Toutes les critiques de La prisonnière du désert

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    John Ford, grand personnage d'origine irlandaise fait partie de « ce petit groupe de cinéastes américains qui n'ont jamais changé avec les années. Rien n'a pu entamer leurs convictions. Durant l'âge d'or du muet, ils étaient les maîtres à bord ; ils n'ont pas perdu leur liberté », dixit Robert Parrish.
    Martin Scorsese le clame haut et fort « C'est le plus grand film de l'histoire du cinéma américain ». Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon ont fait mieux : Ils l'ont choisi pour illustrer la couverture de leurs « 50 ans de cinéma américain ». Je veux parler de ce plan admirable où l'on voit John Wayne, de dos, s'éloigner pour aller rejoindre ce qui sera peut-être son destin. Un plan d'une noirceur shakespearienne.
    The Searchers (titre original) est une oeuvre inclassable dans la filmographie de John Ford. Pour une fois, le héros fordien incarné habituellement par John Wayne, n'est plus le digne représentant de la nation américaine. Il n'a plus ces convictions, ces valeurs familiales et religieuses que John Ford aimait tant exalter (voir dans Les Raisins de la colère ou bien dans Vers son destin).Du portrait d'Ethan (le personnage incarné par John Wayne), Ford fait un héros inhabituel chez lui excepté dans son acharnement à atteindre son but… Une quête ? Exactement ! La Prisonnière du désert raconte la quête d'Ethan. Celui-ci revient, on ne sait d'où, chez son frère. Au cours d'un raid commanche, le frère et toute sa famille sont massacrés; ne reste que la fille cadette, Debbie. Pendant des années, Ethan et Martin (celui-ci fut trouvé par Ethan lorsqu'il n'était qu'un bébé), pourchassent Scar, le chef indien. Ils apprennent que Debbie est vivante. Ethan pense alors à la tuer car après ces années, devenue indienne, elle serait irrécupérable. Martin refuse cette solution. Ils la retrouvent mais la rencontre se transforme en massacre. Ethan parvient à scalper Scar et conduit Debbie dans une famille amie qui l'accueille. Il repart ensuite, seul, on ne sait où.Ethan (John Wayne) et Martin (Jeffrey Hunter) sont deux êtres diamétralement opposés. L'un est irascible et ambigu, l'autre est courageux mais désordonné. Leur opposition sera violente mais nécessaire. En effet, en ramenant Debbie, Ethan sait pertinement qu'il ne pourra pas rester avec elle. Il a appris tout au long de cette quête initiatique, qu'il était fautif dans tous les sens du terme. C'est parce qu'il s'est exclu du groupe (la famille) qu'il ne peut qu'errer dans la vie (voir la dernière séquence du film). Plus qu'une fable philosophique, cet oeuvre est une méditation sur l'exclusion et sur les différentes formes de haine que cela peut engendrer.Il n'y a pas de mots, pas de phrases pour qualifier les cinq premières minutes de cet oeuvre.
    Plan 1 : fond noir. Deux indications. Une date et un lieu, 1888 au Texas.
    Plan 2 : une porte s'ouvre. Une musique, une ballade langoureuse et nostalgique. Une jeune femme, de dos, apparaît dans le champ. Elle se trouve sur le perron de sa maison. Rapidement, elle est rejointe par tous les membres de sa famille. Ils aperçoivent au loin, un mystérieux cavalier qui se dirige vers eux. Ils le reconnaissent…. C'est Ethan.Dès le début, Ford réussit à nous émerveiller par la qualité technique de sa mise en scène et par la grâce de ses interprètes. De plus, tous les thèmes de cette histoire sont présents. D'un côté, nous avons cette famille soudée autour d'un personnage central, la mère. De l'autre côté, se tient cet homme énigmatique qu'on a du mal à distinguer et qui n'est autre que Ethan. L'individualisme face à la solidarité !Les « entrées » et les « sorties » dans l'oeuvre de Ford ont toujours été caractéristiques de l'oeuvre de John Ford. Dans The Searchers, il y en a peu sauf dans la première et dernière séquence, comme si Ford ouvrait un livre, probablement un recueil d'histoires sur l'Ouest américain. Ouvert avec la mère qui ouvre la porte de sa maison pour voir arriver Ethan et refermé avec Ethan qui ramène Debbie chez elle.La Prisonnière du désert est à rapprocher de La Grande illusion pour son humanisme. Même si pour la première fois dans sa carrière, Ford a réalisé un film douloureusement pessimiste, il n'a pas oublié de glorifier des valeurs qui lui sont chères, la famille et l'honneur de l'être humain.La prisonnière du désert
    De John Ford
    Avec John Wayne, Natalie Wood, Jeffrey Hunter
    Etats Unis, 1956, 2h.

