Dramaturge français, Jean Vauthier naît le 20 septembre 1910 à Grâce-Berleur (actuellement Grâce-Hollogne), en Belgique. Déménageant au gré des obligations professionnelles de son père ingénieur civil, il passe une petite partie de son enfance au Portugal avant de s’installer avec sa famille à Bordeaux, en 1916. Après des études de Beaux-arts, Jean Vauthier travaille comme maquettiste chez Havas, puis comme dessinateur au journal Sud-Ouest, où il est aussi journaliste. Parallèlement, dès 1943, année du décès de son père, il commence à s’intéresser à l’écriture. Il produit quelques textes, dont Les Gangsters (1944). Ce n’est qu’en 1949 qu’il décide d’abandonner ses activités professionnelles afin de se consacrer entièrement à son métier d’auteur dramatique.Cette même année, il achève la pièce Capitaine Bada. Il la propose à Gérard Philipe et André Reybaz, qui sont conquis. Ils la mettent en scène en 1952 et remportent un énorme succès. En effet, Vauthier y propose une dramaturgie impressionnante par son intensité lyrique et par sa construction minutieuse. Avec cette pièce iconoclaste, il se positionne déjà comme l’un des acteurs du renouveau théâtral.Toujours en 1952, Gérard Philipe crée et interprète la deuxième pièce de Jean Vauthier, La Nouvelle Mandragore (d’après Machiavel), au Théâtre National Populaire, avec Jeanne Moreau. L’auteur poursuit avec succès son parcours en collaborant avec des metteurs en scène tels que Jean-Louis Barrault (Le Personnage combattant, 1953), Claude Régy (Les Prodiges, 1959) et Georges Vitaly (Le Rêveur, 1961). Il écrit, en 1955, L’épisode imaginaire pour la série Les grands mensonges diffusée à la radio par Jacques Panigel puis, en 1962, Les Badadesques. Pour la Télévision Française, il fournit le scénario du Chalet sous la neige mis en scène en 1959 par Roger Iglésis et joué par Michel Piccoli.A partir de 1965, il entame une longue et féconde collaboration avec Marcel Maréchal. Celui-ci monte plusieurs de ses textes, parmi lesquels Le Sang (1970), où l’on retrouve le légendaire personnage de Bada, ou encore Ton nom dans le feu des nuées, Elisabeth (1976), adapté d’une œuvre d’Arden de Faversham. Par ailleurs, il s’illustre comme un fin adaptateur. A ce titre, on lui doit notamment Médéa d’après Sénèque, mise en scène par Jorge Lavelli en 1967, Les Massacres à Paris d’après Marlowe, mise en scène par Patrice Chéreau en 1972 ou des adaptations françaises de Shakespeare (Roméo et Juliette, 1956 ; Othello, 1979 ; Roi Lear, 1987). La force de son théâtre réside dans la liberté de parole, qu’il confère à ses personnages.Il signe aussi le scénario et les dialogues du long-métrage de Nico Papatakis, Les Abysses (1963).De nombreuses récompenses couvrent sa carrière : Prix du Théâtre de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatique (SACD) en 1980, Chevalier des Arts et des Lettres en 1981, Grand Prix du Théâtre de l’Académie Française en 1984, Grand Prix de la SACD en 1990, Officier de la Légion d’Honneur en 1991 …Jean Vauthier décède le 5 mai 1992.
