Toutes les critiques de L'oeil du mal

Les critiques de Première

  1. Première
    par Jean-François Morisse

    Quelle énergie ! L’œil du Mal propulse son spectateur au cœur d’un maelström de scènes d’action spectaculaires et de courses poursuites à couper le souffle. Amateurs de poésie et de pastorales chères à Bernardin de St Pierre passez votre chemin. Ici Shia Labeouf (qui confirme mine de rien qu’il fait désormais partie des acteurs avec lesquels il faut définitivement compter à Hollywood) et la troublante Michelle Monaghan nous emmènent à 200 à l’heure dans un trip explosif et électronique haletant avec, en filigrane certes, une ébauche de réflexion sur le contrôle des populations en général et le Patriot Act en particulier. Pourvoir à la sécurité de ses citoyens n’est-ce pas, au delà d’une certaine limite, les priver de liberté ? Mais cette question qui ressemble à un sujet de dissert de philo et rappellera de bien mauvais souvenirs aux habitués des fonds de classe n’est évidemment pas le pivot de cette histoire d’action menée tambour battant accompagnée d’une bande originale très réussie. Un thriller dopé aux amphétamines bien plus sympa qu’une cure de vitamines en période de crise.

  2. Première
    par Gérard Delorme

    L’Œil du mal ressemble à un jeu vidéo cinglé qui recyclerait toutes les figures du cinéma paranoïaque des années 1950 et 1960 pour les adapter à l’âge de la guerre contre le terrorisme. Soit un couple improbable (Shia LaBeouf et Michelle Monaghan), réuni par une voix mystérieuse (Julianne Moore, selon la rumeur) pour accomplir une série de tâches de plus en plus tordues. Telles les pièces d’un puzzle, elles finissent par dessiner un gigantesque complot destiné à retourner la technologie guerrière américaine contre elle-même. Vous suivez ? Pas grave, D.J. Caruso (Paranoïak) justifie une invraisemblable accumulation d’âneries en alternant les scènes d’explications au téléphone portable avec des séquences d’action (et de destruction) tellement compactes que vous risquez d’en rater la moitié si vous clignez un œil. Avant d’y aller, laissez votre cerveau au vestiaire.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Attention, nouveauté : si pour vous l'histoire du cinéma commence avec Fight Club, ce film est fait pour vous. Pour les autres aussi, L'oeil du mal compilant joyeusement les références à l'heure du jeu vidéo. Limite sur le fond, mais ludique. Il fût une époque où le côté Mister Hyde et les penchants cinéphiles de Steven Spielberg étaient pris en charge par Joe Dante et Tobe Hooper. C'était les années 80, celles de Gremlins et Poltergeist, que le barbu pilotait en coulisse en allongeant l'oseille sans mettre en jeu son image. Adieu sympathiques piliers du bis seventies, en ces années 2000, Spielberg a trouvé ses nouveaux Pygmalion, Michael Bay et D.J. Caruso. Et qui dit nouvelle génération, dit nouveaux enjeux esthétiques. Si le style du premier n'est plus à prouver, on cherche encore celui du second. Une piste probable : depuis son dernier film, Paranoiak, Caruso semble incarner la nouvelle conscience cinéphile de tonton Steven. Mais attention, coup de jeune. Avec sa synthèse improbable entre Fenêtre sur cour et le teen movie à l'époque de Youtube, Paranoiak braconnait sur le terrain d'une histoire du cinéma pour les nuls, s'accaparant le classique d'Hitchcock par-dessus la jambe, à peine deux trois idées à sauver. Toutefois, l'expérience a été salvatrice et Caruso de trouver son filon : revisiter le cinéma américain, vite, en juxtaposant toutes les références possibles, pour le fun, car après tout le public visé n'y connaît rien. Alors autant cliquer partout, et ainsi accoucher de L'oeil du mal, synthèse folle et conceptuelle entre La Mort aux trousses, 2001 et Ennemi d'Etat, saupoudrée d'extraits de Matrix, Die Hard 3, Destination Finale ou Wargames. C'est beaucoup.C'est beaucoup, mais pourquoi pas ? Grande course poursuite où Shia Labeouf et Michelle Monaghan sont forcés de faire équipe en suivant à la lettre les ordres d'un super ordinateur militaire qui déraille, L'oeil du mal réussit par endroits son pari. Pas au niveau politique, le film s'embourbant dans un discours borderline où sur fond de société réticulaire et d'angoisse high tech pour facebooker paranoïaque, Caruso tente de construire une parabole moralisatrice sur le terrorisme des années Bush. Passés ces égarements où un ersatz du HAL de 2001 veut buter la présidence par fidélité à la Constitution (vertigineusement théorique), le film se fait plus motivant lorsqu'il déploie de multiples situations pour transformer ses personnages ordinaires en héros de film d'action. Cinéma purement générationnel jusqu'au pixel, L'oeil du mal renvoie surtout au jeu vidéo dans sa manière d'organiser l'espace en faveur des corps qui le traversent. Ainsi lorsque les héros sont drivés par téléphone et qu'autour d'eux le contexte se modifie pour les aider à évoluer sans contrainte, on pense vite à ces didacticiels du jeu vidéo où le joueur est assisté par l'ordinateur afin de s'initier aux commandes. De même pour ces jeux dits contextuels où l'action est facilitée par la machine pour donner l'illusion de réaliser des prouesses incroyables. Derrière son monticule de références filmiques larguées en désordre, L'oeil du mal paie ainsi non sans déplaisir et efficacité son tribut à cette culture numérique.L'oeil du malDe D.J. CarusoAvec Shia Labeouf, Michelle Monaghan, Rosario DawsonSortie en salles le 24 décembre 2008[mediabox  id_media="11245" align="null" width="500" height="333"][/mediabox]Illus. © Paramount Pictures France - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils film policier, hollywood sur le blog cinéma- Lire les critiques de Two for the Money (2006) et Paranoiakk (2007)

  2. Le JDD
    par Jean-Pierre Lacomme

    Ce thriller ultraréférencé happe le spectateur dans un jeu de pistes haletant, entre manipulation et parano aigüe. Le scénario tarabiscoté épingle les nouvelles technologies qui nous rendent traçables, comme le téléphone portable. Efficace malgré son manque d'originalité et son rythme parfois trop soutenu.