  2. Fluctuat

    John Ford, grand personnage d'origine irlandaise fait partie de « ce petit groupe de cinéastes américains qui n'ont jamais changé avec les années. Rien n'a pu entamer leurs convictions. Durant l'âge d'or du muet, ils étaient les maîtres à bord ; ils n'ont pas perdu leur liberté », dixit Robert Parrish.
    Martin Scorsese le clame haut et fort « C'est le plus grand film de l'histoire du cinéma américain ». Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon ont fait mieux : Ils l'ont choisi pour illustrer la couverture de leurs « 50 ans de cinéma américain ». Je veux parler de ce plan admirable où l'on voit John Wayne, de dos, s'éloigner pour aller rejoindre ce qui sera peut-être son destin. Un plan d'une noirceur shakespearienne.
    The Searchers (titre original) est une oeuvre inclassable dans la filmographie de John Ford. Pour une fois, le héros fordien incarné habituellement par John Wayne, n'est plus le digne représentant de la nation américaine. Il n'a plus ces convictions, ces valeurs familiales et religieuses que John Ford aimait tant exalter (voir dans Les Raisins de la colère ou bien dans Vers son destin).Du portrait d'Ethan (le personnage incarné par John Wayne), Ford fait un héros inhabituel chez lui excepté dans son acharnement à atteindre son but… Une quête ? Exactement ! La Prisonnière du désert raconte la quête d'Ethan. Celui-ci revient, on ne sait d'où, chez son frère. Au cours d'un raid commanche, le frère et toute sa famille sont massacrés; ne reste que la fille cadette, Debbie. Pendant des années, Ethan et Martin (celui-ci fut trouvé par Ethan lorsqu'il n'était qu'un bébé), pourchassent Scar, le chef indien. Ils apprennent que Debbie est vivante. Ethan pense alors à la tuer car après ces années, devenue indienne, elle serait irrécupérable. Martin refuse cette solution. Ils la retrouvent mais la rencontre se transforme en massacre. Ethan parvient à scalper Scar et conduit Debbie dans une famille amie qui l'accueille. Il repart ensuite, seul, on ne sait où.Ethan (John Wayne) et Martin (Jeffrey Hunter) sont deux êtres diamétralement opposés. L'un est irascible et ambigu, l'autre est courageux mais désordonné. Leur opposition sera violente mais nécessaire. En effet, en ramenant Debbie, Ethan sait pertinement qu'il ne pourra pas rester avec elle. Il a appris tout au long de cette quête initiatique, qu'il était fautif dans tous les sens du terme. C'est parce qu'il s'est exclu du groupe (la famille) qu'il ne peut qu'errer dans la vie (voir la dernière séquence du film). Plus qu'une fable philosophique, cet oeuvre est une méditation sur l'exclusion et sur les différentes formes de haine que cela peut engendrer.Il n'y a pas de mots, pas de phrases pour qualifier les cinq premières minutes de cet oeuvre.
    Plan 1 : fond noir. Deux indications. Une date et un lieu, 1888 au Texas.
    Plan 2 : une porte s'ouvre. Une musique, une ballade langoureuse et nostalgique. Une jeune femme, de dos, apparaît dans le champ. Elle se trouve sur le perron de sa maison. Rapidement, elle est rejointe par tous les membres de sa famille. Ils aperçoivent au loin, un mystérieux cavalier qui se dirige vers eux. Ils le reconnaissent…. C'est Ethan.Dès le début, Ford réussit à nous émerveiller par la qualité technique de sa mise en scène et par la grâce de ses interprètes. De plus, tous les thèmes de cette histoire sont présents. D'un côté, nous avons cette famille soudée autour d'un personnage central, la mère. De l'autre côté, se tient cet homme énigmatique qu'on a du mal à distinguer et qui n'est autre que Ethan. L'individualisme face à la solidarité !Les « entrées » et les « sorties » dans l'oeuvre de Ford ont toujours été caractéristiques de l'oeuvre de John Ford. Dans The Searchers, il y en a peu sauf dans la première et dernière séquence, comme si Ford ouvrait un livre, probablement un recueil d'histoires sur l'Ouest américain. Ouvert avec la mère qui ouvre la porte de sa maison pour voir arriver Ethan et refermé avec Ethan qui ramène Debbie chez elle.La Prisonnière du désert est à rapprocher de La Grande illusion pour son humanisme. Même si pour la première fois dans sa carrière, Ford a réalisé un film douloureusement pessimiste, il n'a pas oublié de glorifier des valeurs qui lui sont chères, la famille et l'honneur de l'être humain.La prisonnière du désert
    De John Ford
    Avec John Wayne, Natalie Wood, Jeffrey Hunter
    Etats Unis, 1956, 2h.