La Colline où rugissent les lionnes (2021)
OrëZanë Films/Vents Contraires/Acajou Productions

Le premier film de l'actrice Luàna Bajrami ne manque pas d'ambition, mais reste au niveau de l'essai.

La troisième star de Portrait de la jeune fille en feu, c'était elle : dans le rôle de Sophie, la petite bonne enceinte, Luàna Bajrami avait 18 ans et trouvait parfaitement la place d'exister entre Noémie Merlant et Adèle Haenel. Tout de suite après avoir fini le film de Céline Sciamma, elle se lançait dans la réalisation. Elle a désormais 20 ans et présente à Cannes au sein de la Quinzaine des réalisateurs son premier long, La Colline où rugissent les lionnes. Pas mal, non ? C'est donc l'histoire de trois amies d'enfance, coincées dans un village perdu et déconnecté au fin fond du Kosovo, qui vont s'inventer leur gang de braqueuses pour échapper au grand trou noir de leur avenir. Un film qui marche dans les pas de grandes sœurs de cinéma comme Deniz Gamze Ergüven (Mustang) et Céline Sciamma de Bande de filles, évidemment. Bon, on aimerait adorer ça, mais cette Colline prend un peu trop le temps de la langueur pour être totalement séduisante, et précipite un peu trop son passage au film de genre dans sa dernière partie pour convaincre absolument. Mais il y a une grosse envie de cinéma là-dessous, d'ambition visuelle et narrative (mêler les genres, s'y confronter), et une vraie direction d'actrices qui pointe. D'ailleurs, Luàna Bajrami a trouvé trois jeunes femmes véritablement stupéfiantes -le premier critique qui écrit « portrait de jeunes filles en feu » dans son texte devra revoir tout Chantal Akerman- pour incarner son trio de braqueuses juvéniles : Era Balaj, Uratë Shabani et Flaka Latifi. On sent que Luàna Bajrami ne vit à cet instant que pour filmer ces actrices fortement prometteuses, à l'image de ce véritable film de jeunesse.