Braindead a 30 ans, et reste "drôlement saignant" [critique]
Diaphana Films

On souhaite un joyeux anniversaire à la comédie horrifique de Peter Jackson.

"Au nom du Seigneur, je vous botte le cul !" Il y a tout juste 30 ans, Braindead arrivait dans les salles françaises précédé d'une excellente réputation : il venait de recevoir le Grand prix du Festival international du film fantastique d'Avoriaz, dont ce fut la 21e et ultime édition. L'événement a ensuite été transformé en festival de Gérardmer, dont la 30e édition est actuellement en cours. Elle fut présidée par Christopher Lee, le futur Saroumane de Peter Jackson, dont le jury avait été bluffé par cette comédie gore remplie de mauvaises blagues (dans le bon sens du terme) et de bonnes idées de mises en scène. Le talent du réalisateur néo-zélandais avait alors sauté au yeux du public.

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Au sein de la rédaction de Première aussi, Braindead fut bien accueilli. Éric Libiot avait fait le déplacement à Avoriaz, et s'il avait été déçu par d'autres productions fantastiques telles que Candyman ou Maman, j'ai agrandi le bébé, il écrivait tout le bien qu'il pensait dans son récapitulatif de l'événement. Voici un extrait de sa critique élogieuse, qui donne méchamment envie de le (re)voir. 

"Drôlement saignant. C'est à dire qu'il y a beaucoup de sang (ça se compte en hectolitres) et que l'on se marre. Maintenant, on peut rentrer (à la tondeuse) dans le vif du sujet. Braindead est un film gore. Le principe d'un gore est de montrer tout ce qui peut être choquant et insoutenable : têtes coupées à la hache, morts-vivants bouffeurs de cervelles, tripatouillages de tripes, etc. Et dans un gore réussi, l'accumulation est quasi obligatoire. Presque salutaire aussi : ce trop-plein devient alors supportable, pour virer ensuite au jouissif. Ce qui déclenche l'hilarité. CQFD. (...) Mine de rien, le film est une succession de scènes d'anthologie réalisées nerveusement et avec un plaisir évident par Peter Jackson : un repas de cannibales, la promenade en landau d'un véritable sale monstre, un combat de kung-fu entre des loubards et un curé et une scène finale à caser au rayon "quand y en a plus, y en a encore". Deux cerises bien rouges en prime : un guide hilarant, "les mille et une façons de tuer un mort-vivant récalcitrant", et une foultitude de clins d'œil cinéphiles à King-Kong, Psychose ou Indiana Jones. "

Si cette production horrifique a finalement peu fonctionné en salles, elle s'est rattrapée en cassettes et DVD par la suite, devenant grâce au bouche à oreille une comédie d'horreur culte. Révélé par Bad Taste (1987), et Les Feebles (1989), deux autres films de genre à mini-budget, Jackson parvint à intriguer des producteurs grâce à Braindead et à obtenir les commandes d'un projet à plus grand budget : le drame Créatures célestes, avec Melanie Lynskey et Kate Winslet, qui reçu le Lion d'Argent à la Mostra de Venise 1994.

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