Kathryn Bigelow défend ses choix et assume.
À voir absolument sur Netflix, A House of Dynamite est un thriller palpitant, qui raconte la cellule de crise américaine, la chaîne de commandement, lorsqu'un missile est envoyé sur le pays de l'Oncle Sam. Comment fait-on face à la menace ? Katrhyn Bigelow ausculte le système à travers trois tableaux qui décrivent les vingt minutes d'angoisse, trois prismes alors que le missile arrive : celui de la capitaine Olivia Walker, officière supérieure de la Situation Room de la Maison-Blanche (jouée par Rebecca Ferguson) en lien avec Fort Greely, la base militaire chargée de la défense antimissile ; celui de Jake Baerington, conseiller adjoint à la sécurité nationale (joué par Gabriel Basso) en lien avec le STRATCOM qui exerce le contrôle militaire sur l'ensemble des armes nucléaires américaines, et en enfin celui du Président en exercice (Idris Elba) et de son Ministre de la défense (Jared Harris).
Attention spoilers !
Qui a tiré ? Est-ce que ça va péter ? Comment réagir ? Autant de questions que pose le film pendant 1h50. Sans jamais y répondre. Là est le twist de House of Dynamite. La fin est totalement ouverte. Le film a pour but de montrer le stress du moment. Et se désintéresse finalement des conséquences. On ne voit pas d’explosion (on ne sait même pas si elle a eu lieu). On ne sait pas d'où vient la menace, si l'Amérique va tirer à son tour et quelle guerre vient d'être déclarée. C'est un autre film. Kathryn Bigelow et son scénariste Noah Oppenheim ont, eux, voulu raconter la situation de crise et rien d'autre. Au grand dam de nombreux spectateurs qui râlent sur les réseaux !
Don’t bother with House of Dynamite on Netflix. It doesn’t have an ending. What a waste
— Dave Portnoy (@stoolpresidente) October 27, 2025
Parce que la frustration est énorme, quand on s'est pris au jeu de ce film terriblement réaliste.
Mais la cinéaste assume totalement. Dans un entretien accordé au Bulletin of the Atomic Scientists — la revue fondée en 1945 et célèbre pour sa "Doomsday Clock", l’horloge de l’apocalypse — Kathryn Bigelow explique sa fin déstabilisante de A House of Dynamite.
"Le fait que la bombe n’explose pas était une opportunité d’ouvrir une discussion. Si tout avait sauté à la fin, ce serait devenu un récit bouclé, presque moral. On aurait pu simplement dire ‘c’est mal’, et passer à autre chose. Mais non : nous sommes responsables d’avoir créé ces armes. Et, dans un monde idéal, il faudrait les faire disparaître."
Un parti pris que partage Oppenheim :
"Je crois qu’aujourd’hui, le public est devenu insensible aux images de destruction massive. On sort de dix ans de films de super-héros où des villes entières s’effondrent comme si de rien n’était. On a préféré une approche différente, plus réaliste, pour parler de ce danger."
Et Bigelow conclut :
"On a fait ça pour susciter une conversation. Avec une fin ambiguë, le spectateur sort du cinéma en se disant : ‘Attendez, quoi ?’. Ce flou est voulu. Le film peut être lu comme un appel à l’action."







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