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Elle a beaucoup joué les bonnes copines, les rivales ou les amoureuses dans l’ombre du héros... La trentaine venant, Mélanie Bernier a reçu un beau cadeau de Clovis Cornillac qui en a fait le rôle principal de son premier film, une comédie irrésistible qui surfe entre la romance et le vaudeville hilarant. Dans Un peu beaucoup aveuglément, elle incarne une jeune pianiste maladivement timide qui va s’amouracher de son voisin sans le voir, en lui parlant derrière le mur qui sépare leurs appartements.

La comédie à pitch est à la mode. Qu’avez-vous pensé en recevant le scénario ?

À ma première lecture, j’ai senti qu’il y avait, au-delà de la drôlerie, quelque chose de très poétique et de charmant dans cette histoire. Ça marchait malgré la fragilité du concept. On était sur un fil. 

Vous voulez dire que cette fragilité pouvait être gâchée ou sublimée par la mise en scène ?

Exactement. C’était quand même un premier scénario, un premier film, un premier rôle pour moi… Il y avait beaucoup d’incertitudes. 

Avez-vous passé un casting ?

Pas du tout. Lilou, qui est une amie, m’a recommandée à Clovis qui m’a envoyé le scénario. En le rencontrant, il m’a définitivement convaincue, notamment en m’évoquant l’ambition plastique du film, absente du scénario. 

Avez-vous ressenti une pression particulière ?

L’engagement était différent. Clovis m’a accordé sa confiance et m’a demandé la même chose en retour. J’ai été en paix pendant le tournage. 

Votre personnage est bourré de blocages psychologiques et de toc. On peut facilement verser dans la caricature en jouant un tel rôle. A-t-il été difficile pour vous de « trouver » Machine ?

À l’écriture, Machine était décrite avec ses cols Claudine, ses cheveux tirés, ses grosses binocles… Ça me faisait un peu peur. Clovis m’a dit d’y aller à fond, que ce serait très graphique. Non seulement il avait raison mais ça m’a permis d’entrer dans le personnage très facilement. 

C’est stimulant de jouer face à un mur ?

C’est très déroutant au départ, mais ça laisse une liberté folle. Je ne me suis jamais sentie aussi créative. La doublure de Clovis était très neutre, même au niveau de la  voix, j’étais donc obligé d’imaginer Machin et de me projeter à l’aveugle dans notre histoire. 

Vous n’avez joué jamais joué avec Clovis ?

Non, sauf à la fin. C’est en découvrant le film fini que j’ai vu ce qu’il faisait. C’était très étrange. 

Vous jouez l’amoureuse de Clovis Cornillac et la sœur de Lilou Fogli. N’est-ce pas étrange de se retrouver au milieu d’un tel couple de cinéma, de faire en quelque sorte ménage à trois le temps d’un film ?

Je ne l’ai pas ressenti pendant le tournage. Clovis cloisonne beaucoup. Je n’ai par exemple jamais eu les retours vidéo de mes plans ou de ceux des autres. Je n’ai jamais vu ce que Lilou faisait en dehors de nos scènes communes. J’ai donc créé une relation très forte et exclusive avec Clovis, ce qui excluait l’idée de ménage à trois ! (rires) 

Interview Christophe Narbonne

La bande-annonce de Un peu, beaucoup, aveuglément, en salles le 6 mai :