant, elle n’hésite pas à s’attaquer à tous ceux qui oseraient s’en prendre à son hôte. A la suite d’un énième accident, Yuta est repéré par Satoru Gojo, professeur à l’école d’exorcisme de Tokyo. Le jeune maudit intègre donc la classe de seconde, où il rencontre Maki Zen’in, Panda et Toge Inumaki, avec qui il se lie d’amitié.

Chacun avec une personnalité et une psychologie différentes, les personnages ont leur propre passé et leur propre force, dans la tradition de Jujutsu Kaisen. On se détache ici du schéma classique du Shōnen, où toute figure, y compris féminine, apporte son élément à l’univers. Les camarades de classe de Yuta lui seront d’une aide non négligeable pour son développement personnel, en particulier Maki, pour qui il a une forte admiration. La jeune femme surprend par son habileté à manier les armes, mais également par sa détermination : si elle n’est pas dotée de la même force occulte que le nouveau, elle sait faire de ses faiblesses un atout. Grâce à des scènes de flash-back sur son enfance, la rage de vaincre et le caractère du personnage se justifient - et elle devient un modèle pour l’hôte de Rika. De quoi effacer la mauvaise image de la jeune fille trop sensible, comme Sakura (Naruto) ou Bulma (Dragon Ball), aux côtés de garçons surdoués à la bagarre. 

Afin de contrôler et utiliser le mauvais esprit, Yuta se forme à l’art du combat, sans doute trop rapidement. En effet, si proposer ce prequel en long-métrage permet de voir une histoire complète et non un condensé d’épisodes, elle est trop vite racontée, éludant de nombreuses étapes dans l’évolution du personnage principal. On est vite surpris de sa puissance lors de l’affrontement contre le maître des fléaux Suguru Geto, et surtout de sa soudaine maîtrise de l’esprit vengeur avec qui il partage son corps. Mais, si le récit mériterait plus d’attention, les studios MAPPA (L’Attaque des titans - saison finale, Dororo) remplissent parfaitement le cahier des charges. Les mouvements et effets visuels des combats les rendent spectaculaires, la musique amplifie à merveille l’intensité des attaques et des émotions des personnages : une animation efficace, qui donne tout son cachet au film. De plus, si l’adaptation est fidèle au manga, de nombreuses surprises et clins d’oeil ont été rajoutés, pour le plus grand bonheur des fans. Une bonne manière de se remettre dans le bain avant la sortie de la saison 2 en 2023, et pour les plus novices, de se plonger dans cet univers.