Toutes les critiques de Moi, Daniel Blake

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Inattaquable sur le fond, le dernier Ken Loach l’est sur la forme et sur le traitement.

    Il y a dix ans pile, Ken Loach remportait enfin la Palme d’Or pour Le Vent se lève, sa grande fresque guerrière et romanesque qui n’était sans doute pas son meilleur film mais le plus représentatif. Une consécration méritée pour le cinéaste anglais le plus politisé et, sans doute, le plus intègre et sincère de sa génération. Depuis ce fait d’armes, pas grand-chose : Ken Loach, presque aussi métronomique que Woody Allen, a enchaîné les films sociaux "nécessaires", certains étant meilleurs -It’s a free world, L’esprit de 45- que d’autres -Looking for Eric, Route Irish. Avec Moi, Daniel Blake, il semble cette fois arriver au bout d’un cycle, celui de sa longue et fructueuse collaboration avec le scénariste Paul Laverty.

    Un cinéma trop sûr de ses effets
    Le Daniel Blake en question est un menuisier de 59 ans contraint d’arrêter suite à des problèmes cardiaques. Problème : l’aide sociale lui dénie ses droits et l’oblige à travailler sous peine de sanction. Lors d’une énième visite, il rencontre Rachel, une mère de deux enfants isolée, obligée de s’installer à des centaines de kilomètres de chez elle pour bénéficier d’un logement décent. Ces deux laissés-pour-compte vont finir par s’entraider… Sur le plan documentaire, rien à dire. Laverty a pour habitude d’enquêter longuement avant d’écrire et ça se sent. Les rouages absurdes de la machine administrative sont parfaitement décrits, ce qui provoque l’indignité escomptée. Il a plus de mal à faire vivre ses deux personnages qu’il enterre sous des tonnes de pathos, un malheur chassant l’autre sans l’ombre d’une respiration ou d’une surprise. Le dénouement, qu’on sent venir à des kilomètres, est à cet égard symptomatique d’un cinéma mécanique, sûr de ses effets, incapable de varier de sa trajectoire, ou mieux de se transcender. On peut y voir une forme de constance et d’intégrité. Ou de paresse.

Les critiques de la Presse

  1. Le Parisien
    par Pierre Vavasseur

     Ken Loach, 79 ans, revient à ses stricts fondamentaux avec ce drame social qui raconte les conséquences d'une administration qui marche la tête à l'envers. 

  2. StudioCiné Live
    par Thierry Chèze

    OEuvre d'intérêt publique, ce Loach 2016 est un très grand millésime, porté par deux comédiens éblouissants: Dave Johns et Hayley Squires. 

  3. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    Ken Loach n’est pas un humoriste, c’est un homme en colère, et le parcours de l’ouvrier privé de travail et de ressources est filmé avec une rage d’autant plus impatiente qu’elle est impuissante.
     

  4. Le Point
    par La rédaction du Point

    Ken Loach, furieux, assiste à la « casse du système social », et il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il laisse vibrer sa conscience et entraîne la nôtre dans son sillage.

  5. Les Inrocks
    par Serge Kaganski

    C’est pauvre, simpliste, démagogique, mais redoutablement efficace : tonnerre d’applaudissements et promesse de grand succès public.  (...) En somme, Moi Daniel Blake relève plutôt du tract sentimentaliste et du chantage à l’émotion que du cinéma.

  6. Nouvel Obs
    par Pascal Mérigeau

    Alors oui, les habituels détracteurs du cinéaste, qui comme par hasard ne se situent pas vraiment à l’extrême gauche, vont dire que Loach parle toujours des mêmes gens. C’est vrai, sans doute. Mais qui d’autre que lui évoque ces questions-là ?

  7. Libération
    par Julien Gester

    (...) par-delà l’épaisseur des ficelles et la tiédeur de sa mise en scène, il y a de quoi être accablé par les ressorts d’édification du film, ses penchants pour la déclamation brute et l’abus de fondu au noir au manichéisme qui ordonne sa troupe de personnages.