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Il y a un an, Neil Dudgeon, alias John Barnaby, succédait au détective Tom, incarné pendant 13 saisons par John Nettles… C’était risqué, c’est gagné ! Le succès du polar british ne s’est pas démenti. La saison 15 débute ce soir, avec un acteur confiant et enthousiaste. Rencontre.

Un flegme tout britannique, une bonne dose d’intuition comme Miss Marple, Barnaby aurait pu être imaginé par Agatha Christie. Moins tatillon que Sherlock Holmes, plus moderne que Poirot, il s’attache avant tout à la psychologie des suspects. Mais ne vous fiez pas à son costume sombre, l’homme est plein d’humour et n’hésite pas à mettre en boîte son adjoint, l’inspecteur Ben Jones, par une petite phrase assassine.Filmée dans les régions du Buckinghamshire et du Oxforfshire, la série nous transporte dans la campagne anglaise du Midsumer… Mais les prairies verdoyantes et coquets jardins regorgent de personnages troubles. Ce soir, un cavalier sans tête qui sème la terreur dans un château va faire perdre la boule à John Barnaby… Dans la peau du détective, un acteur heureux d’avoir emporté l’adhésion des fans, qui ne s’étaient pas privés de manifester leur mécontentement lors du départ de leur cher John Nettles, présent depuis le début de la série. Avec dix millions de fidèles entre l’Angleterre et la France, Neil Dudgeon a su imposer son personnage. L’œil rieur, cravate assortie à son regard bleu, il nous répond dans un restaurant de Saint-Germain-des-Prés, après son escapade au Salon de l’agriculture qu’il adore ! En quoi votre John Barnaby est-il très différent de Tom, que jouait John Nettles ?Si Tom était un homme de terrain, John, son cousin est plus cérébral. Le nouveau Barnaby a un côté profiler que l’ancien n’avait pas. Il est plus moderne. Il a un diplôme en psychologie et cite volontiers Lao Tseu ! Mais l’équipe de production et les scénaristes, eux, sont restés les mêmes.Pas facile de vous imposer dans la série ?En fait, j’ai commencé par faire une apparition dans l’épisode 2 de la saison 13 (L’Epée de Guillaume) où je jouais le cousin de Tom Barnaby. John Nettles voulait prendre sa retraite, les scénaristes ont pensé à moi. Mais cela n’a pas été sans mal… J’ai attendu deux ans avant que la production ne donne son aval. Cet été, on entamera la seizième saison. Et depuis le premier épisode, on en est à 225 morts. Un joli record !  Vous connaissiez la série ?Je l’ai regardée pendant des années. J’avais donc une idée assez précise du personnage. J’aime le côté strict de l’inspecteur qui contraste avec l’univers de dingue dans lequel il évolue avec son adjoint.Parlez-nous de Sykes, votre complice…C’est un fox-terrier. Le confident de l’inspecteur. Parler à son toutou lui permet de dédramatiser. Sur le tournage, vous n’imaginez pas le nombre de saucisses que je lui ai fait engloutir pour qu’il obéisse ! Jouer avec un animal, c’est comme jouer avec un enfant. On ne sait jamais ce qui va se passer…Etes-vous fan de séries policières ?J’aime « Luther ». Mais j’avoue que je suis un très mauvais limier. Je ne trouve jamais l’assassin, contrairement à ma femme qui regarde la série avec moi. Je suis obligé de lui demander de se taire pour ne pas gâcher le suspense ! Même pour Barnaby, si je ne lis pas les dernières pages du scénario, je ne sais pas qui je vais devoir confondre !D’où vous vient ce goût pour la comédie ?J’avais 14 ans. On répétait Shakespeare au collège. Nous étions une classe chahuteuse et moi un élève très bavard. Pour me punir, mon prof d’anglais m’a donné un texte de Dylan Thomas « A Child Christmas Story » à apprendre par cœur et à réciter devant tous les copains. C’est à ce moment-là que j’ai découvert ma vocation.Vous voyez-vous incarner Barnaby pendant treize ans, comme John Nettles ?Oh la la, treize ans ! D’ici là, je pense que je serai remonté sur les planches. Le théâtre me manque.Interview Marie-Pierre Fromantin de Télé 7 jours.